Le niveau de pollution des océans est « épeurant », mais le nombre de personnes qui veulent s'y attaquer est « encourageant ». Jimmy Vigneux, le Québécois derrière la Mission 100 tonnes, ressort galvanisé d'un sommet de jeunes leaders en environnement qui s'est tenu en Indonésie, la semaine dernière. Entretien en quatre mots.

Motivation

« Je ressors de là super motivé à continuer ce qu'on a commencé au Québec, s'exclame Jimmy Vigneux. Ce n'est pas vrai qu'on a tout nettoyé ! » Le jeune père de trois enfants, connu pour sa Mission 100 tonnes visant à retirer autant de déchets des berges des cours d'eau, compte maintenant sensibiliser ses concitoyens au problème du plastique à usage unique. Seul Québécois présent au Sommet du leadership jeunesse de l'Alliance pour des océans durables, qui s'est tenu les 29 et 30 octobre à Bali, en Indonésie, le Montréalais de 35 ans a présenté son projet aux quelque 200 participants venus de 50 pays. « J'ai rencontré des gens de partout sur la planète, qui souhaitent vraiment collaborer avec nous », s'enthousiasme-t-il. « J'ai des rendez-vous de prévus », ajoute celui qui a prolongé son séjour pour tisser des liens avec des organisations locales et participer à des opérations de nettoyage de cours d'eau, dont une à Jakarta, aujourd'hui.

Coopération

Il faudrait « faire de la coopération environnementale comme on fait de la coopération internationale », estime Jimmy Vigneux, qui ambitionne d'organiser « des missions internationales » avec des Québécois, « des jeunes, mais aussi des plus vieux », pour participer au nettoyage des océans en « Indonésie ou ailleurs dans le monde ». Il s'empresse d'ajouter qu'il ne veut pas faire compétition aux organisations non gouvernementales (ONG), mais bien « travailler avec elles », en soulignant qu'elles manquent parfois de moyens. « L'Indonésie, c'est un des plus grands responsables de la pollution du plastique dans les océans, dit-il. On ne peut pas laisser l'Indonésie toute seule [face à ce problème]. » Jimmy Vigneux estime que « la situation est un peu décourageante », mais ajoute dans la foulée qu'il est « encourageant de voir qu'il y a autant de personnes qui s'en occupent ».

Mobilisation

La présence au sommet de Bali de l'ancien secrétaire d'État étatsunien John Kerry a fortement marqué Jimmy Vigneux. « Quand John Kerry vient faire un speech pour dire : "Allez botter le cul des gens au gouvernement", c'est super inspirant ! » Cette figure marquante de la présidence de Barack Obama a fait comprendre aux participants qu'ils doivent « pousser » sur les politiciens pour les faire « bouger », résume Jimmy Vigneux. « Ce gars-là croit fermement que les jeunes vont pouvoir changer les choses [et] qu'il est temps de bouger maintenant », ajoute-t-il, visiblement convaincu de l'effet mobilisateur de l'allocution de John Kerry. Un tel événement est aussi « un gros brainstorm » qui permet de « nous aider dans nos défis », mais aussi pour tisser des liens entre « gens qui travaillent pour la même cause », note Jimmy Vigneux.

Inspiration

Le sommet auquel il a pris part a également été une source d'inspiration pour Jimmy Vigneux. « On devrait faire la même chose au Québec », rêve-t-il. Réunir ceux qui agissent pour « sauver la planète », notamment les jeunes, « pour les motiver ». Parce que des gens qui s'impliquent, ce n'est pas ce qui manque, croit-il, mais ils sont « éparpillés » un peu partout au Québec, isolés. « Un sommet comme ça, c'est une super belle occasion de leur donner confiance et de les mettre ensemble, [...] de leur donner une force de frappe beaucoup plus puissante », explique Jimmy Vigneux, qui se demande toutefois s'il aurait le temps d'organiser un tel événement, étant donné qu'il occupe un emploi à temps plein et que ses activités environnementales sont bénévoles. « On n'a plus le temps de ne pas avoir le temps, dira-t-il quelques minutes plus tard. « Toutes les solutions existent, tout ce qu'il reste à faire, c'est de s'unir et de les mettre en application. »

Photo fournie par Jimmy Vigneux

Le Citarum, plus long fleuve de l'île de Java, en Indonésie, est considéré comme l'un des plus pollués du monde.

Photo fournie par Jimmy Vigneux

Des enfants jouent sur les rives du fleuve Citarum, l'un des plus pollués du monde, près de Bandung, sur l'île de Java, en Indonésie.