Les jeunes électeurs seront particulièrement ciblés ces prochaines semaines par la campagne publicitaire de 3,8 millions de dollars du Directeur général des élections du Québec (DGEQ), visant à attirer plus de Québécois aux urnes.

L'électorat québécois a rajeuni, et les Québecois de 18 à 24 ans ont moins tendance à participer que leurs aînés, rapporte le DGEQ. Aux dernières élections générales, en 2014, leur taux de participation de 55,7 % représentait le taux le plus bas, toutes tranches d'âges confondues.

Pour inciter les jeunes à voter, l'institution a misé sur des moyens peu conventionnels et bien différents de ses précédentes campagnes, tels que le recours à des « influenceurs » dans des capsules web humoristiques, des filtres Snapchat et un partenariat publicitaire avec le magazine VICE Québec. Un montant de 700 000 dollars a été alloué à la campagne pour les jeunes, indique Ahissia Ahua, responsable des communications d'Élections Québec. « Cela comprend le placement média, la production des vidéos en ligne et la radio, y compris les activités de communication liées au vote dans les établissements d'enseignement », précise-t-elle.

Les plateformes numériques pour parler aux jeunes

Les réseaux sociaux seront utilisés à profusion lors de cette campagne quadriennale pour diffuser des messages de sensibilisation parsemés de mots-clics. Des vidéos dans lesquelles apparaîtront plusieurs personnalités appréciées des jeunes seront diffusées sur les plateformes en ligne.

« On est prêts à tout pour que tu votes. Même à demander à des influenceurs de t'influencer », a écrit Élections Québec sur les réseaux sociaux, au moment de lancer les courtes vidéos humoristiques sur YouTube mettant notamment en vedette l'humoriste Yannick De Martino, l'ancienne candidate d'Occupation double Alanis Desilets et le planchiste Sébastien Toutant.

« En tentant de les joindre sur les plateformes d'aujourd'hui et en jouant la carte de l'humour, nous cherchons à capter leur attention pour les amener à réaliser à quel point voter est important. En fait, ce qui est loin d'être drôle, c'est qu'à peine un peu plus de la moitié des jeunes ont voté en 2014 », a déclaré Pierre Reid, directeur général des élections, lors du lancement de la campagne sensibilisation, vendredi dernier.

Les plateformes numériques serviront à la diffusion des publicités, mais aussi à faire participer les jeunes électeurs. Le mot-clic #votealamode a notamment été lancé sur le compte Instagram d'Élections Québec.

Sur les campus d'établissements scolaires, les utilisateurs de Snapchat pourront ajouter sur leurs photos un filtre personnalisé indiquant qu'ils ont voté sur le campus. 

Des cafés situés à proximité d'établissements scolaires distribueront des manchons à café aux slogans d'Élections Québec. Des publicités ciblées géolocalisées seront également affichées sur le fil Facebook des étudiants.

De moins en moins de Québécois aux urnes

La campagne « grand public » d'Élections Québec, ciblant les électeurs de 25 ans et plus, sera plus traditionnelle et fidèle à celle des élections précédentes. 

Alors que le taux de participation au vote lors des élections générales décline au Québec, le DGEQ invite les six millions d'électeurs et électrices à voter, en mettant en valeur l'importance de leur participation. La campagne adopte cette année le slogan « Tous les votes sont importants ». 

En 2014, 3,2 millions avaient servi à sensibiliser et à informer les Québécois. « Nous pensons que les campagnes de communication dans le passé ont porté leurs fruits, note Ahissa Ahua. Le taux de participation en 2014 était de 71 %. C'est un bon taux, mais nous ne pouvons le tenir pour acquis. »

Si le DGEQ en fait autant, c'est que la tendance en déclin du taux de participation aux élections en général est inquiétante. Il y a 20 ans, un peu moins de 80 % des électeurs exerçaient leur droit de vote, et le taux de participation menace maintenant de descendre sous la barre des 70 %.

Pour que le taux de participation de 71,4 % enregistré il y a quatre ans augmente d'un point de pourcentage, il faut qu'environ 60 000 personnes de plus sortent de chez elles pour aller voter.

Les médias traditionnels et numériques seront donc bombardés de ces publicités dans le prochain mois. Comme à l'habitude, les stations de métro, les autobus et le train de banlieue afficheront aussi les messages du DGEQ. L'enveloppe de 3,8 millions consacrée à la campagne « peut sembler importante », convient Mme Ahua. Mais, « une forte présence publicitaire pour bien faire entendre notre message » est nécessaire compte tenu de la courte fenêtre pour sensibiliser les électeurs, ajoute-t-elle.