Québec solidaire promet de serrer la vis aux plateformes d'hébergement en ligne, comme la populaire Airbnb, s'il prend le pouvoir le 1er octobre prochain. La formation politique vise notamment à imposer « une équité fiscale » aux géants du web en les obligeant à percevoir la taxe de vente du Québec (TVQ).

« Lorsque trop, c'est trop, lorsque ça devient une concurrence déloyale ou lorsque ça devient une nuisance publique dans nos milieux de vie, bien je pense qu'il faut encadrer », a lancé la co-porte-parole du parti politique, Manon Massé, lors d'une conférence de presse organisée ce matin dans la circonscription de Mercier sur Le Plateau-Mont-Royal.

Québec solidaire entend s'attaquer au fléau croissant de ce type d'hébergement surtout dans les quartiers plus touristiques et centraux de la métropole et dans le secteur du Vieux-Québec dans la capitale. « C'est important de préserver nos milieux de vie contre les menaces de Airbnb », a ajouté la candidate solidaire de Mercier, Ruba Ghazal.

Selon elle, sa circonscription est frappée de plein fouet par la prolifération de ce type d'offre qui provoque souvent « une cohabitation cauchemardesque » entre les usagers d'Airbnb et les résidents permanents. « Ce matin encore, juste sur le Plateau, il y a 4000 logements qui affichent complet. Beaucoup d'entre eux sont loués à l'année », a-t-elle dénoncé.

« Ça rend la vie des locataires de plus en plus difficiles parce que le parc locatif ici dans notre quartier par exemple, tarde à se renouveler. Il y a de la spéculation aussi, ça fait augmenter les loyers. Airbnb sur le Plateau, la réalité c'est des milliers de logements en moins pour les gens du quartier », a illustré Mme Ghazal.

Plus d'encadrements

Pour renverser la tendance, Québec solidaire propose qu'Airbnb soit soumise à la même taxation que les établissements d'hébergement traditionnel en les obligeant à prélever la TVQ. Airbnb perçoit depuis octobre 2017 la taxe sur l'hébergement fixée à 3,5 % par nuitée. C'est insuffisant, selon QS qui réclame « l'équité » au sein des hébergeurs.

La formation souhaite aussi limiter à 60 le nombre maximal de jours durant lesquels un occupant peut offrir son logement en location sans se procurer une attestation en bonne et due forme de Tourisme Québec. La « loi Airbnb », comme l'appelle QS, obligerait également le géant à fournir « un certain nombre d'informations » sur la location à Revenu Québec.

Québec solidaire a proposé en avril 2017 un projet de loi, qui reprend essentiellement les engagements présentés aujourd'hui, visant à mieux encadrer les exploitants comme Airbnb, basé sur le modèle d'Amsterdam.

En août 2017, Québec a renforcé sa loi 67 sur les établissements d'hébergement touristique en s'assurant qu'Airbnb perçoive la taxe de 3,5 % et en mettant sur pied une équipe de 25 enquêteurs dédiés à enrayer l'hébergement illégal. Les villes de Québec et Montréal ont aussi mis en place différentes règles pour tenter de mieux encadrer le phénomène.

Pas de 3e lien à Québec

Un peu plus tôt samedi, le co-porte-parole de Québec solidaire Gabriel Nadeau-Dubois a réitéré l'opposition de son parti à l'idée de construire un troisième lien entre Québec et Lévis. Selon le parti de gauche, bâtir davantage d'autoroutes est une « vieille idée » des « vieux partis ».

En point de presse à Québec, samedi, M. Nadeau-Dubois a annoncé qu'un gouvernement solidaire abolirait le bureau de projet mis sur pied par les libéraux pour étudier les différents scénarios quant à un éventuel 3e lien. Selon le député solidaire, la science est claire: « construire plus d'autoroutes, ça ne fonctionne pas ».

M. Nadeau-Dubois a toutefois affirmé que son parti était « bien conscient » des problèmes de congestion dans la région. Mais selon lui, la solution passe par un réinvestissement massif dans les transports collectifs. Québec solidaire promet notamment de diminuer de moitié les tarifs de transport en commun en ville.

« Le troisième lien amènerait à Québec plus de congestion », a déclaré Sol Zanetti, candidat de Québec solidaire dans la circonscription de Jean-Lesage. « On l'a vu, au Texas, en 2011, la construction d'une autoroute, la Katy Freeway a 26 voies, et six ans après sa construction, les automobilistes passaient 51 pour cent plus de temps sur les routes. »

- Avec La Presse canadienne

Photo Yan Doublet, Le Soleil

Le co-porte-parol de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois