Il était, pour Philippe Couillard, Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom depuis le début de la campagne. Mais maintenant, « ça suffit, il faut nommer les choses »: « François Legault est tout sauf un chef politique économique » et un gouvernement caquiste serait « un grand risque économique pour le Québec », a accusé le premier ministre mardi.

Dans son troisième passage en Mauricie en six jours, le chef libéral a ciblé François Legault pour la première fois de la campagne, se livrant à des sorties répétées sur les positions du chef caquiste.

Certes, il avait déjà lâché un « M. Legault » au détour d'un échange - jamais dans une allocution -, mais le nombre de fois se comptait sur les doigts de la main. Il parlait le plus souvent de « celui qui dit que » pour faire une allusion au chef caquiste, mais il ne poussait pas très loin ses rares critiques.

« La grande faiblesse de la CAQ, c'est l'économie », a-t-il lancé mardi. « Le grand risque économique pour le Québec, c'est un gouvernement de la CAQ. »

« François Legault doit être la seule personne au Québec à ne pas être au courant qu'il y a une pénurie de main-d'oeuvre. Il essaie de ne pas en parler. Peut-être parce qu'il ne veut pas parler de la nécessité de faire venir des travailleurs d'ailleurs. » Il a renchéri: « Non seulement ça, on dit qu'on va avoir des tests et des expulsions. Ça, c'est un risque pour le Québec ».

François Legault est ainsi « à côté de la plaque », puisqu' « on ne peut pas se prétendre un leader politique économique et nier le principal défi économique du Québec et même vouloir l'accentuer. Parce que je n'ai même pas parlé d'une baisse des seuils d'immigration ». La CAQ veut faire passer le nombre de nouveaux arrivants de 50 000 à 40 000 par année. Le PLQ propose « pour l'instant » de le garder « stable à 50 000 » - le seuil fait l'objet d'une consultation avant d'être fixé formellement.

Selon le chef libéral, on arrive à un moment dans la campagne où « se cristallise un choix » pour les électeurs. « Je veux que les Québécois et les Québécoises comprennent. Souvent, on entend dire: c'est tout pareil ! Là, ce n'est pas pareil du tout. Il y a un choix absolument fondamental. »

Philippe Couillard a attaqué François Legault sur un autre front, celui concernant les négociations sur l'ALENA. « Est-ce qu'on peut vraiment se fier à la CAQ pour défendre la gestion de l'offre ? Je n'ai pas entendu M. Legault parler une seule fois d'agriculture en quatre ans », a-t-il soutenu.

« On sait très bien qu'une de ses sources d'inspiration économique est Youri Chassin (candidat caquiste) qui est un adversaire ouvert et déclaré de la gestion de l'offre. Alors je pose la question aux agriculteurs et aux producteurs laitiers : qui est le mieux placé pour défendre vos intérêts ? »

Philippe Couillard avait promis une campagne positive, faite dans « la bonne humeur », et il ne voit pas en quoi sa sortie déroge à son engagement. « Je ne parle pas de sa personnalité, je parle de ses idées », a-t-il plaidé.