La «révolution du courage» n'a pas eu lieu. Mais avec l'élection projetée de 22 députés, lundi soir, la Coalition avenir Québec a prouvé qu'elle est désormais une «force politique incontournable», selon son chef François Legault.

Au moment de mettre en ligne, la CAQ était en voie de recueillir 23 % des suffrages et de faire élire 3 députés de plus qu'aux élections de septembre 2012. Elle obtient ainsi le statut de parti officiel à l'Assemblée nationale, ce qui lui garantit des budgets et du temps de parole en chambre.

«On a prouvé dans cette campagne que la CAQ est une force politique incontournable, a lancé M. Legault. Je pense qu'on a franchi une étape, on a passé notre test dans cette élection, celui de la maturité politique.»

La CAQ a perdu quatre sièges dans la région de Québec, tous au profit des libéraux. Elle a toutefois réalisé des gains importants dans les couronnes nord et sud de Montréal.

Cette performance semblait impensable il y a deux semaines, alors qu'un sondage CROP-La Presse ne lui accordait que 13 % des intentions de vote.

La soirée de lundi s'annonçait d'ailleurs mortuaire. Le silence régnait dans le Centre de formation professionnelle des Riverains, à Repentigny, lorsque les premiers résultats ont été dévoilés. Plusieurs dans la salle avaient les yeux rougis lorsque les réseaux de télé ont prédit, l'un après l'autre, une victoire du Parti libéral.

Les stratèges caquistes restaient optimistes. Ils s'attendaient à ce que le vote par anticipation, dépouillé en premier, soit plus favorable au Parti libéral. De fait, au fur et à mesure que la soirée avançait, les projections accordaient de plus en plus de sièges à la CAQ.

«Même si les résultats - on va se dire les vraies choses - ne sont pas à la hauteur de nos attentes, c'est clair qu'on a semé pour l'avenir», a dit François Legault, qui compte rester à la tête du parti pour la durée de son mandat.

Le chef caquiste a mené ce qu'il a appelé une «anti-campagne». Il a refusé de lancer des promesses coûteuses pour séduire les électeurs. Il s'est plutôt présenté comme le champion du «changement», appelant les électeurs à faire preuve de «courage» pour tourner le dos aux «vieux partis».

Cette stratégie a été mise à rude épreuve par l'entrée en scène de Pierre Karl Péladeau. Le poing brandi du candidat-vedette du Parti québécois a fait d'un possible référendum sur l'indépendance le thème central de la campagne. Une position inconfortable pour la CAQ, qui propose de mettre en veilleuse la question nationale.

Deuxième débat des chefs

La performance endiablée de François Legault au deuxième débat des chefs a toutefois permis de renverser la vapeur. Des sondages publiés dans le dernier droit indiquaient une progression importante des appuis de la CAQ.

«La soirée ressemble à la campagne, a observé Jean-François Roberge, qui a battu le ministre péquiste Bertrand St-Arnaud dans Chambly. On est partis en dernier, on remonte, on remonte, mais on manque de temps. J'imagine que ç'aurait été autre histoire si le vote avait eu lieu lundi prochain.»