Le Parti québécois se dit inquiet que les élections générales au Québec puissent être «volées par des gens de l'Ontario et du reste du Canada» et demande au Directeur général des élections de prendre des «mesures exceptionnelles» pour protéger l'intégrité du processus électoral.

«Je ne pourrais pas concevoir que l'on revienne à des tactiques douteuses. Il ne faut pas que les électeurs québécois se fassent voler les élections. C'est déjà arrivé dans le passé, on ne veut pas revivre le passé», a affirmé dimanche matin lors d'un point de presse au centre-ville de Montréal la candidate péquiste dans la circonscription de Pointe-aux-Trembles, Nicole Léger. 

«Est-ce que les élections du 7 avril pourraient être volées par des gens de l'Ontario et du reste du Canada? Je vais vous dire, à la lumière de ce qu'on voit aujourd'hui, c'est très inquiétant», a par la suite martelé son collègue candidat dans la circonscription de Chambly, le ministre sortant de la Justice, Bertrand St-Arnaud.

Le PQ demande au Directeur général des élections (DGEQ) d'accompagner «de façon serrée» les commissions de révisions, l'instance où se rendent les citoyens qui veulent s'inscrire sur la liste électorale, et de produire des rapports quotidiens de la situation.

Les péquistes veulent aussi que le DGEQ procède à des vérifications post-inscription dans les circonscriptions où les demandes d'ajout à la liste électorale sont plus élevées qu'en temps normal. 

Dimanche matin, La Presse rapportait que cinq circonscriptions étaient particulièrement touchées par un nombre inhabituellement élevé d'étudiants anglophones et allophones qui veulent voter le 7 avril prochain. 

Les commissions de révision de Sainte-Marie-Saint-Jacques, Saint-Henri-Sainte-Anne et Westmount-Saint-Louis, situés à Montréal, mais aussi Saint-François et Sherbrooke, en Estrie, sont bombardées de requêtes d'étudiants qui souhaitent s'inscrire sur la liste électorale. Or, un certain nombre d'entre eux ne seraient pas domiciliés au Québec.

«Quand on veut s'inscrire sur la liste électorale, l'un des critères est la notion de domicile, mais les gens ne comprennent pas ce que ça signifie. Un bail n'est pas suffisant. Nous avons donc produit un document d'information que nous distribuerons et nous revoyons la formation des membres des commissions de révision pour que les gens soient outillés pour traiter les demandes soumises», a expliqué le porte-parole du directeur général des élections du Québec (DGEQ), Denis Dion.

Parmi les jeunes anglophones et allophones qui veulent voter, certains sont uniquement de passage au Québec pour leurs études et ne peuvent donc pas voter lors d'élections provinciales.

«Chaque électeur, quand il va voter, y va pour une motivation. Quelle serait donc la motivation, en cette période électorale, qui pourrait les pousser à vouloir s'inscrire sur la liste électorale?», s'est questionné M. Dion. La Presse lui a soumis l'hypothèse que l'enjeu d'un possible référendum sur la souveraineté du Québec pouvait expliquer ce phénomène, mais le porte-parole du DGEQ n'a pas voulu aller aussi loin.

Le Devoir rapportait samedi que le président de la commission de révision de la circonscription de Sainte-Marie-Saint-Jacques, Mathieu Vandal, avait démissionné de son poste, croyant ne plus être en mesure de réviser les requêtes soumises par de nombreux étudiants.

«C'est comme si l'aéroport international Montréal-Trudeau était grand ouvert et qu'on distribuait les visas gratuitement à ceux qui passent, sans poser de questions», affirmait M. Vandal au quotidien.

Les conditions pour s'inscrire sur la liste électorale du Québec

- Avoir 18 ans

- Être citoyen canadien

- Être domicilié* au Québec depuis au moins six mois

* Pour être «domicilié» au Québec, il faut que sa vie «civile» se passe dans la province, explique le DGEQ. Payer ses impôts au Québec, avoir une carte d'assurance maladie du Québec ou détenir un permis de conduire de la province constitue des éléments de preuve. Produire un bail, toutefois, ne suffit pas.