Une équipe de journalistes  de La Presse a vérifié pour vous les déclarations des chefs pendant ce premier débat de la campagne.

SANTÉ

CAQ

Affirmation de François Legault 

« Vous avez augmenté de 60 % 
le salaire des médecins spécialistes... »

Vérification des faits

Le salaire moyen des médecins spécialistes est passé de 237 000 $ 
en 2007 à 403 000 $ en 2016, soit une hausse de 70 %. 
Les spécialistes québécois gagnent désormais davantage que leurs voisins 
en Ontario (367 000 $) et que la moyenne canadienne (380 600 $).

PLQ

Affirmation de Philippe Couillard

« Votre déficit de 7 milliards 
[laissé par le gouvernement Marois en 2014] 
nous a empêchés d'investir en santé. »

Vérification des faits

Lors de son dernier budget en février 2014, le gouvernement péquiste de Pauline Marois prévoyait un déficit de 1,75 milliard en 2014-2015. Le budget du gouvernement Marois prévoyait un contrôle serré des dépenses, soit 2 % par an. Après les élections d'avril 2014, le gouvernement Couillard a mandaté le vérificateur général du Québec pour faire le point sur l'état des finances publiques. Dans son rapport, le vérificateur général a plutôt conclu que, sans compressions majeures, le déficit aurait été de 5,6 milliards en 2014-2015 plutôt que de 1,75 milliard. Le principal problème : le gouvernement Marois n'avait pas déposé les crédits budgétaires des ministères. Le Parti québécois a toujours défendu son déficit de 1,75 milliard en indiquant qu'il aurait fait des choix dans les dépenses des ministères s'il avait été réélu.

CAQ

Affirmation de François Legault

« Il y a 59 % des Québécois qui ne sont pas capables de voir un médecin de famille ou une infirmière dans la journée même ou le lendemain. »

Vérification des faits

La plus récente étude sur le sujet menée par l'Institut de la statistique du Québec remonte à 2011. Celle-ci indique que 59 % des Québécois disent pouvoir consulter un médecin le jour même ou le lendemain. La même étude dit que 59 % des Québécois membres d'un groupe de médecine de famille se disent insatisfaits de leur accès à un médecin le jour même ou le lendemain.

PLQ

Affirmation de Philippe Couillard

« On est à 80 %, je ne suis pas satisfait, il faut 
aller à 85 %. » (Sur le pourcentage de Québécois 
qui ont accès à un médecin de famille)

Vérification des faits

Au 31 décembre dernier, 79,4 % des Québécois avaient un médecin de famille, selon la Régie de l'assurance maladie du Québec. Pour atteindre cette cible de 85 % d'ici la fin de 2017 - fixée par le gouvernement Couillard et la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec lors d'une entente en juin 2015 -, il aurait fallu que 440 380 Québécois de plus aient un médecin de famille. Dans la région de Montréal, seulement 65,84 % des gens ont un médecin de famille. C'est la région où la proportion des Québécois qui ont un médecin de famille est la plus faible.

ÉDUCATION

CAQ 

Affirmation de François Legault

« Nous, on va mettre [les maternelles 4 ans] 
à 100 % pour que les enfants arrivent 
mieux préparés à la maternelle à 5 ans. » 

Vérification des faits

Les spécialistes ne s'entendent pas sur la supériorité de la maternelle 4 ans sur les autres services pour les enfants d'âge préscolaire. Une étude de 2017 réalisée par une professeure de l'UQAM concluait que leur qualité éducative était « généralement très basse », que les enseignants étaient parfois mal formés et que les classes manquaient de ressources. Le spécialiste en éducation de l'Université Laval Égide Royer estime pour sa part que ce programme est surtout pertinent pour les jeunes en difficulté, dans la mesure où les services sont de bonne qualité. 

PQ

Affirmation de Jean-François Lisée

« Le Parti québécois va compléter 
le réseau des CPE en quatre ans. 
Il va y avoir 17 000 places de plus en CPE. »

Vérification des faits

Le gouvernement a récemment créé un guichet unique pour les parents qui souhaitent placer un enfant dans un centre de la petite enfance (CPE). Les plus récentes données montrent que ce sont 38 000 enfants (pas 17 000) qui sont en attente d'une place en CPE, selon les dossiers de ce guichet unique.

ÉCONOMIE

PQ

Affirmation de Jean-François Lisée 

« Notre cadre financier est le plus économe. » 

Vérification des faits

Le cadre financier du PQ est effectivement celui dont les promesses sont les moins coûteuses. Le PQ prévoit des engagements budgétaires d'environ 1,886 milliard 
(d'argent neuf) à terme en 2022-2023, comparativement à 2,681 milliards pour 
la CAQ, 2,449 milliards pour le PLQ, et 12,9 milliards pour Québec solidaire. 
Trois économistes externes ont approuvé le cadre financier du PQ.

