Sur une plage de Lesbos, en mer Egée, des étudiants grecs, enfoncés dans l’eau jusqu’au genou, déposent délicatement des cadres en PVC de la taille d’un mur à la surface avant que des plongeurs ne les amarrent au large.   

Attachés aux quatre cadres de cinq mètres sur cinq, des sacs et des centaines de bouteilles – tels des radeaux de plastique flottants.

L’idée de cette expérience est de déterminer s’il est possible de détecter ces déchets, comme des « cibles » à repérer du ciel, grâce au satellite Sentinel-2 et des drones européens.

« Toutes les cibles ont été emportées en mer, les satellites sont passés au-dessus et nous sommes prêts à faire le premier rapport », explique à l’AFP le responsable du projet, le professeur Konstantinos Topouzelis, du département des sciences marines de l’Université de l’Egée, située à Mytilene, sur Lesbos.  

Pour préparer l’expérience, l’équipe de l’université grecque a collecté quelque 2000 bouteilles plastiques pour les attacher aux cadres. Y ont aussi été accrochés des sacs de plastique, plus difficiles à détecter dans l’eau et véritable menace contre les dauphins, les tortues et les phoques de la mer Egée.  

Les résultats de l’étude – qui se fonde sur l’observation satellitaire et la cartographie par drone des déchets plastiques marins en mer Egée (« Satellite Testing and Drone Mapping for Marine Plastics on the Aegean Sea ») – seront présentés le mois prochain à Milan à l’occasion d’un symposium de l’Agence spatiale européenne (ESA).

« Les déchets marins sont un problème global qui touche tous les océans du globe. Des techniques modernes sont nécessaires pour les détecter et les quantifier », relève le professeur Topouzelis, qui souligne que les agences spatiales se penchent déjà sur la façon dont satellites et drones pourraient contribuer au nettoyage des mers.

Quelque quatre à 12 millions de tonnes de plastiques sont rejetées en mer chaque année, dégradant la faune et la flore marines, mais seule une petite partie est visible à la surface.  

En 2018, lors de la première phase de l’expérience, il avait été possible de localiser depuis l’espace des concentrations de déchets plastiques s’étendant sur quelque 100 m².

L’ambition, cette année, est de réduire d’un quart la taille détectable de ces « décharges flottantes », et sous diverses conditions météo.