Par un paradoxe surprenant, Communauto s'apprête à offrir un service perçu depuis quelques années comme une menace aux pionniers de l'autopartage. Que des géants comme Daimler AG offrent l'auto en libre-service dans une demi-douzaine de villes, notamment à Ulm en Allemagne, à Austin au Texas et à Vancouver en Colombie-Britannique, donne un aperçu de l'intérêt de l'industrie automobile pour cette forme de location à très court terme.

Une statistique éloquente donne un début d'explication à cette incursion des grands de l'industrie: selon des études européennes, le tiers des jeunes de 18 à 29 ans ne prévoient pas acheter une voiture. Ils aimeraient cependant pouvoir en utiliser une de temps à autre. C'est justement ce que des services comme car2go et le futur libre-service intégral à Montréal peuvent leur offrir.

Le cas d'Ulm, un des premiers services de ce genre lancé en octobre 2008, est un franc succès. Dans cette ville de 121 000 habitants, 19 000 sont des utilisateurs de voiture libre-service. Ils disposent d'un parc de 200 Smart Fortwo CDI réparties sur une zone de 98 kilomètres carrés, sur les 118 que compte la ville. Les voitures peuvent être retournées à n'importe quelle place de stationnement vacante sur la voie publique, ainsi que dans 140 zones spécialement identifiées.

On ouvre les portes de la voiture en faisant défilé une carte de membre devant un lecteur sur le pare-brise. Une fois dans la voiture, on tape un numéro d'identification personnel acheminé au siège social, qui facture à la carte de crédit de l'usager.

Dans la grande région parisienne, un tout nouveau service appelé Autolib' verra le jour l'automne prochain. Le concept est d'une ambition sans égale: on offrira 3000 véhicules électriques dans plus d'un millier de stations. On a commencé ce mois-ci à installer les bornes électriques. C'est le groupe de l'industriel Vincent Bolloré qui est chargé de la mise sur pied du service qualifié de «révolutionnaire» par le maire de Paris, Bertrand Delanoë. La voiture, dérivée de la Bluecar du groupe Bolloré, dont la batterie est fabriquée à Boucherville, a une autonomie de 250 km et offre un GPS ainsi qu'une borne interactive pour la recharge. La formule d'abonnement est complexe et ressemble à celle du BIXI: après un abonnement, par exemple de 12 euros par mois, on paie 5 euros pour les 30 premières minutes d'utilisation.

Le projet, évalué à plus d'un demi-milliard de dollars, prévoit la rentabilité «dans trois ou quatre ans», avec un bassin de 200 000 abonnés.