Éjectée du pouvoir, battue dans sa circonscription, Pauline Marois a décidé de quitter la barre du Parti québécois lundi soir.

La première femme élue à la tête du gouvernement du Québec est chassée du pouvoir après un règne d'un an et demi, le plus court de l'histoire depuis la Confédération. C'est aussi une déconfiture historique pour le Parti québécois (PQ), qui, avec 25,4%, a enregistré le plus faible score depuis sa première participation à une élection, en 1970.

«Vous comprendrez que, dans les circonstances, je vais quitter mes fonctions», a déclaré Pauline Marois, visiblement émue, devant ses militants réunis à l'hôtel Westin, dans le Vieux-Montréal.

«Les Québécois se sont prononcés, et nous devons respecter ce résultat. La défaite de notre parti m'attriste sans doute autant que vous, sinon plus que vous. Nous avions tellement à offrir, tellement à accomplir pour le Québec», a-t-elle laissé tomber.

Quelques instants plus tôt, la soirée électorale du PQ avait pris des airs de début de course à la direction. Tour à tour, Pierre Karl Péladeau, Jean-François Lisée et Bernard Drainville ont pris la parole pour inviter les militants à se relever de cette défaite.

M. Péladeau, dont la sortie souverainiste le poing levé fut un tournant dans cette campagne, a fait un autre plaidoyer sur l'importance de «défendre l'intérêt des Québécois et du pays». «Je crois profondément qu'au XXIe siècle, le Québec, les Québécois doivent reprendre leurs décisions seuls», a-t-il lancé sous des applaudissements nourris.

«Le Parti québécois a survécu aux années Charest, il va survivre aux années Couillard et il reprendra le pouvoir, a soutenu M. Lisée. Nous allons être une équipe redoutable. Nous serons la voix de l'inquiétude des Québécois» quant au sort de langue française, entre autres.

«On a raison d'être déçus, mais je peux vous dire une chose: on ne lâchera jamais, a dit de son côté Bernard Drainville. On va se remettre au travail, se rassembler et revenir encore plus fort pour gagner la prochaine élection.» Le projet souverainiste, «on va continuer à le porter, et on ne l'abandonnera jamais!», a-t-il ajouté. Les militants se sont aussitôt mis à scander un slogan qu'on a rarement entendu en campagne: «On veut un pays! On veut un pays!»

Une soirée de déception

À 20h22, une douche froide s'est abattue sur la centaine de militants réunis à Montréal lorsque TVA a annoncé l'élection d'un gouvernement du Parti libéral. L'ambiance est devenue lugubre quand Radio-Canada confirmait à 20h42 que la majorité des sièges allait au PLQ.

Plusieurs ministres sont tombés au combat: Bertrand St-Arnaud (Chambly), Yves-François Blanchet (Johnson), Réjean Hébert (Saint-François), Diane De Courcy (Crémazie), Pierre Duchesne (Borduas) et Élizabeth Larouche (Abitibi-Est).

L'ex-leader étudiant Léo Bureau-Blouin, tête d'affiche du PQ, a mordu la poussière dans Laval-des-Rapides. Et l'ancienne présidente de la FEUQ, Martine Desjardins, risquait la défaite dans Groulx au moment de mettre sous presse.

Pauline Marois avait misé gros sur la Mauricie et le Centre-du-Québec, où sa caravane s'est arrêtée à maintes reprises. Or, la Mauricie est passée en entier dans le camp libéral et le Centre-du-Québec, à la CAQ.

Dans le 450, où Pauline Marois a également concentré ses efforts, le PQ a perdu des circonscriptions au lieu d'en gagner. La CAQ s'est emparée de Mirabel, Deux-Montagnes et Chambly, par exemple.

Au cours de la campagne électorale, Pauline Marois n'a pas mis les pieds dans les régions éloignées, où son parti avait fait un balayage en 2012. Or, les circonscriptions d'Abitibi-Est, de Dubuc, des Îles-de-la-Madeleine et de Roberval - la circonscription de Philippe Couillard - ont basculé dans le camp libéral.