Le Parti québécois (PQ) souhaite que tous les véhicules vendus au Québec en 2035 soient électriques, mais il n'entend pas imposer de contraintes aux consommateurs qui voudraient acheter un modèle à essence.

La présentation de la plateforme environnementale péquiste a été légèrement confuse, lundi, alors que Jean-François Lisée n'a d'abord pas clairement indiqué comment il comptait atteindre son objectif.

Questionné si sa promesse d'adopter « des cibles audacieuses de ventes de véhicules électriques rechargeables de 25 % d'ici 2025, 50 % d'ici 2030 et 100 % d'ici 2035 » était accompagnée de pénalités pour ceux qui achèteraient toujours un modèle à essence, M. Lisée a répondu que cela serait « vraiment prendre les gens à rebours, alors qu'il n'y en a même pas de "pick-up" électrique » actuellement sur le marché.  

La plateforme électorale adoptée lors d'un conseil national au printemps dernier précisait pourtant que 100 % des véhicules vendus au Québec en 2035 « devraient » être électriques. 

« On sait que les voitures rechargeables offertes sur le marché québécois sont [présentement] toutes achetées. On n'a pas besoin de punir : elles s'en vont comme des petits pains chauds. Notre objectif est de répondre à la demande », a-t-il dit de passage à La Baie lundi.

Des contraintes pour qui ?  

Si le PQ ne prévoit donc pas de pénalités pour les consommateurs qui achèteraient un véhicule à essence après 2035, la situation serait différente pour les constructeurs automobiles, a expliqué l'équipe des communications du Parti québécois après le point de presse.

« On inscrirait dans les règlements [de l'actuelle loi zéro émission] les cibles de ventes à atteindre par les constructeurs de 2025 à 2035. [...] C'est comme un marché du carbone : si les constructeurs n'atteignent pas leurs cibles, ils doivent acheter des crédits pour compenser leur sous-performance », a expliqué Mathieu Lavigne, attaché de presse du PQ sur la caravane de la presse écrite.  

« L'effet est extrêmement dissuasif. C'est le même fonctionnement que la loi zéro émission actuelle, c'est juste qu'on augmente l'ambition : l'objectif de la loi actuelle, c'est 10 % de ventes de véhicules rechargeables en 2025. On vise 25 % en 2025 - une visée deux fois et demie plus ambitieuse, en gros -, 50 % en 2030 et 100 % en 2035 », a-t-il ajouté. 

Plus tard en journée, lors d'un arrêt au Collège d'Alma, M. Lisée a convenu qu'il avait modifié l'engagement pris dans la plateforme électorale adoptée en conseil national parce que « ce n'est pas avec du vinaigre qu'on attirera les gens vers des voitures électriques ». 

« La contrainte revient au gouvernement, aux concessionnaires, au secteur public, alors que l'incitation vise les citoyens. Mon objectif, c'est que les véhicules vendus en 2035 soient tous électriques et rechargeables. Menacer aujourd'hui des citoyens qu'ils n'auront plus le choix en 2035, [...] c'est contre-productif. On fait de grands changements en rassemblant les gens, pas en leur faisant peur », a-t-il dit. 

Une loi affirmant « l'indépendance environnementale » 

Jean-François Lisée promet aussi d'adopter une « loi affirmant l'indépendance environnementale du Québec ». Il soutient que la province a « le pouvoir exclusif pour évaluer tout projet réaliser en territoire québécois et pour statuer à son sujet ». 

« Il y aura un bras de fer juridique [avec Ottawa], mais on se tient debout. On ne se mêle pas de la défense, on n'imprime pas d'argent, mais il y a des zones de compétences partagées [...]. Toutes les zones de liberté qu'on peut acquérir dans un premier mandat, vous pouvez être sûr qu'on les occupera », a dit le chef péquiste, lundi. 

« Je ne remets pas en cause la qualité des études faites par les hauts fonctionnaires du gouvernement fédéral. Nous lirons avec intérêt tout ce qu'ils disent et en tiendrons compte. Mais, c'est le gouvernement du Québec qui décide sur le territoire du Québec », a-t-il promis.