Les États-Unis ont officiellement pris les rênes du Conseil de l'Arctique, vendredi, énonçant clairement leur intention de mettre de l'avant l'enjeu des changements climatiques plutôt que le développement économique - l'approche prônée par leur prédécesseur, le Canada.

Le secrétaire d'État John Kerry a promis aux membres de l'organisation réunis à Iqaluit, au Nunavut, que son pays se concentrerait sur l'étude des effets des changements climatiques dans les régions arctiques, qui auront des conséquences partout dans le monde, a-t-il souligné.

Il s'est aussi engagé à améliorer la protection de l'environnement, notamment en établissant des zones marines protégées. Les États-Unis travailleront également sur l'acidification des océans, une autre conséquence des émissions de gaz à effet de serre.

Par ailleurs, les États-Unis chercheront à trouver une nouvelle source d'énergie pour remplacer le diesel, qui est coûteux pour les habitants de la région et qui s'avère très polluant.

«Nous savons que c'est ambitieux. Nous devons être ambitieux (...) Ce n'est pas un défi de l'avenir. Ça arrive maintenant», a-t-il martelé.

Les pays membres du Conseil de l'Arctique - formé du Canada, des États-Unis, de la Russie, de la Finlande, du Danemark, de la Suède, de la Norvège et de l'Islande - organisent des réunions périodiques pour discuter de leurs intérêts communs dans le Nord.

Au passage, M. Kerry a remercié la ministre canadienne de l'Environnement, Leona Aglukkaq, qui a cédé la présidence du Canada après une contribution de deux ans.

«Ça a été une partie importante de l'histoire du conseil et ça nous a tous fourni une plateforme solide dont nous poursuivrons la construction», a-t-il indiqué.

Il a promis d'achever la création du Conseil économique de l'Arctique - qui permet aux principales entreprises de la région de se rencontrer pour discuter de projets économiques - et de tenter de réduire l'utilisation du noir de carbone, une substance qui contribue à la fonte des glaces.

Plus tôt, la ministre Aglukkaq s'est dite fière d'avoir assumé la présidence de l'organisation - une première pour une autochtone.

Selon la ministre, le Conseil de l'Arctique doit continuer de tenir compte des inquiétudes et de l'expertise de ses habitants. Elle a précisé que «personne ne connaît mieux» que ses résidants cet environnement particulièrement glacial, caractérisé par des vents froids et une noirceur perpétuelle pendant une bonne partie de l'année.

Mme Aglukkaq s'est d'ailleurs félicitée d'avoir elle-même placé les préoccupations des habitants du Nord au centre de ses décisions, depuis qu'elle a été nommée présidente il y a deux ans.

Par exemple, de nouvelles études ont été commandées sur les enjeux de la région. Une recherche est actuellement en cours sur le noir de carbone et sur la santé mentale.

«Nous sommes fiers de nos réalisations à titre de président du Conseil de l'Arctique, et je n'ai aucun doute qu'elles auront des retombées positives sur l'Arctique ainsi que sur sa population», a déclaré la ministre dans un communiqué publié vendredi soir.

La réunion du Conseil se tient par ailleurs en période de froid diplomatique entre le Canada et la Russie. Certains pays membres s'inquiètent de voir le pays de Vladimir Poutine organiser des activités militaires dans le Nord. Le ministre canadien de la Défense, Jason Kenney, a déploré les agissements «agressifs» de M. Poutine.

Mme Aglukkaq avait d'ailleurs assuré qu'elle profiterait de cette occasion pour faire part de ses critiques à son vis-à-vis, le ministre de l'Environnement russe Sergei Donskoi.