Salaires impayés. Loyers impayés. Impôts impayés. Un important acteur de la restauration aux adresses bien connues, comme Les 400 coups et Tapas 24, accumule les dettes et les poursuites. Même s’il a laissé dans son sillage des dizaines d’employés et de fournisseurs mécontents, l’entrepreneur est toujours lié à des restaurants d’envergure à Montréal.

Faillites et poursuites au menu

Septembre 2016. Deux agents de Revenu Québec débarquent au restaurant Taberna, dans le Vieux-Montréal. Ils sont convaincus que le véritable propriétaire des lieux, Jorge Da Silva Sr, doit 476 000 $ en impôts impayés tandis que ses entreprises doivent 1,7 million à l’État. Sur place, on leur indique que le propriétaire des lieux s’appelle Pedro Da Silva et qu’il a 19 ans.

En cour, Revenu Québec fait valoir que Pedro, le neveu de Jorge Da Silva Sr, « n’est qu’un prête-nom et que le véritable administrateur de la société est Jorge, un délinquant fiscal ». Le juge tranche : il confirme la décision de Revenu Québec de retirer les numéros de taxes du restaurant de la rue Saint-Paul, suspendant son droit de vendre des repas.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

En 2016, Revenu Québec a retiré les numéros de taxes du restaurant Taberna, dans le Vieux-Montréal, suspendant de facto son droit de vendre des repas.

Jorge Da Silva Sr et son bras droit, son fils Jorge Da Silva Jr, sont alors des acteurs majeurs de l’industrie de la restauration. Le père est propriétaire de l’entreprise MTL Cuisine qui regroupe 12 restaurants prestigieux comme Les 400 coups, Bar et Bœuf, Osteria Venti, Racines, Nolana et Commerce. Des chefs connus comme Simon Mathys, Marc-André Jetté, Michele Forgione, Martin Juneau et Helena Loureiro ont travaillé dans ses établissements; le groupe a même réussi le grand coup de s’associer avec le chef catalan de réputation internationale Carles Abellan en ouvrant Tapas 24, à Montréal.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Le chef catalan de réputation internationale Carles Abellan affirme que MTL Cuisine lui doit 100 000 euros pour l’utilisation du nom Tapas 24 et pour les nombreux voyages 
qu’il a effectués au Québec.

M. Abellan reste très amer après l’ouverture d’un Tapas 24, un projet lancé à la demande de MTL Cuisine. « La première année a très bien fonctionné, raconte le chef à La Presse. Puis ils ont commencé à cumuler des retards de paiement et pendant la dernière année, ils ont émis plusieurs chèques sans fonds. » Carles Abellan affirme que MTL Cuisine lui doit 100 000 euros (145 000 $CAN) pour l’utilisation du nom Tapas 24 et pour les nombreux voyages qu’il a effectués au Québec tel que stipulé dans son contrat. MTL Cuisine a d’ailleurs continué à utiliser le nom Tapas 24 sans autorisation, dit M. Abellan, de l’été 2017 jusqu’à la fermeture du restaurant le printemps dernier.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Jorge Da Silva Jr au restaurant Taberna, en 2016, année durant laquelle il a quitté l’entreprise familiale MTL Cuisine

« À un certain moment, le restaurant a commencé à faire moins d’argent; mon père ne pouvait plus payer Carles parce que l’euro devenait trop fort », explique Jorge Da Silva Jr. qui a depuis rompu les liens avec son père, car il désapprouve ses manières de faire.

Jorge Da Silva Jr est maintenant directeur des opérations pour un autre groupe de restaurants à Montréal. Son père travaille dans des restaurants de marque comme Iberica et Fish Bone. La Presse a tenté en vain d’obtenir ses commentaires par l’entremise de son avocat, Me Michel Larouche. Notre demande d’entrevue a été refusée. Ce dernier nous a d’abord dit que le restaurateur nous fournirait « possiblement » une déclaration écrite, avant de finalement nous dire qu’il n’y en aurait pas.

Faillites en bloc

Après la visite des inspecteurs de Revenu Québec au Taberna, les restaurants Osteria Venti et Racines (alors fermés, mais endettés) ainsi que Tapas 24, Tapas 24 SnackBar et Les 400 coups déclarent faillite coup sur coup, entre novembre 2016 et mars 2017. Jorge Da Silva Sr « attribue les causes [des] faillites à une baisse de revenu et à une cotisation [réclamée] par Revenu Québec pour non-paiement de la TPS/TVQ », lit-on dans les rapports du syndic.

