Une manifestation bruyante, mais pacifique, a amené Jean Charest à annuler une activité publique à Sherbrooke, mercredi. Un épisode qui témoigne d'un contexte «incontournable» dans la présente campagne, selon le chef libéral.

Questionné à savoir si la manifestation constitue un geste d'intimidation, M. Charest a répondu: «Quand on se rend visiter des gens dans un commerce, dans un endroit public, et qu'on menace de déranger et de perturber, je pense que ça dépasse les bornes que je suis prêt à accepter.»

Le chef libéral devait serrer des mains dans un marché public situé au centre-ville de Sherbrooke, au coeur de sa circonscription. Mais entre 40 et 50 étudiants l'y attendaient, brandissant un grand carré rouge pour dénoncer la loi spéciale qui a forcé le retour en classe et restreint le droit de manifester.

Pour éviter les manifestants, Jean Charest a annulé la visite. Les contestataires ont convergé vers l'hôtel où il tenait une conférence de presse. Les policiers ont dressé un cordon pour les empêcher d'approcher l'autobus du chef libéral.

Les étudiants ont scandé des slogans bruyamment, mais il n'y a eu aucun acte de violence physique, ni d'arrestation. Le premier ministre sortant est arrivé sous une pluie de huées, mais il a salué les quelques partisans qui l'applaudissaient à côté des manifestants.

Une fois à l'intérieur, M. Charest a expliqué qu'il souhaitait éviter un affrontement.

«Ce n'est pas un concours de machisme, cette affaire-là, a-t-il dit. Je ne suis pas dans le registre d'essayer d'être le plus gros et le plus fort. Si je peux éviter à des commerçants de Sherbrooke d'avoir à endurer une perturbation, je vais le faire.»

M. Charest a affirmé que le rassemblement témoigne d'un enjeu «incontournable» dans la campagne électorale. Dès le Jour 1, il avait voulu faire du scrutin un référendum sur le conflit étudiant.

«Quelque chose se produit»

Le premier ministre sortant s'est rendu dans sa circonscription de Sherbrooke pour la quatrième fois depuis le début de la campagne, la cinquième si l'on tient compte de son assemblée d'investiture, qui s'est déroulée la veille du déclenchement des élections.

Un sondage Segma-La Tribune paru la semaine dernière portait à croire que M. Charest devra trimer dur pour conserver son siège à l'Assemblée nationale. L'enquête le situait 12 points derrière le candidat péquiste Serge Cardin.

Mais le chef libéral jure qu'il n'a pas dit son dernier mot. Il souligne que le taux de participation au scrutin par anticipation a atteint un niveau record au Québec. Il était de 22% dans Sherbrooke, souligne-t-il.

«Je crois, à partir de ce que je vois, de ce que je sais, et de toute l'information que j'ai, que nous formerons un gouvernement majoritaire, a-t-il dit. (...) Portez attention, quelque chose se produit.»