PLQ

Affirmation de Philippe Couillard

« On est le gouvernement [...] qui a le plus 
tenu ses engagements depuis les années 90. »

Vérification des faits

Selon une équipe de politologues de l'Université Laval, le gouvernement Couillard mérite effectivement un bon score à ce chapitre. « Le gouvernement Couillard a bien tenu ses promesses puisqu'on arrive à un taux de réalisation en tout ou en partie de 80 %, a expliqué à La Presse le professeur François Pétry le mois dernier. C'est le pourcentage le plus élevé de toutes les enquêtes que nous avons faites au Québec depuis Lucien Bouchard. »

QS

Affirmation de Manon Massé 

« Un million de personnes travaillent 
à moins de 15 $ de l'heure. »

Vérification des faits

L'Institut de la statistique du Québec évalue que 828 000 Québécois gagnaient moins de 15 $ l'heure en 2016, soit 23 % de l'ensemble des salariés. Du lot, la moitié gagnaient même moins de 12 $ l'heure.

CAQ

Affirmation de François Legault 

« Le Québec, à cause de l'éolien, 
a perdu 2 milliards et demi de dollars. »

Vérification des faits 

Dans son rapport déposé en mai dernier, la vérificatrice générale rappelle que « l'adoption de décrets visant l'approvisionnement par des blocs d'énergie de sources spécifiques, telles que l'éolien, a entraîné la conclusion de plusieurs contrats d'achat d'électricité postpatrimoniale », ce qui a eu comme conséquence « un coût d'approvisionnement supplémentaire estimé à 2,5 milliards de dollars de 2009 à 2016 ».

QS

Affirmation de Manon Massé

« On est capables d'aller chercher cet argent-là 
et notre cadre financier pointe exactement où on peut aller chercher cet argent-là. [12,9 milliards 
en nouveaux revenus pour le gouvernement 
du Québec en 2022-2023] »

Vérification des faits

Québec solidaire prévoit aller chercher 4,2 milliards avec des réformes fiscales pour les particuliers et les entreprises. Or, les calculs de QS ne tiennent pas compte du fait que certains contribuables s'ajustent aux changements fiscaux. Les hausses de revenus d'impôt ne sont donc jamais aussi importantes que prévu. La réforme fiscale fédérale du gouvernement Trudeau, qui devait se faire à coût nul, a finalement coûté
1,5 milliard la première année. Pour chaque dollar de hausse d'impôt qu'Ottawa pensait obtenir, il n'en a obtenu que 62 % (0,62 $). En appliquant cette même marge d'erreur aux réformes fiscales de QS, Québec obtiendrait 2,6 milliards (au lieu de
4,2 milliards), soit un écart de 1,6 milliard.

L'Association des économistes québécois estime aussi qu'un autre montant de
990 millions (lutte contre l'évasion fiscale, lutte contre la corruption et équité fiscale pour les achats en ligne) prévu comme nouveaux revenus par Québec solidaire est « incertain ». Le cadre financier de QS respecte toutefois les prévisions économiques du ministère des Finances du Québec dans son rapport préélectoral rendu public en août.

QS

Affirmation de Manon Massé 

« Notre dette est dans la moyenne 
des économies de l'OCDE. »

Réponse de Philippe Couillard

« On est en Amérique du Nord, Mme Massé. »

Vérification des faits

En 2017, le ministère des Finances du Québec a calculé la dette publique des Québécois (fédéral, provincial, municipalités) pour la comparer à 30 pays de l'OCDE. Le chroniqueur de La Presse Francis Vailles a ensuite ajusté les chiffres du ministère des Finances pour tenir compte d'un détail méthodologique. Résultat de son analyse : la dette publique du Québec correspond à 110 % du PIB québécois en 2015-2016, alors que la moyenne des pays de l'OCDE a une dette qui correspond à 116 % de son PIB. Le Québec vient au 10e rang des pays les plus endettés sur 30 pays de l'OCDE. Le Royaume-Uni, la France et les États-Unis sont notamment plus endettés que le Québec, selon ce classement. Parmi les provinces canadiennes, le Québec est la deuxième province la plus endettée (51,5 % du PIB au 31 mars 2017), derrière Terre-Neuve-et-Labrador (59,2 %). La dette moyenne des provinces correspond à 37,7 % du PIB provincial, selon un rapport de la Chaire en fiscalité et en finances publiques de l'Université de Sherbrooke.