Le restaurateur déclare également une faillite personnelle de 2,4 millions de dollars, en mars 2017. Il détenait 19 cartes de crédit, cumulant 200 000 $ de dettes, et trois prêts totalisant 1,3 million de dollars. Chose rare, ses créanciers se sont opposés à sa libération de faillite. Son syndic soutient d’ailleurs que le failli a omis « de déclarer trois ou quatre corporations administrées par lui » et qu’il a transféré « un immeuble auprès de la Fiducie Patrimoniale Da Silva, dans les mois précédant sa faillite », pour éviter qu’il ne soit saisi, selon un jugement consulté par La Presse. Le juge se range du côté des créanciers et ordonne que M. Da Silva Sr verse 200 000 $ afin d’être libéré de sa faillite, ce que ce dernier n’a toujours pas fait.

Dans cette situation, l’homme d’affaires ne peut ni siéger au conseil d’administration d’une entreprise ni être propriétaire de nouveaux commerces.

Des poursuites par dizaines

Les gouvernements n’ont pas été les seuls à réclamer de l’argent à Jorge Da Silva Sr et à son fils Jorge Da Silva Jr, selon 20 témoignages recueillis par La Presse.

Deux ans avant les faillites de Jorge Da Silva Sr, en 2014, l’animateur de radio Benoit Gagnon devient le visage du restaurant Commerce, le plus récent établissement du groupe MTL Cuisine, à l’époque.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Devenu le visage du restaurant Commerce, établissement qui appartenait à MTL Cuisine, l’animateur de radio Benoit Gagnon a poursuivi le groupe de Jorge Da Silva Sr pour 10 000 $ aux petites créances avant d’abandonner les procédures.

Les deux Jorge, leur but, c’était d’abord et avant tout de mettre du cash dans leurs poches.

Benoit Gagnon, animateur de radio et ancien visage du restaurant Commerce

Tous les jeudis soir, M. Gagnon est présent au restaurant, il discute avec les clients, leur offre des verres de vin ou des cocktails. Le chef réputé Martin Juneau élabore quant à lui le menu. Au bout d’un mois, l’animateur de radio demande son premier chèque de paye. « C’est là que la relation a commencé à mal aller », dit-il à La Presse. La tension monte entre la personnalité publique et ses employeurs. Ils se chicanent au sujet de l’allocation de dépense que Benoit Gagnon dépasse parfois pour offrir des verres aux clients.

En entrevue avec La Presse, Jorge Da Silva Jr confirme que c’est lui qui a remercié Benoit Gagnon : « Benoit Gagnon et Martin Juneau n’ont pas vraiment été payés et ils ont débarqué assez vite de l’aventure », dit-il. L’homme de 35 ans sait que lui aussi n’a pas toujours agi correctement avec les employés de MTL Cuisine, mais affirme qu’il n’a jamais signé un chèque ni eu accès aux états financiers des établissements. Il a quitté l’entreprise familiale en 2016.

Martin Juneau a confirmé à La Presse qu’il avait renoncé à demander un paiement pour son passage au bar Commerce. Benoit Gagnon a poursuivi le groupe pour 10 000 $ aux petites créances, mais il a abandonné les procédures qui s’étiraient trop, selon lui.

28 poursuites de la CNESST

L’achalandage au restaurant Commerce n’est pas à la hauteur des attentes et MTL Cuisine ferme l’établissement sans préavis, moins d’un an après son ouverture. Des employés courent après leurs chèques de paye, leurs relevés d’emploi, leurs T4, leurs indemnités de vacances (leurs « 4 % »). La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) prend en charge les dossiers de neuf cuisiniers et serveurs et poursuit Jorge Da Silva Junior et Senior pour 17 650 $. La Commission remporte ses causes devant la Cour du Québec.

La CNESST a d’ailleurs poursuivi Jorge Da Silva Sr ou ses restaurants à 28 reprises depuis 2010, pour 52 employés, pour un montant de 92 700 $. Elle a eu gain de cause dans toutes les poursuites. Les informations concernant les dossiers qui se sont réglés à l’amiable sont quant à elles confidentielles pour « protéger les personnes qui portent plainte contre d’éventuelles représailles », explique Nicolas Bégin, porte-parole.

