Philippe Couillard prévient ses adversaires: réformer le mode de scrutin, comme ils promettent tous de le faire, exige moralement l'unanimité des partis politiques représentés à l'Assemblée nationale.

«Ça prend au minimum un vote unanime. Ce qui est sur la table ne recueillera pas le soutien de mon parti», a réitéré lundi le chef du Parti libéral. 

La Coalition avenir Québec (CAQ), le Parti québécois (PQ) et Québec solidaire (QS) ont signé une déclaration commune en 2016 s'engageant à transformer le mode de scrutin actuel uninominal majoritaire à un tour vers un modèle proportionnel mixte compensatoire. 

En entrevue éditoriale lundi matin au Devoir, M. Couillard a dit qu'il «faut avoir l'assentiment des partis politiques ou (...) demander au peuple de se prononcer sur une chose aussi fondamentale» par voie de référendum.

En mêlée de presse quelques heures plus tard, le chef libéral n'a toutefois pas répété ce qu'il suggérait en matinée. Il a alors dit vouloir laisser les référendums aux péquistes et a réitéré qu'il fallait l'unanimité des partis avant de procéder à une telle réforme.

«Les régions sont toujours les laissés pour compte [dans ces réformes]. Tous ces grands schémas [sont pensés] à Montréal. On ne parle pas des régions éloignées comme la mienne», a-t-il déploré. 

Plus tôt en campagne électorale, son principal adversaire, François Legault, s'est formellement engagé à réformer le mode de scrutin au début d'un premier mandat de la CAQ. «On ne fera pas comme Justin Trudeau», a-t-il dit, assurant ainsi que son engagement était ferme. 

Avec le mode de scrutin actuel, les Québécois votent pour le candidat d'un parti dans une circonscription. Le parti qui réussit à faire élire le plus de députés est appelé à former le gouvernement. C'est ce qu'on appelle le mode de scrutin majoritaire uninominal à un tour. 

Or, par le passé, le parti politique qui a obtenu le plus grand pourcentage du vote populaire n'a pas toujours été celui qui a formé le gouvernement. C'est pourquoi certains proposent un nouveau mode de scrutin. 

Ce qui est défendu par la CAQ, le PQ et QS est un mode de scrutin proportionnel mixte compensatoire. Dans ce modèle, les électeurs votent toujours pour un député dans leur circonscription, mais il y aurait aussi des candidats proposés par les partis sur des listes régionales. Ces derniers seraient élus en fonction du pourcentage des votes obtenu par chacune des formations pour que l'Assemblée nationale, au final, reflète la division proportionnelle du vote populaire. 

- Avec La Presse canadienne