François Legault a un tic nerveux: il «pince les lèvres» quand il est contrarié. Pauline Marois, elle, «adopte régulièrement une posture particulière (tête relevée)».

Dans le cahier destiné à Philippe Couillard, les stratèges libéraux ont compilé une quantité étonnante de détails, souvent très personnels, sur ses adversaires de la campagne électorale. 

Dans la brique de plus de 600 pages produite cet automne puis remise à jour tout récemment par les stratèges libéraux, les quelques pages consacrées à brosser le portrait des chefs du PQ, de la CAQ et même de Québec solidaire recensent de nombreux faits connus. Mais par moments, les limiers du PLQ atteignent un degré de précision sidérant dans des observations qui vont bien au-delà de la joute politique. 

Bien souvent, on ressasse des citations publiques ou des faits de notoriété publique, mais on y va aussi d'informations strictement personnelles.

François Legault

Sur la fiche de François Legault, les libéraux définissent son «statut financier»: «millionnaire (vraisemblablement entre 30 et 40 millions avant la crise de 2008)», précise le document.

 «Ils n'ont vraiment pas grand-chose à faire», réplique Martin Koskinen, principal conseiller du chef de la Coalition. La fortune de François Legault avoisinerait plutôt la dizaine de millions, mais il est vrai qu'il pince les lèvres quand quelque chose l'agace, dira Koskinen, amusé.

En matière de «scandales» du chef caquiste, les enquêteurs du PLQ semblent revenus bredouilles. On évoque tout au plus des «remarques désobligeantes pour les femmes et les pilotes d'avion». On relève aussi qu'il «a déclaré vouloir remplacer tous les sous-ministres des sociétés d'État ne pensant pas comme lui». 

On n'est pas tendre à l'endroit de Legault, qualifié de «girouette» pour avoir déclaré être en politique pour tout au plus cinq ans, puis dix. 

On relève plusieurs citations controversées, notamment: «Les filles attachent moins d'importance au salaire que les garçons.» On relève aussi qu'il «n'est pas apprécié auprès de l'électorat féminin».

Pauline Marois

Sur Pauline Marois, on évoque comme prévu les controverses entourant son ancienne résidence de l'île Bizard et le «deal» survenu quand la FTQ a injecté 10 millions dans Capital BLF, une société de son conjoint, Claude Blanchet. On observe aussi qu'elle a tendance à lever le menton quand elle s'adresse en public. On critique en outre sa voix.

Élément amusant dans ce qui doit être le livre de chevet de Philippe Couillard durant la campagne électorale, à titre de «principales réalisations» de Pauline Marois, les limiers libéraux ont retenu qu'«elle a vaincu Jean Charest», avant de rappeler qu'elle avait traversé «d'intenses contestations au sein de son propre parti». 

On relève aussi que la première première ministre du Québec a fait adopter la loi 1 contre la corruption dès le début de son mandat et mis en place la loi sur le financement des partis politiques. On souligne enfin que c'est elle qui a «instauré les garderies à 5$», qu'elle a mis fin à l'exploitation de l'amiante, fermé Gentilly-2 et annoncé l'exploration pétrolière de l'île d'Anticosti.

Françoise David

On est plus indulgent avec Françoise David, «mariée à François Larose et mère d'un garçon», commence-t-on. On ajoute rapidement que «bien qu'elle cherche à couper le financement public des écoles privées, elle a envoyé son fils au collège Mont-Saint-Anne de Sherbrooke pendant une année». On rappelle son cheminement professionnel, le manifeste Pour un Québec solidaire en réponse à la prise de position des «lucides» en 2005. 

Elle s'est retrouvée dans une délégation humanitaire en Irak pour dénoncer l'embargo américain. 

On rappelle aussi qu'elle avait été «identifiée par les autres candidats comme étant LA gagnante du débat des chefs 2012». On lui a retrouvé une citation embarrassante. Aux élections de 2007, elle avait dit de la plateforme électorale de son parti: «Cela ne fera pas fuir Alcan, il n'y a aucun danger!»

On rappelle qu'elle vient d'une famille «très politisée». Son frère Charles-Philippe est un universitaire spécialisé en questions stratégiques, sa soeur Thérèse était vice-présidente communications au Journal de Montréal dans les années 90, puis à TQS jusqu'en 2007. Son autre soeur, Hélène, sous-ministre adjointe à l'Enseignement supérieur, sera candidate libérale dans Outremont. Son père, le Dr Paul David, avait été nommé sénateur par Brian Mulroney. Françoise David est la petite-fille d'Athanase David, ministre libéral à Québec, puis sénateur à Ottawa. Son arrière-grand-père Laurent Olivier avait lui aussi été député libéral provincial puis sénateur. Les enquêteurs libéraux se sont assurés que leur chef Philippe Couillard ne manque pas d'informations sur les ascendants de la députée de Gouin.