La Coalition avenir Québec (CAQ) a balayé le Québec, tandis que le Parti québécois (PQ) est pratiquement rayé de la carte électorale. Les élections générales d'hier ont confirmé que les Québécois aspiraient à un changement en profondeur à l'Assemblée nationale et ils ont durement sanctionné les «vieux partis».

Par rapport à la situation au déclenchement de la campagne électorale, la CAQ est passée de 21 à 74 sièges, le Parti libéral (PLQ) de 68 à 32 députés, le PQ de 28 à 9, un de moins que Québec solidaire, avec 10 élus, alors qu'il en avait trois. Devant l'ampleur de la victoire, François Legault a promis un gouvernement qui «aura le coeur à la bonne place, tout en ayant les deux pieds sur terre».

Sans précédent, la CAQ est parvenue à mettre le pied dans l'île de Montréal avec deux circonscriptions: Chantal Rouleau a défait la vedette péquiste Jean-Martin Aussant dans Pointe-aux-Trembles, alors que dans Bourget, autre bastion péquiste, le caquiste Richard Campeau a défait le député Maka Kotto.

Le parti de François Legault a balayé le 450 et les Laurentides. Tous les candidats vedette de la CAQ l'ont emporté: Sonia LeBel, Éric Girard, Pierre Fitzgibbon, Youri Chassin, Ian Lafrenière, Christian Dubé, Lionel Carmant, Marguerite Blais et Jonatan Julien feront leur entrée à l'Assemblée nationale. La CAQ a aussi remporté trois des cinq circonscriptions de l'Outaouais; les deux autres, Hull et Pontiac, sont restées libérales. À Laval, cinq des six circonscriptions sont restées dans le giron du PLQ; les libéraux ont conservé Laval-des-Rapides, Vimont, Fabre, Chomedey et Mille-Îles.

Incarnation de l'hécatombe qui a frappé son parti, le chef du PQ Jean-François Lisée a perdu son siège de Rosemont, un gain de Québec solidaire.

M. Lisée a pris la défaite à son compte et annoncé son départ prévisible. De son côté, prenant sur ses épaules la dégelée encaissée par les libéraux, Philippe Couillard n'a guère laissé de doute sur son intention de passer la main, au terme d'une réflexion «de quelques jours».

Analyse de Denis Lessard: Couillard et Lisée, deux chefs à la casse

Le PQ est carrément éjecté de l'île de Montréal et repoussé loin en région; parmi les circonscriptions conservées par le PQ, six sont en région, en Gaspésie, sur la Côte-Nord ou au Saguenay. Ailleurs, seules Joliette et Marie-Victorin auront survécu à la vague caquiste. Avec 9 députés, le Parti québécois n'a pas atteint le seuil requis de 12 sièges pour être un parti reconnu à l'Assemblée nationale. Et avec 17% des suffrages, il a fait son pire score depuis la fondation du parti.

Résultats des élections Québec 2018

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Libéraux absents

Le tableau est aussi consternant pour le PLQ. Avec seulement 24% des suffrages, le PLQ a connu son creux historique; le taux de participation dans les circonscriptions libérales était partout en chute importante. Par rapport aux élections de 2014, la CAQ est passée de 23 à 38% des suffrages, le PLQ de 41 à 24%, le PQ de 26 à 17% et Québec solidaire, de 8 à 15%.

Le parti de Philippe Couillard a perdu 36 sièges et été évincé de la région de Québec, avec une seule exception, Sébastien Proulx dans Jean-Talon.

Candidat potentiel à la succession de Philippe Couillard, Pierre Moreau n'a pu résister à l'avancée de la CAQ dans sa circonscription de Châteauguay. Outre M. Moreau, la liste des ministres défaits est longue: François Blais, ministre de la Solidarité sociale, battu dans Charlesbourg, Dominique Vien, ministre du Travail, battue dans Bellechasse, Véronyque Tremblay, ministre déléguée aux Transports, dans Chauveau, et Luc Blanchette, responsable de la Faune, battu dans Rouyn-Noranda.

Québec solidaire (QS) a fait des gains étonnants. Les organisateurs pensaient réussir à sortir de l'île de Montréal en faisant élire Catherine Dorion dans Taschereau, fief péquiste de Québec. Mais Sol Zanetti a aussi été élu dans la circonscription voisine de Jean-Lesage - la vedette libérale Gertrude Bourdon a été éclipsée. En outre, QS l'a aussi emporté dans d'autres villes où le vote étudiant aura pesé lourd - Sherbrooke et Rouyn-Noranda, des villes universitaires. Laurier-Dorion et Hochelaga-Maisonneuve ont aussi élu des solidaires, des gains plus prévisibles cette fois, le premier aux dépens des libéraux et le second, du PQ.

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