Pauline Marois demande à Ottawa de payer toute la facture du projet de voie de contournement à Lac-Mégantic pour que les trains n'y circulent plus au centre-ville.

«(Le transport ferroviaire), c'est leur responsabilité», a-t-elle lancé mardi matin lors d'une visite au parc national du Mont-Mégantic, où elle présentait ses engagements en matière de tourisme. L'annonce se déroulait à l'ASTROLab, et non à Lac-Mégantic, mais le sujet a été abordé en conférence de presse.

«Nous ne savons pas le coût que pourrait représenter une voie de contournement. On parle de sommes qui pourraient aller jusqu'à 150, 175 millions de dollars», a affirmé la chef du Parti québécois (PQ).

«On est prêt à accompagner la communauté pour faire l'évaluation de cela, voir quel est le coût réel», s'est-elle engagée. Mais le fédéral devra ensuite payer la réalisation du projet.

Les négociations avec le Fortress Investment Group devraient se terminer en mars, prévoit-elle. 

Depuis la tragédie qui a fauché 47 vies en juillet, Québec et Ottawa se sont partagé  une facture de 150 millions pour indemniser la communauté. Mais plusieurs millions devront encore être dépensés en décontamination. Québec négocie encore avec le gouvernement conservateur pour partager cette facture additionnelle. 

Le fédéral a-t-il rempli ses devoirs depuis la tragédie? «Je ne veux pas rouvrir cette boîte de Pandore. Ç'a été déjà assez compliqué d'arriver là. On a fait les batailles qu'on pouvait. L'important, c'est que les gens de Lac-Mégantic ont été aidés», a-t-elle répondu, tout en notant qu'elle poursuivra la bataille pour obtenir les sommes encore dues selon elle à la communauté.

Le gouvernement Harper avait promis de rester neutre dans la campagne, mais de répliquer si son bilan est attaqué. Au bureau du lieutenant de Stephen Harper au Québec, Denis Lebel, on a refusé de répondre directement à la demande de Mme Marois, mardi.

« Nous n'avons pas du tout l'intention de nous mêler de l'élection provinciale, a indiqué dans un courriel le porte-parole du ministre, Benoît Fortin. Nous allons travailler avec le gouvernement que les Québécois éliront, en fonction de nos intérêts communs, comme l'économie, la création d'emplois et la prospérité à long terme. »

L'été dernier, Mme Marois avait rallié ses homologues des autres provinces canadiennes pour exiger qu'Ottawa contrôle mieux le transport des matières dangereuses. Elle avait aussi abordé le sujet avec des gouverneurs de la Nouvelle-Angleterre.

Ottawa avait ignoré des signaux d'alarme avant la tragédie. On a depuis implanté de nouvelles normes, notamment pour les wagons-citernes. Mais ces normes demeurent insuffisantes, selon le Bureau de sécurité de transport. La chef du PQ juge aussi ces normes insuffisantes.

Les victimes de Lac-Mégantic ont par ailleurs poursuivi le gouvernement fédéral, accusant Transports Canada de « grossière négligence » dans son encadrement de la Montreal Maine & Atlantic Railway.

Avec Martin Croteau à Ottawa