Christian Dubé s'est « solennellement » engagé à achever son mandat de quatre ans s'il est élu, lundi, en confirmant sa candidature pour la Coalition avenir Québec dans La Prairie.

« Il faut que les gens comprennent que mon engagement sur la politique va passer par quatre ans comme député de La Prairie », a déclaré M. Dubé en conférence de presse.

L'homme d'affaires, qui était jusqu'à la semaine dernière premier vice-président de la Caisse de dépôt et placement, a officiellement remplacé Stéphane Le Bouyonnec comme candidat caquiste dans cette circonscription de la Rive-Sud de Montréal.

M. Dubé a été élu à deux reprises sous la bannière de la CAQ dans Lévis, en 2012 et en 2014. Il a démissionné seulement cinq mois après les dernières élections pour se joindre à la Caisse.

Bien qu'il n'ait pas touché l'indemnité de départ à laquelle il avait droit à ce moment, son départ a forcé la tenue d'une élection partielle qui a coûté plus d'un demi-million aux contribuables.

Cette fois, M. Dubé s'engage « solennellement » à aller jusqu'au bout de son mandat. Et ce, même si la CAQ devait se retrouver dans l'opposition au terme de l'élection du 1er octobre.

REM

Le retour en politique de M. Dubé, annoncé dimanche, a été immédiatement critiqué par les adversaires de la CAQ. Ils ont rappelé que les trains du Réseau électrique métropolitain (REM), piloté par la Caisse, seront construits en Inde, une décision qu'a vivement critiquée François Legault au cours des derniers mois.

Questionné sur ce sujet, M. Dubé a affirmé qu'il « respecte beaucoup la décision qui a été prise » par la Caisse. Il a rappelé que le rôle premier de cette société d'État est de faire fructifier l'argent de ses déposants, c'est-à-dire l'ensemble des contribuables du Québec, en plus de favoriser le développement économique de la province.

Quant au contenu québécois dans les trains du REM, M. Dubé a renvoyé la balle au gouvernement Couillard. Selon lui, celui-ci aurait pu exiger que la Caisse privilégie des fournisseurs québécois.

« Il faut faire une différence entre les décisions qui sont de nature gouvernementale : le gouvernement pourrait ou pourrait ne pas décider qu'il y ait un contenu minimum québécois, a expliqué M. Dubé. Ça, c'est une décision du gouvernement. »

Le chef caquiste, François Legault, a abondé dans le même sens.

« Le gouvernement a investi 1,3 milliard dans le REM, a indiqué M. Legault. Il aurait pu exiger, en échange de son 1,3 milliard, qu'il y ait du contenu québécois. C'est possible que les trains auraient coûté un peu plus cher, et donc moins de rendement, et je comprends la Caisse. Pour moi, c'est important de préserver l'indépendance de la Caisse, comme il y a deux missions. »

Les adversaires réagissent

De passage à Havre-Aubert, aux Îles-de-la-Madeleine, Philippe Couillard a déclaré que ce sera « fascinant de regarder les discussions à l'intérieur de la CAQ » avec l'arrivée de Christian Dubé. « Parce que, clairement, il y a une zone de fracture entre ce que M. Dubé a fait et a dit et ce que M. Legault dit depuis plusieurs années », a dit le chef libéral. 

« Par exemple, il a félicité la cimenterie McInnis de commencer ses activités en Gaspésie, alors que M. Legault dit que c'est du gaspillage, a illustré M. Couillard. Pour le REM, de toute évidence, il n'entend pas remettre en question l'indépendance de la Caisse pour la façon d'attribuer les contrats. »

De passage à Matane, dans le Bas-Saint-Laurent, le chef péquiste Jean-François Lisée a dit douter de la sincérité de l'engagement politique de Christian Dubé.

« Que fera-t-il dans quatre mois ? a-t-il demandé. Il y a quelque chose d'un peu léger dans cet aller-retour. Moi, je pensais qu'il y avait déjà 36 personnes dans l'équipe économique de la CAQ. Personne n'était à la hauteur ? »

- Avec la collaboration de Tommy Chouinard et d'Hugo Pilon-Larose