Le ministre de l'Environnement, Yves-François Blanchet, tente de calmer la grogne des centaines de citoyens lavallois touchés par l'imposition d'une nouvelle délimitation des zones inondables, sans pour autant suspendre le décret qui écorche la valeur de leur résidence. Tout au plus Québec évoque-t-il la possibilité de prendre en considération les données d'une étude menée par la Ville de Laval, qui pourraient corriger les calculs gouvernementaux.

La mairesse intérimaire de Laval, Martine Beaugrand, a accepté cette offre lors d'une réunion tenue vendredi dernier avec le cabinet du ministre de l'Environnement et des fonctionnaires du Centre d'expertise hydrique du Québec (CEHQ). «C'est une belle ouverture de la part du gouvernement», a affirmé à La Presse Mme Beaugrand.

Cette dernière refuse de critiquer le gouvernement pour avoir adopté sans prévenir, en juillet dernier, de nouvelles cotes de crues dont l'impact est très important pour les propriétaires de 700 résidences (perte de valeur, interdiction d'agrandissement, assurabilité réduite, par exemple). Tout au plus parle-t-elle d'une «zone de flottement» politique. «Il y avait un malaise face à Laval, mais j'aurais perdu mon temps à chercher la vraie raison qu'a eue le gouvernement d'agir ainsi. L'important, c'est de s'assurer que l'étude sera prise en considération», a expliqué la mairesse.

Concrètement, le gouvernement et la Ville de Laval ont convenu que les cotes de crues établies en 2005 devaient s'appliquer immédiatement, que l'émission des permis pour tout lotissement dans les secteurs visés (Fabreville, Auteuil, Laval-Ouest, Laval-des-Rapides et le Vieux-Sainte-Rose) était suspendue et que l'étude révisant les calculs du CEHQ pouvait être complétée. Rien toutefois ne garantit que le gouvernement prendra en compte les résultats de l'étude. «On est en discussion là-dessus», a précisé Mme Beaugrand. «On est ouvert à recevoir des données plus à jour que celles de 2005», a-t-on indiqué au CEHQ.

Il n'est toutefois pas question de prendre en considération le barrage du Grand-Moulin qui contrôle les crues printanières sur la rivière des Mille Îles depuis 1986. Selon le CEHQ, Laval a accepté de l'imiter en faisant comme si les piliers de l'immense structure n'avaient aucun effet sur la quantité d'eau qui coule dans la rivière. Après les révélations de La Presse à ce sujet, le CEHQ a procédé à des «vérifications préliminaires» qui tendent à démontrer que «l'effet est mineur», a-t-on mentionné sans donner de précisions.

Quant à informer les citoyens de la situation dans laquelle ils se retrouvent, le gouvernement prend ses distances et la mairesse a précisé que «ce sera à la prochaine administration de Laval à le faire».