Une des traditions électorales les plus profondément ancrées s'est encore confirmée mardi soir: le Parti libéral du Québec (PLQ) a conservé ses châteaux forts dans l'île de Montréal, où il a raflé 20 circonscriptions sur 28, soit son score de 2008.

Onze victoires ont été obtenues avec des majorités supérieures à 10 000 voix.

Quant au Parti québécois (PQ), il a baissé pavillon dans une des sept circonscriptions qu'il détenait, celle de Gouin. Dans ce qui a constitué un des grands revirements de la soirée, la co-porte-parole de Québec solidaire, Françoise David, a battu le député péquiste Nicolas Girard par plus de 4400 voix.

Mme David rejoindra à l'Assemblée nationale son collègue Amir Khadir, qui a séduit la circonscription de Mercier pour la seconde fois. Il a multiplié par huit la majorité qu'il avait obtenue en 2008 en battant son adversaire péquiste Jean Poirier par plus de 7026 voix.

Majorités spectaculaires

Le PQ a par ailleurs conservé son siège dans Sainte-Marie-Saint-Jacques, où Daniel Breton a surclassé Manon Massé, de Québec solidaire, par plus de 2373 voix.

Dans la circonscription imprévisible de Laurier-Dorion, la péquiste Badiona Bazin a livré une chaude lutte au député libéral sortant Gerry Sklavounos. Les deux candidats se sont échangé la première place toute la soirée. Le député libéral l'a finalement emporté avec plus de 2086 voix de majorité.

Dans Verdun, le vétéran libéral Henri-François Gautrin a finalement sauvé son siège de justesse, l'emportant par moins de 524 voix sur son adversaire péquiste Thierry St-Cyr.

Ailleurs, les libéraux et les péquistes ont gardé leurs acquis, parfois avec des majorités spectaculaires, notamment dans l'Ouest-de-l'Île en ce qui concerne les premiers. Les premières victoires confirmées ont notamment été celles de Lawrence Bergman dans D'Arcy-McGee (plus de 19 613 voix de majorité), de Geoffrey Kelly dans Jacques-Cartier (19 225 voix) et de Jean-Marc Fournier dans Saint-Laurent (17 389 voix). L'ancien porte-parole de la Sûreté du Québec Robert Poëti, qui a pris la relève du ministre Clément Gignac dans Marguerite-Bourgeoys, a remporté l'élection avec une majorité tout aussi respectable de plus de 13 049 voix, au moment de mettre sous presse.

Dans Bourassa-Sauvé, fief de la ministre démissionnaire Line Beauchamp, les électeurs ont fait confiance à sa successeure Rita De Santis et lui ont accordé une avance de plus de 4446 voix.

La CAQ se faufile

Si la Coalition avenir Québec (CAQ) a échoué à faire son entrée dans l'île, elle a cependant obtenu quelques résultats honorables dans des circonscriptions à forte concentration d'électeurs anglophones et allophones. Dans au moins cinq de ces luttes, notamment dans Westmount-Saint-Louis et dans Saint-Laurent, la CAQ a surclassé le PQ et obtenu la deuxième place.

Le parti de François Legault a par ailleurs fait le même coup aux libéraux à l'est du boulevard Saint-Laurent. Il s'est notamment emparé de la deuxième position dans les circonscriptions de Bourget et de Pointe-aux-Trembles, reléguant le PLQ au troisième rang.

Une des candidates-vedettes du Parti québécois, Diane De Courcy, présidente de la Commission scolaire de Montréal, pourra faire son entrée au caucus. Malgré les déchirements internes dans la circonscription de Crémazie, qui avait élu Lisette Lapointe en 2008, Mme De Courcy a obtenu une victoire convaincante, forte d'une majorité de plus de 3235 voix. En 2008, Mme Lapointe s'était faufilée de justesse vers la victoire avec une avance de 170 voix.

L'autre vedette du PQ à Montréal, Jean-François Lisée, a remporté la circonscription de Rosemont, surclassant sa rivale libérale Madwa-Nika Phanord-Cadet par plus de 8639 voix. Dans Pointe-aux-Trembles, Nicole Léger a été réélue avec une majorité de 7761 voix sur le caquiste Guy Boutin.

C'est au député sortant Maka Kotto que revient la palme de la majorité péquiste la plus importante: il a conservé sa circonscription de Bourget avec plus de 8746 voix d'avance sur Mario Bentrovato, de la CAQ.