Quoi dire pour avoir l'air politico-branché lors de la soirée électorale? Voici cinq affirmations à lancer/texter/clavarder/tweeter/facebooker le soir des élections pour avoir l'air de s'y connaître un brin en analyse politique québécoise.

«Les électeurs d'Abitibi-Ouest sont fidèles. Très fidèles.»

S'il est réélu ce soir, le député péquiste François Gendron va fracasser le 14 avril le record de longévité pour un élu québécois à l'Assemblée nationale. François Gendron, vice-premier ministre, est député d'Abitibi-Ouest depuis 1976. Une époque qui, pour les électeurs de moins de 35 ans, semble parfaitement préhistorique.

«Les Madelinots pourraient donner le ton.»

Comme les bureaux de scrutins des Îles-de-la-Madeleine ferment à 20h, heure des Maritimes, alors qu'il n'est que 19h dans le reste du Québec, les résultats de la circonscription sont habituellement les premiers diffusés. Et les Madelinots ont le plus souvent voté pour un député du parti au pouvoir (six exceptions sur une trentaine d'élections). La dernière fois, la péquiste Jeannine Richard avait remporté son pari dans l'archipel.

«On peut être sûr d'une chose, c'est que le premier ministre ne sera pas avocat.»

Ce n'est pas banal. La très, très grande majorité des premiers ministres québécois - 22 sur 30 - avaient une formation d'avocat. Cette fois-ci, Pauline Marois a un baccalauréat en service social et une maîtrise en administration des affaires, Philippe Couillard est neurochirurgien et François Legault a étudié l'administration des affaires (bac et MBA), la finance et la comptabilité publique. Avant Mme Marois, le dernier premier ministre à ne pas avoir été membre du Barreau est Jacques Parizeau.

«Tout se joue dans le 450.»

C'est dans les couronnes nord et sud de Montréal où l'on s'attend à ce que la lutte soit la plus serrée. Qui conservera ses sièges? Qui réussira à en arracher de nouveaux? Les yeux sont particulièrement tournés vers La Prairie, Montarville, Laval-des-Rapides et L'Assomption.

«Y a pas que les partis politiques qui mènent une lutte à trois ce soir.»

En 2012, le réseau de télévision CTV a annoncé en premier l'élection de Pauline Marois à 20h43. TVA (à 20h50) et RadioCanada (à 20h59) ont suivi. Le même podium s'est répété un peu plus tard pour confirmer l'élection d'un gouvernement minoritaire. En 2008 et en 2011, TVA avait aussi pris RadioCanada de vitesse pour l'élection des conservateurs à Ottawa.

DEUX MOMENTS INOUBLIABLES

Si vous avez raté quelques soirées électorales depuis 20 ans, voilà deux moments forts qui ont marqué le périlleux exercice de la télédiffusion en direct des résultats de scrutin...

Michel Chartrand nargue Bernard Derome (1998)

Le syndicaliste Michel Chartrand (sur la photo) ne connaissait pas la langue de bois. Aux élections de 1998, il s'était présenté dans Jonquière contre celui qui allait être premier ministre, Lucien Bouchard. Interrogé par un journaliste en direct le soir du vote, Chartrand en profite pour haranguer l'animateur Bernard Derome et les médias, les traitant de «pourritures» et «d'appendices du pouvoir». Derome lui souhaite néanmoins un bon 82e anniversaire, ce à quoi Michel Chartrand rétorque : «le human interest, ça me fait ch...»

La saga «rigueur, rigueur, rigueur» (2007)

Ce soir-là, à Radio-Canada, Bernard Derome annonce la défaite du premier ministre Jean Charest dans sa circonscription de Sherbrooke. Mais les pronostics sont faux et la réélection de Jean Charest est finalement confirmée un peu plus tard. À TVA, Pierre Bruneau jubile en soulignant que son équipe avait bien fait de jouer de prudence. «Rigueur, rigueur, rigueur!», martèle-t-il en ondes. La formule frappe, fait l'histoire et revient aujourd'hui chaque fois qu'un journaliste se fourvoie dans un reportage. Même Bernard Derome ne pourra s'empêcher de répéter «rigueur, rigueur, rigueur» en 2008, en décochant une flèche subtile à son concurrent.