(Ottawa) Les Philippines rejettent l’échéancier de la fin juin fixé par le Canada pour le rapatriement de ses ordures et se préparent à les renvoyer au Canada.

Le porte-parole du président, Salvador Panelo, a déclaré lors d’une conférence de presse à Manille jeudi que l’échéancier du Canada est insuffisant et que le gouvernement des Philippines expédierait les 69 conteneurs d’ordures canadiennes mal étiquetées au plus tard la semaine prochaine.

Plus tôt cette semaine, M. Panelo a déclaré que le président Rodrigo Duterte avait ordonné le déchargement des conteneurs dans les eaux canadiennes étant donné que le Canada a échoué à agir avant la date limite du 15 mai fixée par M. Duterte pour régler le différend vieux de six ans.

«Les ordures seront renvoyées le plus tôt possible, a indiqué M. Panelo en tagalog. Cette semaine ou la semaine suivante. Certainement pas à la fin du mois de juin. Nous ne sommes pas un dépotoir.»

La ministre de l’Environnement, Catherine McKenna, a indiqué mercredi qu’Ottawa a mandaté la division canadienne du géant français des transports, Bollore Logistics, pour le traitement des déchets et leur rapatriement au Canada avant la fin du mois de juin. Les responsables de l’environnement affirment que les conteneurs doivent être fumigés aux Philippines avant d’être chargés sur un navire.

L’attachée de presse de la ministre McKenna, Sabrina Kim, a déclaré que le Canada était «pleinement engagé» avec les Philippines pour «rapatrier rapidement les déchets vers Vancouver».

Le contrat avec Bollore Logistics s’élève à 1,14 million, mais les Philippines affirment qu’elles paieront pour expédier les ordures hors du pays.

Les conteneurs sont ceux qui restent des 103 expédiés aux Philippines par une entreprise canadienne en 2013 et 2014, faussement étiquetés comme du plastique à recycler. Les autorités philippines ont été alarmées par le fait que la quantité de matières était supérieure à ce que l’importateur philippin pouvait traiter et ont ordonné une inspection. Les conteneurs étaient principalement remplis d’ordures ménagères plutôt que de matières pouvant être recyclées.

Le Canada et les Philippines discutent depuis 2014 quant à savoir ce qu’il adviendra du contenu des conteneurs. Manille a récemment rappelé son ambassadeur et ses consuls généraux jusqu’à ce que le Canada prenne en charge les ordures.

Plusieurs groupes environnementaux au Canada et aux Philippines soutiennent que le Canada a violé la Convention de Bâle, un traité international visant à empêcher les pays plus riches d’utiliser les pays en développement comme des dépotoirs.

Avant 2016, les règles canadiennes en vertu de la Convention de Bâle stipulaient seulement que la convention s’appliquait aux envois considérés comme dangereux par le Canada. À l’époque, le Canada considérait que les déchets ne sont pas dangereux, contrairement aux Philippines.

Le Canada a modifié sa réglementation pour éviter ce genre de situation et maintenant, les exportateurs doivent obtenir un permis auprès d’Environnement et Changement climatique Canada pour expédier des déchets si le Canada ou le pays importateur estiment que le contenu est dangereux.

Les conteneurs remplis d’ordures ne sont pas si rares, les Philippines ayant géré cette semaine un autre envoi de ce type en provenance de l’Australie. Des informations provenant de Manille indiquent que sept conteneurs d’ordures ont été rejetés par les Philippines. Aux Philippines, ces déchets devaient être brûlés pour produire de l’énergie, mais le pays dit que cela contrevient à ses lois sur la qualité de l’air.

L’an dernier, la Corée du Sud a rapatrié des conteneurs d’ordures qui se sont retrouvés aux Philippines en quelques mois seulement, ce qui a fourni un comparable peu flatteur pour le Canada, qui a traînaillé pendant presque six ans.

Le président Duterte a également laissé entendre que son pays ferait comme la Chine et bannirait l’importation de plastiques destinés au recyclage. La Chine était autrefois le principal importateur de plastiques recyclables, mais en 2018, elle a banni la plupart des envois, car trop d’entre eux étaient contaminés par des matières non recyclables.