Une étude suédoise indique que les effets néfastes des poêles à bois ont été surestimés, car les particules qu'ils émettent sont moins susceptibles que d'autres de coller aux parois des poumons.

«Il ne faut pas seulement s'intéresser à ce qui forme la pollution atmosphérique, mais aussi à ce qui entre dans notre corps, explique l'auteur de l'étude, Jakob Löndahl, physicien spécialiste de la pollution atmosphérique à l'Université de Lund. Les particules de bois forment chez nous la majorité des particules polluantes émises dans l'air et, dans certaines petites villes, il y a des restrictions sur le nombre de jours où l'on peut utiliser des foyers. Mais cela ne signifie pas que la majeure partie des impacts de la pollution aérienne sur la santé sont attribuables au bois.»

Les particules issues de la combustion du bois sont de 3 à 16 fois plus susceptibles d'être absorbées par les poumons que celles qui proviennent des voitures, conclut M. Löndahl dans une étude publiée dans la revue Environmental Science and Technology. Est-ce que cela signifie qu'elles sont moins nocives? «On ne peut pas le conclure avec mes données, parce que cela dépend aussi de la composition chimique de ces deux types de particules. Les données préliminaires dont je dispose montrent qu'avec une combustion efficace du bois, il n'y a pas beaucoup de différence de toxicité, mais d'autres études montrent le contraire. Alors je ne peux pas m'avancer.»

Smog hivernal

La Ville de Montréal veut imposer un moratoire sur les poêles et foyers à bois pour réduire le smog hivernal. Cette année, le nombre d'épisodes de smog hivernal a bondi de 16 à 48 jours, selon Environnement Canada. Cela serait dû à la popularité des foyers, à des conditions météorologiques particulières et à un changement dans les méthodes de mesure du smog. Le bois est responsable de 47% des émissions de particules fines au Québec, contre 36% pour l'industrie et 17% pour le transport, selon le ministère de l'Environnement.

Les particules issues des voitures collent davantage aux parois des poumons parce qu'elles y restent plus longtemps et parce qu'elles absorbent moins d'eau que les particules issues du bois, selon M. Löndahl, qui a mené son étude en faisant respirer de l'air vicié à des cobayes par un respirateur. Il va maintenant publier des données plus précises sur la toxicité des deux types de particules.

Mais un autre expert suédois, Lars Barregard de l'Université de Göteborg, estime que la méthodologie de M. Löndahl est fautive. Le Dr Barregard, qui est médecin, a publié des études sur la toxicité des particules issues de la combustion du bois, et conclut qu'elle est plus grande que celle des particules issues des voitures diesel. «Tant la fumée du bois que celle du diesel sont considérées cancérigènes», dit M. Barregard en entrevue téléphonique.

M. Löndahl, qui cosigne ses études avec des médecins, avait lui-même suggéré à La Presse de s'adresser au Dr Barregard. Ce dernier a réalisé ses expériences dans une chambre étanche où se trouvaient les cobayes.

Audrey Smargiassi, chercheuse à l'Institut national de santé publique du Québec, estime que «l'étude est pertinente». «Mais je ferais attention, précise-t-elle. Différentes études suggèrent que même les particules grossières qui ne se déposent pas profondément dans les poumons, mais plutôt dans les voies respiratoires supérieures, ont des effets sur la santé respiratoire.»

À la Ville de Montréal, la relationniste Valérie de Gagné a indiqué que l'étude de M. Löndahl «est intéressante et nécessite d'être approfondie». L'Association pulmonaire du Québec a orienté La Presse vers la Direction de la santé publique, qui a suggéré de prendre contact avec Mme Smargiassi. Les ministères québécois et canadien de l'Environnement n'ont pas fait de commentaires.