L'influent militant de la lutte anti-Keystone, le milliardaire américain Tom Steyer, a certes fait fortune en investissant dans les projets pétroliers - dont l'oléoduc qui pourrait concurrencer le pipeline albertain -, mais cela n'affecte en rien ses motivations.

C'est du moins ce qu'il a assuré lors d'une récente entrevue avec La Presse Canadienne pour se défendre contre les critiques fusant sur son passé d'investisseur à la tête de Farallon Capital Management, le fonds spéculatif qu'il a fondé. Une lucrative carrière qu'il a délaissée l'an dernier pour se consacrer entièrement à sa vie de militant politique.

«Nous avons investi dans pratiquement tous les secteurs de l'économie au cours des 30 dernières années. C'est tout à fait vrai. Mais ce qui est aussi vrai, c'est qu'au fil de temps il m'est apparu de plus en plus clair que nous n'étions pas le pays qui mettrait en place les politiques nécessaires pour nous aider, en tant que société, à résoudre le problème (de l'environnement),» a-t-il expliqué.

«Cela m'a pris un certain nombre d'années à le comprendre. Et plus j'étudiais ce dossier, plus je m'en convainquais.»

Déjà, avant de claquer la porte du monde financier, M. Steyer a adhéré au Giving Pledge mis sur pied par l'ancien président Bill Clinton et l'investisseur Warren Buffet pour y verser la majeure partie de sa fortune. Il a depuis promis de faire don de tous les profits, soit de 1,0 à 2 millions de dollars, de ses investissements dans le possible rival de Keystone, le projet d'oléoduc Kinder Morgan, en Colombie-Britannique.

M. Steyer s'est aussi défendu de se servir de son militantisme comme d'un tremplin pour se présenter à un poste d'élu en Californie. Mais pour quel poste, précisément? Gouverneur de la Californie? Sénateur?

«C'est ce que je vous dis. Je ne vois pas ça du tout. Si je me voyais là, je n'hésiterais pas à le faire. Mais je ne m'y vois vraiment pas à l'heure actuelle.»

Ce généreux donateur du Parti démocrate affirme que tout ce qu'il souhaite pour l'instant est de consacrer son énergie à poser des bâtons dans les roues du projet Keystone, projet qui favoriserait peut-être l'économie canadienne à court terme, mais qui aurait de lourdes conséquences climatiques sur le long terme, a-t-il assuré.

Déjà repoussée à maintes reprises, la décision finale de l'administration Obama sur le projet Keystone devrait être annoncée dans les prochains mois.

Si Washington devait opposer une fin de non-recevoir au projet, M. Steyer - qui précise n'avoir aucune idée de la nature de la décision qui sera prise -, assure que les Canadiens ne devraient pas lui en tenir rigueur.

«Je pense que les 32 millions de Canadiens sont dans le même bateau que les États-Unis et que tout le reste du monde sur cette planète. Nous devons trouver une façon de faire croître nos économies et améliorer nos styles de vie de façon durable. Et je ne pense pas que vous soyez bien différents de nous là-dessus.»