Une commission scientifique russe, mais ouverte à des experts européens, va enquêter sur l'origine de la pollution radioactive détectée fin septembre dans le sud de l'Oural, dont le géant nucléaire russe Rosatom a énergiquement nié être à l'origine, a-t-on appris vendredi.

« Des scientifiques spécialistes du nucléaire ont créé une commission pour découvrir l'origine du ruthénium-106 » détecté fin septembre par plusieurs réseaux européens de surveillance de la radioactivité, et confirmé cette semaine par les services météorologiques russes, a déclaré Rosatom dans un communiqué publié également par l'Institut de sécurité nucléaire de l'Académie des sciences russe (IBRAE RAS).

La commission « inclura des représentants d'organisations scientifiques russes et européennes », précise le communiqué, un fait suffisamment rare pour être souligné.

« Rosatom offrira toute l'assistance nécessaire à cette commission et informera le public des résultats », est-il encore indiqué.

L'agence météorologique russe Rosguidromet a annoncé lundi que des concentrations « extrêmement élevées » de ruthénium-106 avaient été détectées fin septembre dans le sud de l'Oural. Rosatom avait alors assuré qu'aucun incident n'avait touché ses installations nucléaires.

Parmi les stations ayant enregistré les plus fortes doses de ruthénium-106, un produit de fission issu de l'industrie nucléaire, figure celle d'Arguaïach, située à proximité du complexe nucléaire Maïak, touché en 1957 par l'un des pires accidents nucléaires de l'histoire.

Le complexe, qui sert aujourd'hui de site de retraitement de combustible nucléaire usé, s'était également empressé d'affirmer que « la pollution radioactive au ruthénium-106 détectée par l'agence Rosguidromet n'est pas liée » à ses activités.

Face à l'inquiétude suscitée par la détection de cette pollution radioactive, l'agence de régulation des produits agricoles Rosselkhoznadzor a publié un communiqué vendredi démentant une « possible contamination radioactive » de terres agricoles russes.

L'événement a suscité quelques tensions, un officiel russe ayant accusé la France de vouloir nuire à la filière nucléaire du pays après que l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), organisme indépendant basé à Paris, eut localisé l'origine de la pollution « entre la Volga et l'Oural ».