Même s'il dit ne pas «assumer la culpabilité de qui que ce soit», Philippe Couillard croit que Claude Blanchet «doit répondre aux questions».

Radio-Canada a révélé lundi  que M. Blanchet aurait sollicité des dons pour sa femme Pauline Marois en 2007 auprès de firmes de génie-conseil. Une analyse de Québec solidaire a déjà révélé que les deux tiers des dons de la campagne à la chefferie de Mme Marois venaient de firmes de génie-conseil (80 000 sur 123 000 dollars), avec une moyenne de 2000 dollars par donateur.

M. Blanchet a nié catégoriquement les allégations du reportage. Ses avocats ont aussi envoyé une lettre à Radio-Canada. 

Mais «il y a toujours des questions à poser», a dit M. Couillard. Lesquelles? Il n'a pas voulu développer. «Mon plan aujourd'hui, c'est de parler de déficit, de pertes d'emploi, de la relance de l'économie du Québec. Le reste des sujets, je vous les laisse», a-t-il dit. Il était accompagné par son "trio économique", soit ses candidats Carlos Leitao, Martin Coiteux et Jacques Daoust. 

Le chef libéral a souligné «la discordance, ou la dissonance, entre ce qu'on a entendu hier et les prétendues déclarations de pureté du Parti québécois depuis deux ou trois ans. On donnait beaucoup de leçons aux autres. Souvenez-vous du foulard blanc. Il est singulièrement taché, troué même, on le voit aujourd'hui.»

Pour le reste, il n'a pas voulu parler davantage de l'affaire. «C'est votre travail, vous, les médias, de poser des questions», a-t-il justifié, avant de recommencer à parler d'économie.

Le reportage de Radio-Canada s'appuie sur une déclaration assermentée d'un homme du génie-conseil qui dit connaître M. Blanchet depuis 15 ans. La «raison principale» pour son aide financière: avoir un « accès privilégié » à Mme Marois, a-t-il dit dans sa déclaration. Il a aussi déjà donné au Parti libéral.  

Le journaliste Alain Gravel cite également deux employés de firmes de génie-conseil qui auraient fait un don au Parti québécois de Mme Marois en 2008. Ce don leur aurait été remboursé par leur employeur.

Le reportage est «hautement diffamatoire», a jugé l'avocat de M. Blanchet.  Mme Marois croit qu'il s'agit d'une «vengeance» pour lui nuire à quelques jours du vote. Qu'en pense M. Couillard ? «Je n'irai même pas sur ces hypothèses. Je suis ici pour parler d'économie.»

Nouvel environnement

Le chef libéral reconnaît que «l'environnement a beaucoup changé depuis quelques années». Le gouvernement Charest a abaissé de 3000 à 1000 dollars la limite des dons aux partis politiques. Le gouvernement Marois, avec l'appui de l'opposition, est allé plus loin en l'abaissant à 100 dollars. Et il a plafonné aussi les dépenses en campagne électorale. L'influence de l'argent et la possibilité de recourir aux prête-noms ont grandement diminué depuis, reconnaît M. Couillard.

Les dons transitent aussi maintenant par le Directeur général des élections, ce qui permet de mieux les vérifier. «Quelqu'un dans mon entourage qui récemment a reçu un coup de téléphone du DGE, parce qu'il avait fait deux contributions avec deux adresses différentes, et le DGE voulait vérifier (pourquoi). Je pense que le niveau de vérification est là», a raconté le chef libéral.