Pauline Marois a appelé Paul Piché en renfort, dimanche, au moment d'entreprendre un blitz dans la couronne nord de Montréal.

«Ma présence à Saint-Jérôme, à 48 heures du scrutin, ce n'est pas un hasard. Il se disputera ici une chaude lutte», a reconnu la chef péquiste en conférence de presse. Son député sortant Gilles Robert affronte le candidat-vedette de la CAQ, Jacques Duchesneau. Pauline Marois estime que c'est en bonne partie la Rive-Nord qui scellera le sort de l'élection. «Une partie des appuis que j'aurai ici pourrait faire la différence mardi soir» entre un mandat minoritaire ou majoritaire, a-t-elle affirmé.

Elle était accompagnée de Gilles Robert, du candidat dans Laval-des-Rapides Léo Bureau-Blouin, mais aussi de Paul Piché. L'auteur-compositeur-interprète habite dans les Laurentides, et son père est né à Saint-Jérôme.

«Je sens qu'en ce moment, on vit un moment charnière, vraiment important, a-t-il dit. Je pense que tout le monde, on devrait se mettre ensemble pour faire en sorte qu'on puisse mettre le Parti québécois au pouvoir et remettre le Québec sur la route» vers l'indépendance.

Paul Piché appuie la «gouvernance souverainiste» proposée par Pauline Marois. Cette stratégie consiste à rapatrier des pouvoirs d'Ottawa en attendant de tenir un référendum. «C'est la meilleure façon d'amener les Québécois à faire le choix de la souveraineté», a-t-il plaidé. «C'est le chemin le plus démocratique pour permettre aux Québécois d'être en plein contrôle de tous leurs choix de société. On est sur cette route, je le sens.»

«Moi qui est un souverainiste pressé, honnêtement, je ne veux pas avoir de date de référendum, a-t-il ajouté. Ce n'est pas ça qui est important.» Ce qui l'est à ses yeux, c'est d'obtenir le pouvoir pour mettre en oeuvre la gouvernance souverainiste et «parler aux Québécois de leur avenir». «Si la souveraineté avance, moi, je suis un homme heureux», a-t-il lancé.

En 2008, sans voter pour Québec solidaire, il avait fait un don à Amir Khadir. «Je ne l'ai pas fait cette fois-ci parce que je n'ai pas aimé son discours disant la souveraineté si nécessaire, mais pas nécessairement», a-t-il souligné. Il «respecte» Jean-Martin Aussant, «un plaideur pour la souveraineté comme on n'en a pas vu depuis longtemps». Mais le programme d'Option nationale est à son avis «beaucoup plus compliqué que celui du Parti québécois». «Les Québécois seraient obligés de s'entendre entre eux sur une constitution avant de pouvoir se donner la liberté d'être souverain. Donc on s'éloigne à mon avis. Je ne suis pas d'accord avec leur idée qu'à partir du moment où tu prends le pouvoir, t'enclenches la souveraineté. Ça ne se fait pas comme ça. On ne peut pas rejeter l'histoire du revers de la main. Il y a une jurisprudence politique: on fait des référendums ici et partout dans le monde pour arriver à la souveraineté», a-t-il expliqué.

Après le rassemblement au Métropolis jeudi soir, Paul Piché a offert ses services aux organisateurs péquistes. Le PQ l'a appelé dans les derniers jours.

Bains de foule

De son côté, Gilles Robert reconnaît que la bataille est difficile contre Jacques Duchesneau. Il accuse le caquiste de faire très peu campagne dans la circonscription. «Il envoie des messages préenregistrés par téléphone. J'en ai reçu un moi-même. C'est mal perçu», a-t-il souligné. Dans les derniers jours, M. Robert a reçu l'appui d'Isabelle Gaston, dont les deux enfants ont été assassinés par leur père, l'ex-cardiologue Guy Turcotte. Elle a salué les engagements du PQ pour bonifier le programme d'aide aux victimes d'actes criminels.

Pauline Marois a multiplié les bains de foule dans la couronne nord, dimanche. Elle a été accueillie chaleureusement, en particulier par les femmes. Pour elles, «c'est le signal que tout est possible pour une femme», a avancé Mme Marois comme explication. Si elle est élue, elle voudrait d'ailleurs «tendre vers la parité» au conseil des ministres ou, «si possible», y nommer majoritairement des femmes.

La chef péquiste a fait deux sorties sans filet à Laval, une région toute libérale au moment du déclenchement des élections. Elle s'est rendue dans Sainte-Rose et Mille-Îles.

Puis, elle a jeté l'ancre dans trois circonscriptions péquistes menacées par la CAQ: Masson, Terrebonne - où se présente Gaétan Barrette -, et Berthier.

Pauline Marois se dit «confiante» et «sereine» à deux jours du vote. «Je crois que nous formerons un gouvernement majoritaire mardi soir», a-t-elle dit. «Je constate un air d'aller.»

Devant une centaine de militants réunis à Terrebonne, Mme Marois a soutenu que l'enthousiasme «s'amplifie depuis trois ou quatre jours» chez les péquistes. «Les indécis s'en viennent tranquillement avec nous», a-t-elle ajouté.

En soirée, Pauline Marois s'est rendue dans un restaurant de Lavaltrie, mais pas celui qu'elle avait prévu au départ. Les péquistes ont en effet annulé leur réservation dans une rôtisserie après avoir appris que le chef caquiste François Legault s'y rendait lui aussi. La CAQ avait fait sa réservation avant le PQ. Les péquistes ne voulaient pas d'un face-à-face entre les deux chefs. Ils ont donc choisi de casser la croûte ailleurs. Les deux rassemblements se sont tenus à environ 50 mètres l'un de l'autre, ce qui se voit rarement en campagne.