(Montréal) Les écologistes soutiennent depuis plusieurs années que les corridors écologiques, qui permettent aux espèces sauvages de se déplacer entre des zones naturelles, sont essentiels pour empêcher la fragmentation de l’habitat et assurer la survie d’animaux comme le lynx et l’ours.

La nécessité de respecter ces couloirs devient de plus en plus urgente, si on se fie à un rapport de l’ONU concluant qu’un million d’espèces sont menacées d’extinction. De plus, de nombreuses provinces canadiennes pourraient devenir des « refuges climatiques » pour les animaux cherchant à échapper aux hausses des températures, dit la coordonnatrice en chef à la science à Conservation de la nature Canada au Québec, Kateri Monticone.

La semaine dernière, Conservation de la nature Canada et cinq autres groupes ont rencontré une quarantaine de partenaires afin de discuter de la préservation de corridors essentiels à la survie d’animaux comme le lynx. Par exemple, ce dernier doit bénéficier de nombreuses aires d’habitat d’une superficie d’au moins 70 kilomètres carrés pour assurer sa survie, selon le communiqué publié par le groupe, la semaine dernière.

Mme Monticone souhaite l’établissement d’un plus grand nombre de passages entre le Canada et les États-Unis, car de nombreuses espèces devront se déplacer vers de nouvelles zones à cause des changements environnementaux.

« Il faut penser de plus en plus aux changements climatiques, fait-elle valoir. Le Québec, par exemple, devra jouer un rôle de refuge important contre les changements climatiques, car les animaux se déplacent vers le nord, à raison d’environ 45 km par décennie. Ils ont donc besoin de couloirs écologiques pour se déplacer vers le nord et assurer leur survie. »

Elle a ajouté que l’absence de passages d’une zone naturelle à l’autre peut conduire à l’isolement d’une espèce, qui serait alors incapable de maintenir sa biodiversité ou de se déplacer ailleurs si leur habitat changeait.

Selon elle, la sécurisation d’un corridor naturel peut impliquer des ententes avec des propriétaires fonciers et des négociations avec les planificateurs municipaux et régionaux pour s’assurer qu’ils intègrent des zones naturelles dans les schémas d’aménagement.

Cela signifie aussi que les animaux devraient pouvoir traverser en sécurité les autoroutes existantes.

Mme Monticone dit que des organisations comme l’Université Concordia et le ministère des Transports du Québec étudient l’efficacité de certaines mesures comme l’installation de passages sous les voies rapides. Celle-ci pourrait être aussi avantageuse pour les humains puisqu’elles permettraient de réduire les accidents impliquant des animaux.

Elle signale que des travaux ont été récemment réalisés pour renforcer les lieux de passage naturel entre l’est du Québec, les Maritimes et les États du Maine et du Vermont. Ces travaux progressent lentement et nécessitent des négociations avec les gouvernements à l’échelle municipale et régionale ainsi qu’avec de centaines de propriétaires de terrain.

« Chaque fois qu’on collabore avec un propriétaire, on parle de petits morceaux de casse-tête qui se rajoutent à la connectivité. On doit avoir plusieurs morceaux de casse-tête pour réellement créer les corridors écologiques qu’on vise pour relier les milieux naturels entre eux. C’est un travail à longue haleine. »