Le ministre de l'Environnement, David Heurtel, a reconnu mercredi avoir commis un « lapsus » lorsqu'il a affirmé à l'Assemblée nationale que la suspension du déversement d'eaux usées dans le fleuve menace l'approvisionnement en eau potable de Montréal.

« Si on ne va pas de l'avant avec cette solution-là dans les temps prescrits par les experts, c'est l'alimentation en eau potable de Montréal qui sera en péril », a affirmé le ministre lors d'un échange avec le député du Parti québécois, Mathieu Traversy.

Il a répété la même affirmation dans un échange avec le député de la Coalition avenir Québec, François Bonnardel.

Le maire de Montréal, Denis Coderre, a martelé ces derniers jours que la Ville n'a d'autre choix que de fermer un intercepteur qui dessert six arrondissements afin de l'entretenir. Faute de quoi, l'usine de traitement des eaux usées pourrait être menacée, a prévenu le maire.

Mais l'approvisionnement en eau potable n'est pas en cause. Ce qu'a reconnu M. Heurtel à sa sortie de la chambre mercredi.

« C'était un lapsus, c'est "eaux usées" que je voulais dire », a-t-il expliqué.

Plus tôt en matinée, le ministre Heurtel a rappelé que son gouvernement a exigé que le déversement se déroule entre le 15 octobre et le 15 novembre afin de minimiser ses effets sur l'environnement. Il a de nouveau appelé Ottawa à mener ses études rapidement.

« Il faut tenir compte du fait que le moins pire moment pour faire cela, c'est durant cette période, a-t-il déclaré. Alors ont peut juste espérer que le fédéral va agir avec célérité dans ce dossier. »

La Coalition avenir Québec a réclamé la destitution de M. Heurtel, mardi, parce qu'il a autorisé la Ville à verser 8 milliards de litres d'eaux usées dans le fleuve à la mi-octobre. Le parti est revenu à la charge mercredi en réclamant que le ministre rende publiques l'ensemble des études d'impacts menés par le gouvernement.

Pour le chef caquiste, François Legault, le cafouillage du ministre Heurtel en chambre ne fait que confirmer que Philippe Couillard doit le démettre de ses fonctions.

« Ça montre encore une fois que M. Heurtel a complètement échappé le dossier, a dénoncé M. Legault. Il est rendu à dire que si les travaux ne sont pas faits immédiatement, ça mettrait en péril l'eau potable de Montréal. C'est faux, archifaux. »

Le chef du Parti québécois, Pierre Karl Péladeau, s'est lui aussi étonné des commentaires du ministre libéral.

« Je dois vous avouer qu'en période de questions, c'était assez confus, a-t-il observé. Lorsqu'il répondait aux questions, il y avait des fiches, il répétait toujours les mêmes éléments. »

Le PQ somme le gouvernement Couillard de rendre publiques ses analyses depuis mardi. Selon lui, Québec doit prouver que la fermeture complète de l'intercepteur pendant sept jours est la seule option possible.