Après la fermeture du restaurant Commerce, le local de la rue McGill reste inoccupé. MTL Cuisine cesse de payer son loyer et le propriétaire de l’immeuble, Javier Planas, poursuit ses locataires. En cour, ce dernier fait valoir que les restaurateurs « ont laissé les lieux loués dans un état déplorable, insalubre, allant même jusqu’à emporter éviers, lavabos, cabinets de toilette, équipements de cuisine » ne leur appartenant pas, peut-on lire dans le jugement. Le juge condamne les Da Silva à payer 238 908 $ au propriétaire de l’édifice.

L’histoire des 400 coups

Le restaurant Les 400 coups, sur la rue Notre-Dame Est, est un succès tant sur le plan populaire que critique. Des chefs comme Marc-André Jetté (maintenant propriétaire du Hoogan et Beaufort), Guillaume Cantin (premier gagnant de l’émission Les chefs !) et Jonathan Rassi (actuellement professeur à l’ITHQ) s’y sont succédé derrière les fourneaux.

Le pâtissier Patrice Demers, la sommelière Marie-Josée Beaudoin et le chef Marc-André Jetté sont à la tête du restaurant depuis son ouverture en 2010 jusqu’en 2013.

Est-ce que je referais de la business avec eux autres ? Jamais de la vie.

Marc-André Jetté, ancien chef du restaurant Les 400 coups

« On avait des chèques postdatés, des chèques pas signés, des chèques avec la mauvaise date », ajoute Mme Beaudoin. « C’était [visiblement] des astuces pour que l’argent rentre pendant la fin de semaine. »

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

La sommelière Marie-Josée Beaudoin

Mme Beaudoin précise tout de même que les fournisseurs ont tous été payés pendant le passage du trio aux 400 coups.

Marc* a aussi travaillé 10 mois aux 400 coups, les 10 derniers mois d’activité du restaurant. Ses chèques de paye arrivent souvent en retard, et au printemps 2018, ils commencent même à rebondir. Un après-midi de la mi-mai, les employés sentent qu’ils sont sur le point de se faire flouer. Jorge Da Silva Sr ne donne plus de nouvelles. Le fils a quitté l’entreprise MTL Cuisine depuis plus d’un an. Les serveurs et les cuisiniers quittent le restaurant et laissent une note dans la porte indiquant que l’établissement est fermé pour une durée indéterminée en raison de problèmes électriques.

« Après ça, il a annulé les chèques de paye pour lesquels j’avais travaillé. Je n’ai pas reçu la paye suivante non plus. Je n’ai pas reçu mon 4 %, mes vacances, mon T4, ma résignation d’emploi. Je ne peux toujours pas faire ma déclaration de revenus de l’année 2018 », souligne Marc qui a eu recours à l’anonymat, car son dossier est entre les mains de la CNESST, qui tente de régler son cas à l’amiable. Le cuisinier craint de ne pas toucher son argent s’il divulgue son identité.

La CNESST a aussi porté la cause de deux employés des 400 Coups devant la cour. Elle réclame 4400 $ en salaires impayés et le litige n’est toujours pas réglé.

Plusieurs fournisseurs sont aussi restés avec des factures impayées. Sébastien D. Langlois, un importateur de vin, est l’un d’entre eux.

« On a une liste noire de clients. En fait, MTL Cuisine et leurs nouveaux restaurants [voir autre onglet], ce sont les seuls sur notre liste », explique M. Langlois. Il affirme d’ailleurs avoir perdu 1000 $ quand le restaurant a définitivement mis la clé sous la porte. « Aux 400 coups, les délais étaient très longs. Il fallait toujours mettre beaucoup de pression pour avoir les paiements », ajoute-t-il.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

De tous les restaurants du groupe MTL Cuisine, seul le Helena, aujourd’hui propriété de la chef Helena Loureiro,
 est toujours ouvert.

Les laboratoires Choisy ont aussi perdu de l’argent lors de leurs relations d’affaires avec le groupe MTL Cuisine, mais bien avant les quelques faillites. L’entreprise fondée à Louiseville a poursuivi Jorge Da Silva Sr et les restaurants Les 400 coups, Osteria Venti, BBQ, Bar et Bœuf pour 4096 $, en août 2014, pour la livraison de « matériel de nettoyage et des produits d’entretien » jamais payés. Le litige s’est finalement réglé hors cours. 