CAQ

Affirmation de François Legault 

« Le Parti libéral et le Parti québécois 
ont approuvé une cimenterie en Gaspésie, 
qui est le projet le plus polluant au Québec, 
dont la pollution équivaut à 500 000 voitures. »

Vérification des faits

L'étude d'impacts environnementaux déposée avant la construction prévoyait que la cimenterie McInnis, à Port-Daniel-Gascons, pourrait émettre jusqu'à 1,76 million de tonnes de gaz à effet de serre (GES) chaque année, voire plus en cas d'exploitation maximale, ce qui en fait effectivement le projet industriel le plus polluant de l'histoire du Québec. De telles émissions de GES équivalent à celles de 510 000 véhicules, a calculé l'organisation environnementale Greenpeace, en se basant sur la moyenne canadienne de kilomètres parcourus par les véhicules légers. La cimenterie McInnis est entrée en fonction il y a un an.

PLQ

Affirmation de Philippe Couillard

« Le Québec produit 50 % du lait au Canada, 
mais en consomme 25 %. »

Vérification des faits

Le Centre canadien d'information laitière, qui relève du gouvernement du Canada, rapporte que le Québec produit 37 % du lait produit à la ferme, soit 33 millions d'hectolitres en 2017. D'ailleurs, le Québec compte 346 000 vaches laitières, soit le tiers de celles présentes au Canada. Les Québécois consommeraient 70 litres de lait par an, soit un peu plus que la moyenne canadienne (66 litres). Le Québec consommerait ainsi bel et bien 24 % du lait consommé au Canada.

IDENTITÉ, IMMIGRATION ET QUESTION NATIONALE

PQ

Affirmation de Jean-François Lisée

« La moitié des immigrants ne parlent 
pas français, le tiers de ceux qui ne parlent pas français prennent les cours de francisation, 
et 90 % d'entre eux échouent. »

Vérification des faits

La proportion d'immigrants ne parlant pas français était de 58 % en 2017, mais de 35 à 44 % entre 2006 et 2015, donc bien en deçà de 50 %. La statistique voulant qu'à peine 30 % de ceux qui ne parlent pas français suivent des cours de francisation provient du rapport de la vérificatrice générale qui ne tient compte que des immigrants inscrits aux cours du ministère de l'Immigration. Cela exclut les 40 % des non-francophones qui suivent des cours de français dans les commissions scolaires et en éducation aux adultes. Cela ne tient pas compte non plus des enfants qui sont francisés en classes d'accueil.

Le chiffre de 90 % provient lui aussi du rapport de la vérificatrice générale, qui a pris pour base de connaissance de français la réussite du niveau 8. Or, selon le ministère de l'Immigration, le niveau 5 est amplement suffisant pour fonctionner en société et occuper un vaste éventail d'emplois.

QS

Affirmation de Manon Massé

« Neuf pour cent des gens dans la fonction publique sont des minorités visibles, alors qu'ils représentent 13 % de la population. » 

Vérification des faits 

Le gouvernement du Québec a atteint pour la première fois en 2017 le seuil de 9 % de minorités au sein de ses effectifs, cible qu'il s'était fixée 15 ans plus tôt. Le Conseil du trésor a toutefois annoncé en mai qu'il ne comptait pas s'arrêter là et qu'il se fixait désormais comme objectif une « cible de représentativité » de 18 % pour les membres de minorités visibles et ethniques. Selon le plus récent recensement, un peu plus d'un million de Québécois disent faire partie des minorités visibles, soit 13 % de la population de la province.

CAQ

Affirmation de François Legault

« Un gouvernement de la CAQ va exiger 
des nouveaux arrivants de réussir un test de français et un test de valeurs. Un test de valeurs, ça existe 
au Danemark, en Allemagne, aux Pays-Bas, 
en Suisse, en Autriche, en Espagne. »

Vérification des faits

La vaste majorité des pays de l'Union européenne (24 sur 28) imposent un test linguistique et un examen de connaissances aux immigrants qui veulent obtenir la citoyenneté. Ce ne sont toutefois pas des « tests de valeurs » au sens où l'entend 
M. Legault, mais des tests de connaissances sur l'histoire du pays d'accueil.

D'ailleurs, le Canada fait passer lui aussi un test de connaissances aux résidents permanents qui demandent leur citoyenneté canadienne. Et ces tests ne sont pas imposés au moment de faire une demande d'immigration, mais au moment de l'accession à la citoyenneté. Seulement une poignée de pays européens, dont le Royaume-Uni, imposent un test linguistique - et non un test de valeurs - aux candidats à l'immigration.

PQ

Affirmation de Jean-François Lisée

Sur les seuils d'immigration : « Je ne fais pas 
de numérologie comme M. Legault 
et M. Couillard. [...] Nous allons demander à 
des experts de nous faire des recommandations. »

Vérification des faits 

Vendredi dernier, M. Lisée a déclaré que pour viser une intégration réussie, le Québec devrait accueillir entre 35 000 et 40 000 immigrants par année.

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