Le plan de lutte contre les changements climatiques annoncé hier a été qualifié d'ambitieux et de musclé.

Et personne ne s'attendait à ce que Barack Obama profite de son discours à l'Université Georgetown pour annoncer sa décision dans le dossier épineux du pipeline Keystone XL.

Le président a néanmoins réussi à relancer le débat au sujet de ce gigantesque projet qui permettrait d'acheminer du pétrole lourd issu des sables bitumineux jusqu'aux raffineries de la côte texane. «Notre intérêt national sera servi seulement si ce projet n'exacerbe pas de façon significative la pollution carbonique, a-t-il affirmé. L'effet net de l'impact du pipeline sur notre climat sera absolument critique pour déterminer si le projet va de l'avant.»

Le président a posé ces balises en sachant qu'elles sont loin d'être claires.

L'étude d'impact du département d'État, publiée en mars, concluait que le pipeline Keystone XL à lui seul n'aurait pas un impact notable sur les émissions de gaz à effet de serre.

Cette conclusion rejoint le discours du ministre canadien des Ressources naturelles, Joe Oliver. Et aussi l'opinion de certains spécialistes, comme le climatologue canadien Andrew Weaver, aujourd'hui député provincial du Parti vert en Colombie-Britannique, qui souligne l'importance du charbon dans l'équation climatique.

Mais cette conclusion de l'étude du département d'État a aussitôt été critiquée par l'Agence de protection de l'environnement des États-Unis (EPA) et par plusieurs groupes environnementaux.

À juste titre, le plan du président Obama vise d'abord les plus importantes sources de pollution carbonique aux États-Unis, soit les vieilles centrales électriques au charbon. On ignore encore comment: c'est l'EPA qui devra fixer les règles, en vertu des pouvoirs que la Cour suprême a confirmés en 2006.

En visant les centrales existantes, l'administration américaine va plus loin que le gouvernement Harper, qui réglemente seulement les nouvelles centrales.

On verra si les futures règles américaines seront importées au Canada. Mais on sait déjà qu'elles auront un effet bénéfique de ce côté-ci de la frontière, en réduisant les sources de smog.

Obama exploite tous ses leviers pour mettre son plan en oeuvre, en l'absence d'une volonté politique au Congrès. Il prend aussi un risque en attaquant de front l'industrie du charbon.

Cependant, même si le plan Obama fonctionne, pour plusieurs des jeunes militants qui étaient venus l'écouter hier à Georgetown, la décision à venir sur le projet Keystone XL demeure un symbole encore plus fort.

Et Obama ne les a pas oubliés dans son discours. «Investissez, désinvestissez», a-t-il dit, en faisant écho à une vaste campagne contre les industries fossiles qui a cours actuellement dans les campus. «Faites-vous entendre!», a-t-il ajouté. En un mot, il leur a dit de continuer de se battre contre le projet Keystone. Il reste quelques mois avant la décision.