S'il est élu le 1er octobre prochain sous la bannière du Parti québécois, le député sortant et candidat dans Beauharnois, Guy Leclair, siègera comme indépendant jusqu'à la fin de son procès, a affirmé mercredi Jean-François Lisée.

Guy Leclair a été accusé mercredi d'avoir conduit avec les facultés affaiblies et d'avoir omis d'obtempérer à un ordre qui lui avait été donné par un policier dans la nuit du 12 au 13 juillet dernier, a confirmé à La Presse le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP). M. Leclair comparaitra au palais de justice de Salaberry-de-Valleyfield le 21 septembre prochain. 

« Si on était en session [parlementaire], l'accusation me porterait à suspendre M. Leclair du caucus jusqu'à ce qu'on ait la décision du juge. (...) J'espère qu'il sera réélu, il sera un excellent député, mais tant qu'on n'aura pas [le jugement], il ne siègera pas au caucus », a dit M. Lisée. 

Pour ses deux chefs d'accusation, M. Leclair risque de recevoir une amende de 1000 $ s'il s'agit d'une première infraction. Dans le cas d'une seconde infraction, la peine minimale est de 30 jours d'emprisonnement, a expliqué à « La Presse » le DPCP.  

Lisée continue de défendre son candidat 

Tant à Lévis mercredi après-midi qu'à Rimouski en matinée, le chef péquiste a soutenu Guy Leclair, martelant qu'il revenait au juge de trancher sur sa culpabilité. 

Jean-François Lisée n'a été informé que le 24 août dernier, c'est-à-dire après le déclenchement des élections, de l'histoire concernant son député. Le directeur général du Parti québécois, Alain Lupien, a pour sa part récolté des « informations partielles » de la mi-juillet à la mi-août, moment où il en a informé le cabinet du chef. 

De plus, une fois que le cabinet de M. Lisée eut été informé à la mi-août de l'arrestation de Guy Leclair, les proches collaborateurs du chef ont attendu plusieurs jours avant d'en informer Jean-François Lisée. Ce dernier juge toutefois satisfaisant qu'il n'ait pas reçu ses informations avant, et ce même si la campagne électorale commençait le 23 août. 

« J'aurais pu l'apprendre qu'aujourd'hui qu'une accusation était portée et ça m'aurait satisfait », a dit le chef du PQ. 

En conférence de presse à Rimouski, mercredi matin, M. Lisée a de nouveau défendu M. Leclair, clamant haut et fort son droit à la présomption d'innocence. Il s'est aussi défendu d'être plus tolérant envers son candidat qu'avec ses adversaires. 

« On est dans une campagne électorale où la pression est extrêmement forte pour (...) jeter un député parce qu'il trouble la campagne. [La pression est forte] pour ne pas penser à la présomption d'innocence (...) et pour ne plus croire aux principes de justice. Moi, je n'embarque pas là-dedans », a vivement défendu Jean-François Lisée. 

« J'ai fait mon droit. Je suis en politique depuis un certain nombre d'années et je me dis que cet homme a le droit (...) à son procès. (...) Je ne céderai pas à la pression parce qu'on est en campagne électorale », a dit M. Lisée mercredi matin lors d'une conférence de presse à Rimouski.

Plus clément envers son équipe? 

Jean-François Lisée, qui a affirmé mardi que le député caquiste Éric Caire devrait quitter la politique puisqu'il a accepté un prêt d'un maire de sa circonscription, ne juge pas que le cas de Guy Leclair mérite la même sentence.

« En politique, en 2018, tu ne dois pas manquer de jugement de façon aussi claire. Pour moi, Éric Caire s'est disqualifié (...). Tu es député, tu prends un prêt d'un maire important de ton comté, si tu n'as pas compris que ce n'était pas éthique, tu n'as pas d'affaire en politique », a affirmé le chef péquiste mardi à Carleton-sur-Mer. 

« Éric Caire a admis qu'il s'était mis dans une situation de conflit d'intérêts. Ça devrait avoir des conséquences. (...) Dans le cas de Guy Leclair, il dit "je suis innocent". (...) Moi, j'ai fait mon droit, je suis en politique depuis un certain nombre d'années et je me dis que cet homme a le droit à la présomption d'innocence », a dit M. Lisée mercredi, à Rimouski. 

Pas la première accusation

Le cas de Guy Leclair monopolise la campagne électorale du chef péquiste depuis mardi. Lors d'un rassemblement militant à Rimouski, M. Lisée avait dit aux journalistes que son candidat se rendrait disponible pour répondre aux questions. Ce dernier a plutôt publié un communiqué en soirée, mardi, pour réfuter les accusations qui pèsent contre lui. 

« Je ne nie pas avoir été arrêté dans la nuit du 13 juillet 2018. Toutefois, je maintiens que je n'avais en aucun cas enfreint la loi. De surcroît, je n'ai jamais refusé de passer un alcootest. À deux reprises, j'ai obtempéré aux demandes des policiers afin de me soumettre à leur test », a-t-il écrit.

« Évidemment, je prouverai mon innocence. Le dossier suivra son cours et le tout se réglera devant les tribunaux », peut-on également lire dans son communiqué. 

Par le passé, M. Leclair a par ailleurs enfreint à une vingtaine de reprises le Code de la sécurité routière et divers règlements municipaux de 2002 à aujourd'hui, notamment pour avoir circulé au-dessus de la limite permise, pour ne pas avoir porté sa ceinture de sécurité, pour avoir fait usage d'un cellulaire au volant et pour stationnements interdits, dont un dans un espace réservé aux personnes handicapées.

M. Leclair a également été mis à l'amende pour « avoir satisfait un besoin naturel dans une rue ou un endroit public » en 2011 devant un établissement titulaire d'un permis d'alcool de la Grande Allée à Québec.

Legault renvoie la balle à Lisée

Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, participe mercredi midi à un lunch militant dans la circonscription de Guy Leclair, Beauharnois. Invité à commenter la conduite du député péquiste sortant, il a renvoyé la balle à ses adversaires.

« Je ne jouerai pas au donneur de leçon comme Jean-François Lisée, a dit M. Legault. Je vais le laisser se dépatouiller avec ses affaires. »

La veille, M. Lisée avait lancé une charge à fond de train contre le député sortant Éric Caire, affirmant que sa carrière politique « devrait être terminée ».

- Avec Fanny Lévesque et Martin Croteau