Dans sa deuxième vie au-delà de 2012, le protocole de Kyoto devrait être étendu à un nouveau bouquet de gaz dont l'action chauffante dans l'atmosphère risque d'accentuer le changement climatique.

Le traité impose déjà aux 37 pays industrialisés qui l'ont ratifié et à l'Union européenne de réduire leurs émissions de six substances responsables du réchauffement: CO2 (dioxyde de carbone), méthane, protoxyde d'azote et trois gaz fluorés (HFC, PFC, SF6).

Cette première phase d'engagement expirant fin 2012, la communauté internationale s'est engagée à conclure un nouvel accord mondial contre le réchauffement en décembre à Copenhague, qu'elle a commencé à négocier cette semaine à Bonn.

Les nouveaux gaz concernés ont été généralement développés depuis l'adoption du Protocole en 1997, certains ont même remplacé les bannis : nouveaux HFC (hexafluorures de carbone) ou PFC (perfluorures de carbone), polyéthers perfluorés, chlorure de méthyle...

Au total, treize catégories de gaz se retrouvent dans le viseur sur recommandation du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC), la plus vaste expertise scientifique sur le sujet, couronnée par le Prix Nobel de la Paix en 2007.

«Il ne s'agit pas de grandes quantités, ils représentent moins de 1% des gaz à effet de serre, mais sont en forte croissance. Ce qui justifie de prendre un certain nombre de mesures de prévention pour garder le contrôle», indique le délégué de la Suisse, José Romero.

Ainsi, le trifluorure d'azote (NF3) est surtout utilisé dans les écrans plats et pour la production de panneaux photovoltaïques : selon une étude de l'Université de Californie parue en 2008, la production mondiale de NF3 pourrait atteindre 8.000 tonnes en 2010. L'équivalent de 130 millions de tonnes de CO2.

Par comparaison, une centrale électrique au charbon produisant 3.600 megawatts d'électricité émet environ 25 Mt de CO2 par an.

«Dans cette affaire (la lutte contre l'effet de serre), il n'y a pas de petits produits», insiste Brice Lalonde, ambassadeur de France pour le climat. «L'industrie chimique doit se tourner vers des substituts ou récupérer les gaz en cause : c'est plus facile pour eux que pour le CO2, qui est lié à de grosses infrastructures».

Pour Steve Sawyer, ex-expert de Greenpeace, devenu patron du Global Wind Energy Council, l'important est d'adresser un «message politique à l'industrie chimique : cessez de les produire».

Et de citer une célèbre marque de baskets qui en injecte dans la semelle d'un de ses modèles les plus populaires...

«Il s'agit de composants très stables, à durée de vie très longue et au pouvoir réchauffant des milliers, voire des dizaines de milliers de fois supérieur à celui du CO2. Sans régulations, employés à grande échelle, ils pourraient rapidement devenir un énorme problème».

Les Etats-unis sont producteurs de la plupart de ces gaz, la Chine en est souvent le principal consommateur; pour autant personne ne redoute de débats agités sur ce sujet.

«Nous n'avons pas encore arrêté de position sur le sujet. Mais mieux vaut intégrer (ces gaz au protocole) avant que leur poids économique ne soit trop important», relève un expert du Département d'Etat joint à Washington.

«Par le passé l'industrie s'est montrée très coopérative et nous allons travailler avec elle. Nous devrions trouver une solution équitable et efficace».