Le Parti québécois ne s'explique pas comment Québec solidaire ait pu laisser planer le doute que l'anglais était une langue officielle du Québec. « Ça n'a aucun sens », a tonné vendredi matin Véronique Hivon.

« C'est très inquiétant, (...) c'est complètement consternant [et] il faut rapidement qu'ils rectifient le tir », a dit la vice-cheffe. 

« Mettre les deux langues sur le même pied, c'est mettre les pieds sur la langue française. Au Québec, la langue officielle et commune est le français », a renchéri le chef Jean-François Lisée. 

Lors du lancement de sa campagne, jeudi, la co-porte-parole de QS, Manon Massé, a été questionnée sur un tweet où son parti répondait à un citoyen qui se demandait pourquoi l'anglais n'était pas une langue officielle.

« L'anglais est une langue officielle du Québec et du Canada », pouvait-on lire dans le message.

« Tant que nous restons à l'intérieur du Canada, bien sûr que l'anglais est la deuxième langue officielle », a ensuite répondu Mme Massé en anglais alors qu'elle était questionnée à ce sujet par une journaliste. 

La co-porte-parole a toutefois corrigé le tir après le point de presse, attribuant la bourde initiale sur Twitter à un nouvel employé du parti. 

« Pour être clair par rapport à ma réponse, le Canada a pour langue officielle le français et l'anglais. L'unique langue officielle du Québec est le français. Et pour Québec solidaire, un Québec indépendant protègerait encore mieux notre langue tout en protégeant les droits de la minorité linguistique anglophone », a-t-elle de nouveau précisé vendredi.

Gabriel Nadeau-Dubois a lui aussi tenté de corriger le tir, vendredi. Il a attribué le message véhiculé par Manon Massé, et par un gazouillis du parti, d'abord à l'inexpérience d'un responsable des réseaux sociaux pour le parti, puis aux difficultés de Mme Massé à s'exprimer dans la langue de Shakespeare.

« C'est strictement une erreur », a-t-il assuré, au cours d'une conférence de presse, vendredi à Montréal, pour présenter la campagne d'affichage du parti.

M. Nadeau-Dubois a soutenu vendredi qu'il n'y avait aucune ambiguïté pour Québec solidaire et qu'il était « évident » qu'il n'y avait qu'une seule langue officielle au Québec.

« Manon répondait à une question qui a initialement été posée en anglais. Vous connaissez les défis de Manon avec l'anglais. Sa réponse n'était pas claire. Ça a semé la confusion et, par la suite, elle était encore dans cette confusion-là. Mais quelques minutes plus tard, elle a rectifié », a avancé le député sortant de Gouin de QS.

« Bien sûr qu'à Québec solidaire, tout le monde sait que l'État du Québec n'a qu'une seule langue officielle: c'est le français. L'État canadien, lui, a deux langues officielles. Et ce que Manon a cherché à dire, c'est que le jour où le Québec sera indépendant, on pourra encore mieux protéger le français », a-t-il ajouté.

Fait à noter, dans les affiches électorales de Québec solidaire présentées vendredi et portant sur les thèmes chers au parti - gratuité jusqu'au doctorat, diversité culturelle, opposition aux énergies fossiles, transport en commun, un mois de vacances pour tous et les slogans comme « cultiver mieux, bien manger » et même « fuck toute » - aucune ne portait sur la défense du français.

Recul du français au Canada 

Le chef péquiste Jean-François Lisée a également affirmé vendredi qu'il était « scandaleux » qu'il n'y ait pas un débat en français lors de la campagne électorale au Nouveau-Brunswick

« C'est inacceptable. Le Nouveau-Brunswick est la seule province officiellement bilingue, ce qui n'est pas le cas de l'Ontario et du Québec », a-t-il affirmé. Rappelons qu'il y aura un débat des chefs en anglais au Québec le 17 septembre prochain.

« Que dans une province officiellement bilingue, on n'ait pas de débat en français, c'est un signe très clair du recul du statut du français dans le reste du Canada », a affirmé M. Lisée.

- Avec La Presse canadienne