De tous les restaurants du groupe MTL Cuisine, seul le Helena est encore ouvert aujourd’hui. Mais il n’appartient plus à Jorge Da Silva Sr. Ses parts ont été rachetées par la chef de l’endroit, Helena Loureiro, qui ne veut pas étaler les détails de « cette mauvaise expérience ». « Ça s’est terminé entre les mains de nos avocats », s’est-elle contenté de dire.

*Nom fictif

— Avec Vincent Larouche, Nathaëlle Morissette et Marie-Claude Lortie, La Presse

Propriétaire ou consultant ?

Les clients qui dégustent des tapas au restaurant Iberica aperçoivent souvent Jorge Da Silva Sr assis au bar. Ceux qui mangent au Fish Bone, dans l’ancien Tapas 24, se font parfois accueillir par le restaurateur. Malgré les nombreux collaborateurs affirmant avoir été floués, l’homme d’affaires est toujours bien présent dans le milieu de la restauration.

Sur le site internet MTL Hospitality Group, Jorge Da Silva Sr s’affiche comme propriétaire et président de cette entreprise qui « possède et opère » des restaurants. Iberica, Fish Bone, Taberna, Elefanté et Rosetti apparaissent dans le portfolio du groupe.

PHOTOMONTAGE LA PRESSE

Jorge Da Silva Sr

Jorge Da Silva Sr peut occuper un emploi dans la restauration, mais il n’a pas le droit d’être actionnaire de nouvelles entreprises puisqu’il est toujours en faillite personnelle. Au registre des entreprises, MTL Hospitality Group, qui porte aussi le nom de MTL Cuisine, appartient à une fiducie au nom de B. Da Silva.

B pour Bruno, le neveu de Jorge Da Silva Sr.

Pierre Fortin, un syndic autorisé en insolvabilité, a accepté de commenter le cas de M. Da Silva Sr. « Il est sous tutelle tant et aussi longtemps qu’il n’aura pas payé sa libération. » En février dernier, la Caisse Desjardins portugaise et la Commission des normes de l’équité de la santé et de la sécurité du travail se sont en effet opposées à la libération de faillite de l’homme d’affaires. Son syndic, MNP, a d’ailleurs indiqué, lors d’une audience devant la cour, que Jorge Da Silva avait déclaré des « revenus inexistants malgré l’apparence d’un travail dans la restauration ».

Il y a « une présence inexpliquée de Jorge Da Silva quant aux opérations du restaurant Iberica sur Peel », note le syndic. Devant la preuve, la cour a exigé que Jorge Da Silva Sr verse 200 000 $ afin d’être libéré de sa faillite déclarée en mars 2017, somme qu’il n’a toujours pas déboursée.

Le bail de l’Iberica

Jorge Da Silva Sr a enregistré le nom d’entreprise Iberica alors que ses affaires roulaient rondement, en 2015. Quand Revenu Québec a débarqué dans l’un de ses restaurants en septembre 2016, tout a déboulé. Il a déclaré cinq faillites de restaurants et une faillite personnelle, de novembre 2016 à mars 2017.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DU RESTAURANT IBERICA

Jorge Da Silva Sr et sa conjointe Frédérique Raymond 
au lancement du restaurant Iberica

Jorge Da Silva Sr s’est départi du nom Iberica quelques jours après sa faillite personnelle. Deux personnes sont maintenant propriétaires de l’entreprise : James Costa et une entreprise à numéro, aussi appelée Placements JDS, appartenant à M. Costa et à Frédérique Raymond. L’homme et la femme sont respectivement le bras droit et la conjointe de M. Da Silva Sr.

Lors d’un entretien téléphonique, James Costa a juré qu’il était le seul actionnaire des restaurants Iberica, Fish Bone, Taberna et Elefanté. « C’est moi qui fais les prêts avec les banques. C’est moi qui ai les cartes de crédit. C’est moi qui fais les chèques. » Il a également affirmé que c’est lui qui signe les baux pour ses restaurants, une information contredite par trois propriétaires d’immeubles, dont Manulife (Tapas 24) et Marine Group (Rosetti). Le local de l’Iberica est loué par Jorge Da Silva Sr, a indiqué Rester Management.

