Les grands acteurs des centres de la petite enfance (CPE) au Québec entendent profiter de la campagne électorale pour demander aux politiciens de s'engager auprès des enfants, et ce, dès le berceau. L'Association québécoise des CPE (AQCPE) souhaite aussi réclamer un code permanent dès la naissance afin de permettre de suivre le parcours éducatif des enfants de 0 à 8 ans.

À la mi-août, l'AQCPE affirmait qu'à défaut d'obtenir la gratuité, elle accueillait de « manière favorable » l'engagement de la Coalition avenir Québec (CAQ) d'abolir la taxe famille des libéraux de Philippe Couillard pour rétablir un tarif unique de 8,05 $. La directrice de l'Association des CPE, Geneviève Bélisle, espère que le tarif unique s'appliquera tout en poursuivant l'objectif d'ouvrir 28 000 nouvelles places dans le réseau, dont 2000 en 2018.

« Ce qu'on veut faire, c'est inverser le débat, a-t-elle expliqué lors d'une table éditoriale à La Presse. On a développé des places dans une logique de conciliation travail-famille, mais on n'a pas développé ces services dans une logique de qualité. Il faut militer pour développer des places, mais en assurant la qualité des services éducatifs. »

La première étape, selon Mme Bélisle, consiste à mettre en oeuvre la loi sur la qualité éducative, adoptée en 2017, en traçant un portrait de la clientèle.

À l'heure actuelle, il n'y a pas de données sur les listes d'attente dans les CPE ni sur l'évolution des programmes éducatifs. Une enquête du gouvernement, remontant à 2014, a démontré que la qualité des installations, des activités et des interactions éducatrice-enfants variait d'« acceptable à faible », sauf dans les CPE (de 18 mois à 5 ans), où la qualité était en général jugée « bonne ».

> 269 388: nombre d'enfants fréquentant un service de garde au Québec, dont 33,7 % en CPE

Véronique De Sève, vice-présidente de la CSN responsable du dossier des services de garde éducatifs au Québec, abonde dans le même sens, mais elle estime qu'il faut donner la priorité au développement des places en CPE et services de garde régis.

« Il ne faut pas perdre de vue que les parents veulent d'abord s'assurer que leurs enfants sont en sécurité et bien encadrés. Les programmes éducatifs sont déjà obligatoires dans les CPE, mais il y a certainement lieu de les bonifier. »

Afin de remettre les enjeux des tout-petits au coeur de la campagne électorale, l'Association québécoise des CPE lancera prochainement une pétition, invitant les candidats aux élections provinciales à signer. Un débat avec des représentants de chaque parti aura lieu dans les prochaines semaines. Les ratios éducatrice-enfants entre 0 et 18 mois seront aussi au coeur des discussions.

Photo IVANOH DEMERS, LA PRESSE

Geneviève Bélisle, directrice de l'Association québécoise des CPE, lors d'une table éditoriale à La Presse, le 22 août