S'il est élu, Jacques Duchesneau ne profitera pas de son immunité parlementaire pour identifier en chambre les trois ministres libéraux qui auraient séjourné sur le yacht de Tony Accurso.

«Je ne veux surtout pas nuire à la commission Charbonneau. Laissons la commission faire ses travaux, qui recommencent le 17 septembre. Vous serez à même de constater ce qui va être dit», a-t-il lancé en marge de la dernière conférence de presse de la campagne de la Coalition avenir Québec.

Il y a trois semaines, M. Duchesneau se disait prêt à témoigner à nouveau, même durant la campagne électorale. Il a affirmé ce matin ne plus vouloir retourner à la commission Charbonneau. «Je pense que j'ai fini mon travail à la commission Charbonneau, a-t-il expliqué. J'ai transmis les noms des personnes qui ont collaboré avec moi. La commission travaille avec ces personnes. Et franchement, depuis mon entrée en politique, je n'ai eu aucun contact avec la commission.»

Le candidat caquiste (Saint-Jérôme) et ancien patron de l'Unité anticollusion avait indiqué la semaine dernière connaître trois ex-ministres libéraux qui auraient séjourné sur le luxueux bateau de l'homme d'affaires controversé. Jean Charest l'a défié de les nommer. Il n'a pas voulu le faire.

Mis au parfum de ces nouveaux propos du candidat-vedette de la CAQ, Jean Charest ne s'est pas gêné pour les dénoncer. Le chef libéral l'a une fois de plus mis au défi de prouver ses allégations.

«Le thème de certains en politique, ça a été de salir pour élire, a-t-il dit lors d'un point de presse à Québec. Si M. Duchesneau a des noms, qu'il les nomme donc. S'il n'a pas de noms, qu'il se rétracte. S'il ne se rétracte pas, on aura compris qu'il aura menti.»

La commission Charbonneau aurait ces informations. Des témoins pourraient les révéler, a-t-il indiqué ce matin.

M. Duchesneau a une fois de plus déploré que le gouvernement Charest ait déclenché des élections avant la reprise des travaux de la commission.

Suspendre le maire de Mascouche

Pour montrer qu'elle est prête à gouverner, la CAQ a présenté ce matin le texte du projet de Loi 1 qu'elle déposerait après l'élection.

M. Legault donnait d'ailleurs sa dernière conférence de presse de la campagne en face de l'hôtel de ville de Mascouche, avec M. Duchesneau et son candidat dans la circonscription locale (Masson), Christian Gauthier. «Le Parti québécois a dit qu'il mettrait en tutelle la ville. Nous, on pense que ce n'est pas la ville qu'il faut mettre en tutelle. On suspendrait le maire Marcotte, le temps de terminer les enquêtes», a-t-il annoncé.

Même si le maire fait face à plusieurs chefs d'accusation de fraude, de complot et de corruption, il veut rester en poste jusqu'aux élections de novembre 2013.

Le 16 mai dernier, le PQ avait déposé une motion pour demander que le gouvernement «intervienne afin que le maire de Mascouche se retire du conseil municipal dès maintenant.» Dans les débats, le PQ avait proposé deux moyens: intenter une action en déclaration d'inhabilité ou mettre le maire sous tutelle. Les députés de la CAQ et du Parti libéral avaient voté contre.

La CAQ avait alors expliqué la position qu'elle défend encore aujourd'hui. Son député Daniel Ratthé suggérait de modifier la loi pour qu'un maire doive se retirer lorsqu'il fait l'objet d'une enquête. Cela permettrait de sauver la présomption d'innocence, arguait-il, qui serait violée par la proposition du PQ.

Projet de loi 1

Le projet de loi 1 de la CAQ compte 10 mesures pour lutter contre la corruption. Parmi elles: instituer un poste de commissaire à l'intégrité, qui regrouperait les fonctions du commissaire au lobbyisme et du commissaire à l'éthique. On empêcherait le lobbying entre le dépôt d'un appel d'offres et la signature du contrat.

Les élections se dérouleraient à date fixe. On créerait un poste de directeur parlementaire du budget pour donner un portrait indépendant des finances publiques. Et les dons individuels aux partis politiques passeraient de 300$ à 100$. Le PQ et Québec solidaire partageant ces trois positions.

La CAQ augmenterait aussi les pouvoirs du vérificateur général pour qu'il puisse enquêter sur Hydro-Québec et les autres sociétés d'État.

Les municipalités de plus de 50 000 habitants -et non de plus de 100 000 habitants comme c'est actuellement le cas- auraient un vérificateur général. Un autre poste de vérificateur serait créé pour superviser les municipalités moins peuplées.

La CAQ plafonnerait aussi le financement annuel pour un parti. Il passerait à 2 millions de dollars par année, et à 4 millions en année électorale.

Autre mesure consensuelle: comme les autres partis, la CAQ promet de colmater les brèches dans la loi sur la collusion et la corruption dans l'industrie de la construction. Ces brèches permettent à des entreprises condamnées pour fraude de continuer à soumissionner à des contrats publics.

Pour lutter contre la collusion, si le prix des soumissions est trop élevé, on permettrait en outre aux municipalités d'annuler un appel d'offres et d'en lancer un nouveau sans devoir attendre six mois.

Un nouveau portail gouvernemental afficherait les contrats de 25 000$ et plus.

Enfin, la loi serait changée pour protéger les sonneurs d'alerte (whistleblowers).