La chef péquiste Pauline Marois a l'intention d'interdire l'exploitation de l'amiante si elle est élue. La commission parlementaire qu'elle a promise sur le sujet serait essentiellement « pédagogique » et servirait à trouver des moyens pour diversifier l'économie de la région d'Asbestos.

Pauline Marois a précisé sa position sur l'amiante mercredi. Elle se contentait jusqu'à maintenant de promettre une commission parlementaire avant de prendre une décision définitive sur le sujet. Elle disait tout au plus s'attendre à ce que les conclusions de l'exercice mènent à la fin de l'exploitation de l'amiante.

Mais sa décision est déjà prise au sujet de cette « industrie d'une autre époque ». « Avant de dire définitivement que cela est terminé, et c'est la voie qui semble se dégager actuellement, il y aura une dernière consultation avec les travailleurs, et on pourra faire valoir le fait qu'il est possible d'utiliser tous les talents qu'il y a dans cette région pour diversifier l'économie », a-t-elle affirmé.

Est-ce que des arguments présentés à cette commission pourraient lui faire changer d'idée ? « Ce sera difficile », a-t-elle répondu.

La commission parlementaire serait pour elle l'occasion de trouver des moyens pour diversifier l'économie de la région. « Les travailleurs voudraient continuer d'avoir un bon emploi, et nous allons voir avec comment ils pourraient avoir un bon emploi », a-t-elle expliqué.

« Ce n'est jamais pour la forme une commission parlementaire, mais toutes les tendances nous amènent là », à interdire l'amiante. La commission parlementaire permettrait de « dialoguer » avec les travailleurs et de les « convaincre » à accepter d'abandonner l'amiante, a-t-elle expliqué.

Elle a également été catégorique en entrevue éditoriale à La Presse mardi. La commission parlementaire serait essentiellement « pédagogique ». « On pourrait amener (les travailleurs) à mieux accepter cette décision», d'interdire l'amiante. « Avant de prendre la décision définitive de bannir l'amiante, son exploitation sous toutes ses formes, je veux avoir une dernière consultation », « un dernier échange, un dernier débat », a-t-elle ajouté.

Pauline Marois a fait savoir qu'elle n'entend pas donner un sou de fonds publics dans l'amiante. Un gouvernement péquiste annulerait le prêt de 58 millions de dollars que le gouvernement Charest a consenti à la mine Jeffrey d'Asbestos juste avant le déclenchement des élections. Et si le prêt est déjà signé, elle irait jusqu'à le « contester ». Elle n'a pas exclu le recours à une loi spéciale.



Elle voudrait que ces 58 millions servent plutôt à diversifier l'économie de la région.

« Pur opportunisme », raille Charest

Cette prise de position du PQ est survenue au moment où Jean Charest fait campagne en Estrie. Sa caravane doit justement s'arrêter à Asbestos, la ville où se troue la Mine Jeffrey, en après-midi.

Le chef libéral a une fois de plus défendu sa décision d'allonger un prêt de 58 millions pour relancer cette mine. Il fait valoir que ce projet créera 425 emplois dans une région qui en a bien besoin.

« Il va y avoir une demande croissante au cours des 25 prochaines années, a-t-il affirmé. Alors pourquoi s'acharner contre un projet et une région si ce n'est que d'essayer de la politique sur le dos d'une région. »

Le chef libéral n'a pas manqué de souligner que c'est le gouvernement de Bernard Landry qui a adopté la politique actuelle sur l'utilisation sécuritaire de l'amiante, en 2002.

« Aujourd'hui, ils changent d'histoire pour des raisons qui, à mon avis, relèvent de pur opportunisme », a-t-il dénoncé.

Lorsque le gouvernement libéral a annoncé un prêt de 58 millions, le 30 juin, le député péquiste Étienne-Alexis Boucher (Johnson) s'était réjoui du redémarrage pour les emplois générés à la mine.Mercredi, Jean Charest l'a mis au défi de se prononcer sur la nouvelle politique de sa chef.

« Au PQ, on ne peut pas parler des deux côtés de la bouche en même temps, a-t-il affirmé. Si M. Boucher veut défendre cette position, qu'il le dise et qu'il se retire comme candidat du PQ. »

-Avec Martin Croteau