Les Montréalais peuvent mieux respirer : la qualité de l'air s'est grandement améliorée en 2012 dans la métropole. Aucun jour de smog n'a été recensé l'été dernier, pour la première fois en cinq ans.

Le Réseau de surveillance de la qualité de l'air (RSQA) de la Ville de Montréal a recensé l'an dernier 49 jours de mauvaise qualité de l'air, selon son bilan annuel rendu public hier. C'est nettement moins que les 67 jours recensés en moyenne pour les quatre années précédentes.

Signe de l'amélioration de la qualité de l'air, les épisodes de smog se font de moins en moins fréquents. Seulement 15 journées ont fait l'objet d'un tel avertissement en 2012 à Montréal, la moitié moins qu'en 2008 et 2009.

Fait rare, le smog, qui est particulièrement nocif pour les systèmes respiratoire et cardiovasculaire, a été complètement absent l'été dernier, ce qui ne s'était pas vu depuis que Montréal a amélioré ses équipements de détection en 2008. «Ce n'est pas quelque chose qu'on voit souvent», confirme Diane Boulet, chimiste à la Ville de Montréal chargée de surveiller la qualité de l'air de la métropole.

Ce résultat est d'autant plus surprenant que Montréal a connu quelques épisodes de canicules l'été, périodes habituellement propices au smog. «La présence de vents soufflant légèrement, mais constamment durant ces périodes fut probablement l'élément qui a fait la différence», explique-t-on au RSQA.

Le Réseau de surveillance explique l'amélioration de la qualité de l'air de Montréal notamment par la diminution de la pollution en provenance des Etats-Unis où de nouvelles normes environnementales sont entrées en vigueur. Des études faites il y a quelques années indiquaient que 40% de la pollution de Montréal provenait du sud de la frontière.

Montréal estime que l'interdiction d'installer des appareils de chauffage au bois a également pu contribuer à diminuer la pollution ambiante en hiver.

L'Est respire mieux

L'amélioration de la qualité de l'air est particulièrement marquée dans l'Est de l'île où plusieurs industries lourdes sont implantées. Les concentrations de plusieurs polluants sont en nette diminution, leur taux se rapprochant désormais des concentrations observées ailleurs dans l'île.

Malgré une diminution de 67% de sa concentration dans l'air de l'Est, le taux de dioxyde de soufre y reste néanmoins encore deux fois plus élevée que dans le reste de l'île.

Plusieurs recherches ont démontré les effets nocifs de ce polluant sur la santé humaine. Une étude faite en 2006 par l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal auprès de 24 500 enfants de 6 mois à 12 ans de l'Est de la métropole avait démontré une prévalence plus élevée des troubles respiratoires. L'exposition au dioxyde de soufre faisait partie des principales causes identifiées pour le nombre élevé de cas d'asthme. Une autre étude menée en 2009 avait quant à elle noté une légère augmentation des hospitalisations et des visites à l'urgence dans les jours suivants une augmentation des concentrations de ce polluant.

L'Est pourrait avoir bénéficié de la fermeture de la raffinerie Shell. Convertie en terminal pétrolier, elle n'émet pratiquement plus d'émissions polluantes, souligne le bilan du RSQA.

«C'est une bonne nouvelle, mais il faut rester prudent», dit André Bélisle de l'Association québécoise pour la lutte contre la pollution atmosphérique. Celui-ci attribue en partie l'amélioration de la qualité de l'air à un été venteux. Il ajoute que d'importantes pressions continuent à s'exercer sur l'air montréalais, notamment l'augmentation rapide du nombre de voitures.

___________________________________________________

Le smog en bref

Une journée de mauvaise qualité de l'air est décrétée dès que l'une des 13 stations d'échantillonnage de Montréal détecte des taux élevés de particules fines. Un épisode de smog survient quant à lui lorsque c'est toute l'île est même une partie de sa banlieue qui sont affectées, pendant plus de trois heures. Le smog sévit désormais principalement l'hiver lors de brusques réchauffements suivant des froids intenses, l'air chaud venant emprisonner les particules polluantes.

Jours de smog

2008 : 31

2009 : 32

2010 : 24

2011 : 19

2012 : 15

Source: Bilan 2012 du Réseau de surveillance de la qualité de l'air de Montréal