Le Parti québécois (PQ) largue son projet de loi sur la citoyenneté et reprend une idée de Fatima Houda-Pepin pour lutter contre l'intégrisme.

Pour le reste, sans surprise, la plateforme électorale du PQ s'inscrit dans la continuité. Le gouvernement péquiste minoritaire n'a vécu que 18 mois, et plusieurs projets restaient encore en chantier.

Ce qui a surtout changé, selon la chef Pauline Marois, c'est que son nouveau rival serait le plus fédéraliste des chefs du Parti libéral du Québec (PLQ). «Je l'ai entendu défendre avec passion le Canada, la citoyenneté canadienne (...) Il pense, parle et agit comme un chef du Parti libéral du Canada», a lancé Mme Marois au sujet de Philippe Couillard.

«Même Jean Charest» avait «défendu les intérêts de notre nation», a-t-elle raconté devant environ 700 militants réunis à Laval. Ils ont approuvé la plateforme à l'unanimité.    

Mme Marois n'y promet pas de référendum dans un premier mandat. Elle s'engage seulement à déposer un livre blanc sur l'avenir du Québec. «J'aimerais que ce soit le plus tôt possible, mais on ne bousculera pas les Québécois», a-t-elle promis.

Comme c'est le cas depuis le début de la campagne, elle a parlé de la Charte de la laïcité, sans toutefois en faire un thème majeur de son discours.

La rencontre se déroulait sous haute sécurité, avec des fouilles avec détecteur de métal, comme à l'aéroport.

Centre sur l'intégrisme

La plateforme péquiste promet de «mettre sur pied un centre de recherche sur les crimes dits d'honneur et la lutte à l'intégrisme». C'était proposé par l'ex-députée libérale  Fatima Houda-Pepin dans son projet de loi déposé en février à l'Assemblée nationale. Comme le veut l'habitude, la plateforme ne donne pas de détails. Il faudra attendre une annonce plus détaillée  durant la campagne électorale.

Selon le projet de Mme Houda-Pepin, un rapport sur l'intégrisme serait déposé chaque année. Il pourrait mener à des sanctions, comme la «révocation de l'enregistrement d'un organisme de bienfaisance aux termes de la Loi sur les impôts».

Mme Houda-Pepin proposait toutefois un compromis sur le port de signes religieux ostentatoires, basée sur la recommandation du rapport Bouchard-Taylor.

Pas de loi sur la citoyenneté

Au lieu de déposer un projet de loi sur la citoyenneté, Mme Marois laisserait les militants en débattre, s'ils le souhaitent, dans le cadre de la consultation sur le livre blanc sur l'avenir du Québec.

Lors de la dernière campagne électorale, Mme Marois avait durci cette proposition, qui ciblerait désormais les anglophones, autochtones et nouveaux arrivants n'ayant pas une «connaissance appropriée» du français. Elle voulait leur retirer le droit de financer un parti, déposer une pétition ou se présenter aux élections. Mais elle avait finalement reculé le lendemain au sujet des autochtones et anglophones, et ne visait plus que les nouveaux arrivants.

Le PQ sera déjà assez occupé avec deux dossiers identitaires très costauds, son projet de Charte sur la laïcité et son livre blanc sur l'avenir du Québec.

«Je trouve qu'avec la Charte, on fait un grand pas en avant sur la définition d'une citoyenneté québécoise, a dit Bernard Drainville pour justifier la mise de côté du projet de loi sur la citoyenneté. La laïcité, c'est un principe citoyen très important.»

Il n'ose toutefois pas dire que ce projet est «écarté». Les militants pourront essayer s'ils le veulent de le ressusciter. Mais personne n'a manifesté d'appétit en ce sens.

François Legault a tourné au ridicule les propositions du Parti québécois.

«Il y a rien de nouveau, sauf peut-être sur le référendum. Il y a deux ans c'était un référendum d'initiative populaire, maintenant c'est un référendum de l'initiative de Mme Marois»,  a lancé M. Legault au cours d'un point de presse. «Elle vit vraiment sur une autre planète.»

- Avec Philippe Teiscera-Lessard