L'expansion du dépotoir de Lachenaie, à Repentigny, n'est pas «souhaitable», mais elle est inévitable. À court terme du moins. C'est la conclusion du BAPE qui a remis hier son rapport très attendu sur le sujet.

Le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement a recommandé que BFI, la compagnie qui exploite le dépotoir de Lachenaie, soit autorisée à y poursuivre ses activités jusqu'en 2012 au même rythme qu'à l'heure actuelle, soit en y ajoutant 1,3 mégatonne de déchets par année.

La plupart des gestionnaires des villes environnantes s'attendaient à ce que le BAPE accepte telles quelles les demandes de BFI, qui voulait pouvoir agrandir le site pendant les 17 prochaines années. Le BAPE a plutôt réduit cette période à quatre ans.

De plus, l'organisme gouvernemental recommande qu'une ligne téléphonique soit ouverte 24 heures sur 24 pour recevoir les plaintes de citoyens et propose la création d'un parc aux abords du site.

«C'est une solution de transition. On devrait encore avoir besoin du site de Lachenaie après 2012, mais pas avec les quantités de déchets actuelles», a expliqué le porte-parole du BAPE, Jean-Sébastien Fillion.

La moitié des déchets de Montréal sont actuellement enfouis dans ce dépotoir.

Afin de réduire ce volume, le BAPE mise sur le succès des politiques de recyclage et sur le principe d'autonomie régionale selon lequel chaque région est responsable de ses déchets – «une question d'équité», selon M. Fillion.

Reste que la marche risque d'être haute si l'on se fie aux difficultés de Montréal à accroître son taux de recyclage (voir encadré) et si l'on considère les sommes requises pour construire des infrastructures capables de récupérer les déchets.

«Un échéancier comme 2012, c'est très court, concède Richard Deschamps, conseiller associé au développement durable à la Ville de Montréal. Si quelque chose retarde le moindrement, ça va être difficile à respecter.»

La Ville de Montréal attend maintenant de voir si le gouvernement du Québec va accepter telle quelle cette recommandation, sans cacher qu'une telle orientation devra s'accompagner d'investissements importants.

«Est-ce que Québec va vouloir investir un milliard dans la gestion des déchets, comme le demande la Communauté métropolitaine de Montréal, avec tous les problèmes qu'on a dans les domaines de la santé et des routes?» demande, sceptique, le directeur du développement commercial de BFI Canada, Hector Chamberland.

Satisfaction mutuelle

De manière étonnante, autant BFI que le Conseil régional de l'environnement de Montréal (CRE) ont trouvé de quoi se satisfaire dans le rapport remis hier.

«On s'attendait à ça. En 2003 on demandait 25 ans, on en a eu cinq ; cette année on demandait 17 ans, on a eu quatre, raconte M. Chamberland. On va seulement devoir repasser devant le BAPE, ce qui occasionnera des coûts supplémentaires qu'il nous faudra refiler aux clients.»

Le site a une longue histoire de contestation qui ne l'a jamais empêché de se développer, fait-il valoir.

Le porte-parole du CRE, André Porlier, voit les choses autrement : «Le BAPE envoie un message très très clair aux villes : elles ne peuvent pas continuer à rejeter des déchets à ce train-là», a-t-il réagi.

Du côté des résidants s'étant opposés à l'agrandissement du site aux audiences du BAPE, on se montrait peu enthousiaste : «Ce sont des mesures pour endormir le monde si vous voulez mon avis», a lancé Claude Dugas, résidant de Repentigny.

Les villes bordant le site d'enfouissement, soit Terrebonne, Charlemagne, Mascouche et Repentigny, devraient réagir au rapport aujourd'hui dans un communiqué conjoint.

La balle est maintenant dans le camp de la ministre de l'Environnement, Line Beauchamp, qui n'a pas commenté le rapport.