M. Costa affirme qu’il connaît M. Da Silva Sr depuis plus de 30 ans et que ce dernier agit comme consultant pour ses entreprises.

Si j’ai le goût de travailler avec des gens qui ont une ou deux poursuites contre eux, ça me regarde. Ça ne vous regarde pas.

James Costa, qui se présente comme un actionnaire des restaurants Iberica, Fish Bone et Taberna

Frédérique Raymond a pour sa part indiqué que « [son] nom n’est pas là-dedans », au sujet de l’Iberica. Elle a refusé de répondre à nos autres questions.

« Son » restaurant

Le chef Marino Tavares a travaillé 20 ans au Ferreira avant de se joindre à MTL Cuisine en 2016. Le chef est convaincu que Jorge Da Silva Sr est le réel propriétaire de l’Iberica, que c’est lui qui dirige le restaurant. « C’est un ancien collègue du Ferreira qui m’a présenté à Jorge Da Silva Sr et c’est lui qui m’a expliqué le projet du Iberica », raconte-t-il.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Si James Costa se présente comme le propriétaire actuel du restaurant Iberica, certaines personnes qui connaissent bien l’établissement sont persuadées que c’est plutôt Jorge Da Silva Sr le vrai propriétaire.

Marino Tavares a signé un contrat de deux ans pour devenir chef du nouveau concept. À cause d’un retard dans la construction du restaurant, il a travaillé un an au Tapas 24 avant de rejoindre le nouvel établissement de la rue Peel. Il a quitté l’Iberica en mars dernier, au terme de son contrat.

Le restaurant du centre-ville a d’ailleurs fait affaire avec la ferme Gaspor, un fournisseur de porcelet, pendant quelques semaines. Le propriétaire de la ferme, Alexandre Aubin, est aussi persuadé que Jorge Da Silva Sr est le propriétaire de l’Iberica.

C’est lui [le propriétaire]. C’est un des acteurs financiers de l’Iberica.

Alexandre Aubin, propriétaire de la ferme Gaspor

À noter, M. Aubin affirme qu’il a toujours été payé par MTL Cuisine et par l’Iberica.

Un groupe qui s’agrandit

Le restaurant Fish Bone occupe les locaux de l’ancien Tapas 24. Manulife, propriétaire de l’immeuble, nous a confirmé que le bail n’avait pas changé de mains d’un restaurant à l’autre. Il appartient toujours à Jorge Da Silva Sr. Même chose pour le local voisin, là où l’Elefanté a remplacé le Tapas 24 SnackBar.

Au registre des entreprises, le Fish Bone appartient à James Costa, tandis que la première actionnaire de l’Elefanté est Larisa Doinita Baintan. Cette dernière est la belle-sœur de Jorge Da Silva Sr.

Rencontrée par La Presse, la femme a confirmé qu’elle était la propriétaire de l’Elefanté. Elle a toutefois refusé de répondre à nos questions, se contentant de dire : « Passez par le restaurant et mon avocat va vous contacter. »

À l’Elefanté, le gérant Charlie Gentile a été catégorique : « Il n’y a pas de Larisa ici, ça c’est sûr. » Selon lui, le propriétaire se prénomme Jorge.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

La boulangerie Rosetti doit ouvrir ses portes prochainement. 

Jorge Da Silva Sr est aussi impliqué dans deux nouveaux concepts de restaurants tout près de l’Iberica, rue Peel : la boulangerie Rosetti, enregistrée au nom de sa conjointe, et un restaurant italien aux Cours Mont-Royal.

Un collaborateur qui travaille sur l’un de ces projets affirme qu’il a été embauché par Jorge Da Silva Sr et que ce dernier est le maître d’œuvre du chantier et responsable des paiements. Cette personne a eu recours à l’anonymat, de crainte de perdre son contrat.

Marine Group, propriétaire de l’immeuble où ouvrira la boulangerie Rosetti, a confirmé que Jorge Da Silva Sr avait signé le bail pour louer le local. Il ignorait que l’homme était en faillite. « Il a même offert une garantie personnelle, explique Ben Lipes, vice-président de Marine Group. J’imagine que s’il est en faillite personnelle, sa garantie ne veut pas dire grand-chose. »