La fusée nippone H2A a placé avec succès dans l'espace dans la nuit de jeudi à vendredi le satellite américano-japonais de mesure des précipitations terrestres GPM, un engin destiné à mieux prévoir et affronter les désastres météorologiques mondiaux.

Le lanceur est parti comme programmé vendredi matin à 3h37 locales (jeudi 15h37 heure du Québec) de la base de Tanegashima (sud du Japon) où le temps était favorable, selon les images diffusées en direct par l'Agence d'exploration spatiale japonaise (Jaxa).

Le vol nocturne s'est déroulé conformément aux plans, d'après la même source.

«Le satellite s'est séparé du lanceur au moment prévu pour rejoindre ultérieurement son orbite» de travail, a indiqué un commentateur de la Jaxa.

La séparation a eu lieu une quinzaine de minutes après le décollage, au terme d'un vol «tout à fait conforme aux plans».

«La fusée a rempli son rôle, sa mission est réussie», a ajouté le commentateur.

Le Global Precipitation Measurement Core Observatory (ou GPM) est un satellite au coeur d'un vaste projet international qui associe l'agence spatiale américaine (NASA) et son homologue japonaise (Jaxa), ainsi que des centres de recherche européens et indien.

Mieux prévoir les déluges 

«L'eau dont l'humanité a besoin vient en grande partie des précipitations. Mais ces dernières sont à l'origine de nombreux désastres naturels», rappelle la Jaxa dans un document de présentation de la mission.

Le GPM, qui évoluera à 407 kilomètres d'altitude, doit fournir à la communauté scientifique mondiale des données jugées essentielles pour mesurer les chutes de pluie et neige et aider à comprendre et prévenir les phénomènes météorologiques extrêmes comme les typhons.

«Nous avons besoin de déterminer avec précision la distribution des précipitations et d'améliorer les techniques de prévision en suivant leur évolution sur toute la Terre», insiste la Jaxa.

«Jusqu'à présent, on sait observer la surface, la forme et la vitesse de déplacement d'un typhon, mais guère davantage. Avec le GPM, il sera notamment possible de voir la composition intérieure des nuages, de les analyser dans leur profondeur et de pouvoir ainsi mieux anticiper les quantités de pluie», explique dans une vidéo un des responsables japonais du projet.

Le satellite lancé entre jeudi et vendredi embarque d'une part un radar de précipitations à deux fréquences (DPR) développé par le Japon, et d'autre part un dispositif d'imagerie à micro-ondes mis au point par les États-Unis.

«Avec le DPR, le GPM sera en mesure d'observer de fortes pluies dans la zone tropicale autant que des chutes de neige dans les zones de hautes latitudes», explique la Jaxa.

Le rôle majeur du second appareil, appelé GMI et conçu par la Nasa, est «d'améliorer la précision de la prédiction des précipitations», ajoute l'agence indiquant en outre qu'il devrait permettre de diminuer les écarts de mesures existant entre différents systèmes de mesures météorologiques.

Le dispositif prendra aussi en compte des données émanant d'une constellation d'autres satellites d'observation météo déjà en exploitation ou qui entreront en fonction ultérieurement.

Le lancement du GPM a été effectué sous le contrôle du groupe nippon Mitsubishi Heavy Industries (MHI) qui fabrique aussi le lanceur H2A initialement conçu par la Jaxa mais dont la gestion a été confiée il y a quelques années au secteur privé.

Il s'agissait de la 23e mission de la H2A dont la précédente remontait au 27 janvier 2013. Elle avait alors placé en orbite un satellite radar espion afin de compléter la surveillance autour du Japon et la défense du territoire nippon face notamment à la menace de la Corée du Nord.

La mission de ce vendredi était le 17e tir réussi d'affilée pour la H2A, une fusée destinée à des lancements institutionnels et commerciaux qui a débuté sa carrière en 2001. Ses opérations avaient été interrompues durant plus d'un an entre fin 2003 et début 2005 après l'échec de l'exemplaire numéro 6, mais depuis la H2A enchaîne les succès.