Le premier jour du vote par anticipation a été marqué hier par des ratés informatiques, des temps d'attente importants et la frustration de plusieurs citoyens aux quatre coins du Québec. Certains électeurs se sont même résignés à retourner chez eux et ne voteront pas dans cette élection.

« J'ai 18 ans, c'était mon premier vote. Ce que j'ai vu, disons que j'ai trouvé ça très antidémocratique », a expliqué Mikaël Beauchamp, en entrevue à La Presse.

Le jeune homme s'était rendu à 9 h 15 au Carrefour multisports de Laval pour voter par anticipation. Une quarantaine d'électeurs attendaient avec lui, mais chaque vote prenait une éternité. Il a dû attendre deux heures avant de voter.

« Tout le monde attendait comme ça, il y avait plusieurs personnes âgées. Ça n'avait pas de bon sens », raconte Mikaël Beauchamp. Il explique qu'il a vu plusieurs personnes résignées retourner chez elles sans voter.

« Des électeurs ont dit qu'ils partaient en voyage le lendemain, qu'ils devaient voter maintenant ou jamais. Finalement, c'était tellement long qu'ils sont partis sans voter. C'est scandaleux. Après deux heures, une dizaine de personnes avaient voté », dit-il.

Karl Saleh, 24 ans, partait en voyage en Croatie vendredi après-midi. Il s'est fait un point d'honneur de se rendre au Carrefour multisports de Laval pour voter par anticipation. À son arrivée, des représentants d'Élections Québec lui ont annoncé qu'il y avait une heure d'attente.

« J'avais préparé ma journée en conséquence. Je m'attendais à une demi-heure d'attente peut-être. Mais je ne pouvais pas passer une heure là, et ç'aurait pu être encore plus long à voir avancer les choses », explique M. Saleh.

Il s'est résigné à partir sans voter, pour aller préparer son voyage et prendre l'avion. 

« Ça me déçoit parce que j'avais lu que pour la première fois au Québec, il y aurait autant de jeunes électeurs que de baby-boomers. Je trouve ça important de voter. Mais ce temps d'attente ne me semble pas normal. »

- Karl Saleh

De longues files et des temps d'attente inhabituels ont été constatés un peu partout au Québec, notamment à Gatineau et au Lac-Saint-Jean.

PROBLÈMES INFORMATIQUES

Élections Québec explique qu'il y a eu en matinée « une lenteur informatique pour la vérification des listes qui a créé un bouchon supplémentaire ». Ce problème a été résolu avant midi, a précisé Ahissia Ahua, porte-parole d'Élections Québec.

L'organisme n'était pas en mesure de donner des chiffres précis sur le nombre d'électeurs qui se sont présentés aux urnes vendredi. Mais Mme Ahua a parlé d'un achalandage important.

« On a été un peu victimes de notre succès pour la première journée du vote par anticipation. C'était la première journée du vote par anticipation, et on nous a rapporté dans certaines régions des temps d'attente, des files, beaucoup d'achalandage », a-t-elle expliqué, reconnaissant que la situation vécue à Laval n'était pas « idéale ».

Depuis vendredi et jusqu'au 27 septembre, les Québécois peuvent voter par anticipation en vue de l'élection du 1er octobre. Lors des élections québécoises de 2014, un nombre record de 1 057 706 électeurs avaient voté par anticipation lors des deux journées prévues à cette fin.

Devant la popularité croissante du vote par anticipation, Élections Québec a prévu sept jours cette fois-ci. Mais l'organisme constate que les électeurs se sont présentés en très grand nombre à la première journée. « Il faut rappeler aux gens qu'ils ont plusieurs jours pour voter par anticipation », a dit la porte-parole.