La déforestation de l'Amazonie brésilienne a atteint 5843 km2 sur un an, en hausse de 28% par rapport à l'année précédente qui avait enregistré la plus faible déforestation de l'histoire, a annoncé jeudi la ministre de l'Environnement.

«Nous confirmons une hausse du taux de déforestation de 28%, avec 5843 km2» déboisés sur un an, a déclaré la ministre, Izabella Teixeira, lors d'une conférence de presse. Ce résultat encore provisoire couvre la période allant d'août 2012 à juillet 2013.

Les États du Para (nord) et du Mato Grosso (centre-ouest), terres de grands producteurs de soja et grands éleveurs de bovins, sont les plus déboisés, avec des taux en hausse de 37% et 52% respectivement, a précisé la ministre.

Mme Teixeira a fixé une réunion d'urgence avec les secrétaires à l'Environnement des États amazoniens pour leur demander des explications et la prise de mesures pour améliorer la situation.

La réunion a été fixée au vendredi de la semaine prochaine, à son retour du sommet de l'ONU sur le changement climatique à Varsovie.

Mme Teixeira a vivement critiqué les contrôles effectués par certains États dans ce domaine.

«Le gouvernement brésilien ne tolère et n'accepte aucune hausse de la déforestation illégale», a assuré la ministre, rappelant que le pays s'est engagé à réduire drastiquement le déboisement.

«Le gouvernement avait montré une réduction très positive de la déforestation de l'Amazonie - de près de 80% en dix ans», a déclaré à l'AFP le spécialiste de l'institut Amazon, Adalberto Verissimo.

«Mais il y a eu l'approbation du code forestier au Parlement, la construction de centrales hydroélectriques et une moindre création de zones protégées: cela a augmenté la spéculation sur les terres (...) et le gouvernement a donné des signes d'une moindre sévérité dans son combat», a estimé l'expert.

Malgré cette hausse, il s'agit du deuxième taux le plus faible de déforestation au Brésil après les 4571 km2 enregistrés en 2012 (contre 6418 km2 en 2011).

En 2004, année record, 27 000 km2 de forêts avaient été dévastés.

Puissance agricole et d'élevage, le Brésil est tiraillé entre écologistes et grands agriculteurs. Le Parlement a fini par voter fin 2012 un nouveau code forestier qui fixe le pourcentage de forêt que le producteur doit protéger et qui atteint 80% en Amazonie. Mais le Parlement comprend un nombre important de parlementaires qui soutiennent l'agrobusiness au détriment de l'agriculture familiale et des écologistes.

Les Indiens du Brésil sont également sur le pied de guerre face à des projets en analyse au Parlement, comme la possibilité de créer des concessions d'exploitation minière sur leurs terres ou la possibilité qu'il revienne désormais au Parlement - et non plus au ministère de la Justice - de délimiter leurs territoires. Ils redoutent dans ce cas le puissant groupe parlementaire favorable aux grands exploitants agricoles.

Au Brésil vivent près de 900 000 Indiens de 305 ethnies sur 12% du territoire, la plupart en Amazonie, soit moins de 0,5% des quelque 200 millions de Brésiliens.