Il y a surenchère entre les partis au sujet de l'accès à l'internet haute vitesse et au réseau de téléphonie cellulaire partout au Québec. Philippe Couillard s'est engagé lundi à accélérer son plan de déploiement et à rendre le service disponible d'ici 2020, à un coût de 500 millions de dollars.

Son gouvernement avait initialement annoncé des investissements de 300 millions en cinq ans pour brancher les 240 000 foyers québécois situés en milieu rural ou éloigné qui sont privés du service à l'heure actuelle. 

Devancer l'échéancier de trois ans est réaliste, « parce qu'on accélère les crédits également et qu'on a trouvé des méthodes pour accélérer le développement des projets », a soutenu M. Couillard en conférence de presse à Havre-Aubert, aux Îles-de-la-Madeleine. Il a souligné que « du chemin a déjà été fait », puisque 90 % des foyers québécois ont accès au service.

« En 2018, avoir accès au numérique, c'est essentiel, comme l'étaient l'électricité et le téléphone il y a bien des décennies », a-t-il ajouté.

Selon son engagement, « d'ici 2020, 100 % des citoyens auront accès à des services internet haut débit et plus de 90 % d'entre eux auront accès à des services internet fixes à très haut débit d'au moins 100 mégabits par seconde [Mbps] en téléchargement et 20 Mbps en téléversement ».

Il y a quelques jours à peine, la Coalition avenir Québec a également promis d'offrir l'internet haute vitesse sur tout le territoire québécois. Ce serait dans un échéancier de quatre ans et avec un investissement de 400 millions. Le chef caquiste François Legault avait mis en doute la crédibilité du plan annoncé par le gouvernement, soutenant que les investissements prévus de 300 millions étaient insuffisants.

De son côté, le Parti québécois veut aussi que tous les foyers privés d'internet haute vitesse soient branchés, mais il n'a pas dévoilé son plan de match jusqu'ici.

Enfin, Québec solidaire veut créer, au coût de 2,5 milliards, un réseau public d'accès à l'internet haute vitesse, une société d'État qui ferait la concurrence au « cartel des télécoms ». Il croit que le prix payé par les consommateurs serait 30 % plus bas qu'à l'heure actuelle.

« Il faudra voir le réalisme de la chose avec le cadre financier », a commenté M. Couillard, rappelant qu'il n'est pas partisan des « grandes nationalisations ».

Il convient toutefois que l'intervention de l'État est nécessaire parce que, dans le cas du cellulaire par exemple, « les grandes entreprises qui donnent le service ne déploient pas les infrastructures pour les petits nombres de personnes. Parce que ça ne vaut pas la peine sur le plan des affaires. »

Le PLQ propose ainsi de passer par un organisme sans but lucratif (OSBL) pour déployer les infrastructures numériques. Les fournisseurs pourraient avoir accès à ces tours pour offrir le service aux citoyens. Le PLQ soutient que des modèles semblables existent en Abitibi-Témiscamingue et au Saguenay-Lac-Saint-Jean.

Certes, la téléphonie cellulaire est un enjeu de juridiction fédérale, mais les libéraux déploieraient les infrastructures manquantes avec ou sans le soutien d'Ottawa, a indiqué M. Couillard.

Un ministre des Régions

Philippe Couillard promet de créer un ministère des Régions et de la Vitalité du territoire et de nommer un ministre en titre à sa tête, poste que l'on n'a pas vu depuis le gouvernement Landry, défait en 2003.

Ce ministre aurait entre autres pour mandat « d'accélérer le développement des infrastructures numériques performantes et à créer un bureau des infrastructures numériques pour coordonner la réalisation de ces projets ».

Il n'y aurait pas ajout d'effectifs : du personnel actuel de la fonction publique serait affecté à la nouvelle entité.