Pauline Marois sera invitée à Tout le monde en parle le 6 avril, la veille du scrutin. Une décision basée sur le même processus équitable que lors des dernières élections, explique l'animateur Guy A. Lepage.

«Comme d'habitude, on a donné le choix de la date aux partis, en fonction de leur nombre de députés. Ces règles s'appliquent depuis les débuts de l'émission.»

Les péquistes, qui détiennent le plus grand nombre de sièges, ont choisi le dimanche 6 avril. Les libéraux passeront la semaine précédente. Les caquistes ont choisi la deuxième semaine. Les solidaires ont déjà accompli l'exercice, dimanche soir avec Françoise David.

Ce n'est pas forcément un avantage pour les péquistes, explique M. Lepage. À l'automne 2008, il y a eu une campagne fédérale puis provinciale. Gilles Duceppe et Jean Charest avaient le premier choix. Et les deux ont opté pour un passage lors de la première émission, rappelle l'animateur. «Ça peut être une façon d'imposer son thème dans la campagne. Jean Charest l'avait fait en venant dire qu'il voulait les deux mains sur le volant, et il a gagné.»

Si un chef est interviewé la veille des élections et fait une gaffe, il n'aura pas le temps de la réparer, ajoute M. Lepage.

Et il perd la chance de parler aux électeurs avant le vote par anticipation. «De façon générale, le premier ministre de n'importe quel parti est toujours sur le hot seat. Il doit défendre un bilan, ce qui n'est pas le cas des chefs de l'opposition. L'interview est donc plus risquée pour lui.»

En 2011, Jack Layton fut le premier chef interviewé à l'émission durant la campagne, et son interview avait contribué à lancer la vague orange qui allait déferler sur le Québec.

Lors de la campagne électorale en août 2012, l'émission était en pause estivale.

S'il avait eu le choix, l'animateur aurait devancé les interviews avec les chefs pour ne pas devoir en diffuser une la veille du scrutin. Ce fut le cas lors de la dernière émission diffusée durant la campagne provinciale de 2008. On avait invité les membres de Club des Ex pour offrir une diversité de perspectives. Mais la campagne actuelle ne dure que 35 jours et Tout le monde en parle fera relâche le 23 mars pour laisser la place au gala des Jutra.

Dans le passé, l'Ombudsman n'avait jamais reçu de plaintes à cause de la méthode de l'émission. Mais une vingtaine de personnes se sont plaintes dimanche. Selon la procédure, la direction de la société d'État leur offrira une réponse. Si les plaignants ne sont pas satisfaits, ils pourront appeler de la décision à l'Ombudman, qui fonctionne comme un tribunal d'appel.

L'Ombudsman, Pierre Tourangeau, n'a pas voulu se prononcer dimanche. «Mon mandat ne me permet pas de donner d'opinion à moins qu'une plainte se rende à mon bureau», dit-il. Il affirme qu'il a la réputation d'agir «très vite». Il est donc possible qu'il doive rendre une décision avant la fin de la campagne électorale.

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L'animateur de Tout le monde en parle Guy A. Lepage.