Le Parti québécois a présenté son cadre financier hier. Notre journaliste a vérifié les faits.

Réduire la croissance des dépenses à 2,4% par année

Le Parti québécois (PQ) pense limiter la hausse des dépenses de programmes à 2,4% par année. C'est la pierre d'assise de son cadre financier puisque cette mesure permet de dégager 1,8 milliard d'économies au terme du mandat. Avec cet argent, le PQ pourra payer ses promesses électorales de 992 millions et le manque à gagner de 875 millions par année prévu par le dernier budget Bachand. À titre de comparaison, le gouvernement Charest a limité en moyenne à 2,4% la hausse des dépenses de programmes durant les trois dernières années (2010-2011 à 2012-2013). «Ce n'est pas impossible, mais c'est difficile à faire, dit Luc Godbout, professeur de fiscalité à l'Université de Sherbrooke. La santé représente la moitié des dépenses de programmes. Pour atteindre 2,4%, il faudra mettre le budget de la santé à contribution.» Le dernier budget Bachand prévoyait limiter la croissance des dépenses à 2,9% par année. En campagne, le Parti libéral (PLQ) a promis de limiter la hausse des dépenses à 2,65% par année.

Ne pas avoir répété les «surprises» de la CAQ et du PLQ

Critiqué pour avoir présenté son cadre financier une semaine après le Parti libéral et la Coalition avenir Québec (CAQ), le Parti québécois a le mérite de ne pas avoir inclus deux calculs discutables de ses adversaires. Dans son cadre financier, la CAQ a ajouté 1,2 milliard aux revenus gouvernementaux en 2016-2017, car elle pense que les revenus de l'État croîtront plus vite que l'économie (taux d'élasticité des revenus de 1,1 au lieu de 1,0). Le PQ et le PLQ se sont basés sur les revenus anticipés dans le dernier budget Bachand. Dans son cadre financier, le PLQ a financé 1,5 milliard de promesses électorales à terme, en considérant que le gouvernement s'était laissé cette somme de côté pour de nouvelles dépenses dans les budgets actuels. Or, la CAQ et le PQ ont financé leurs promesses électorales avec les chiffres du budget Bachand, sans invoquer cette somme de côté pour de nouvelles dépenses.

Transparence à améliorer

Comme les libéraux, le PQ a seulement chiffré à terme le coût de ses promesses électorales (seule la CAQ a détaillé son budget sur cinq ans). La présentation du cadre financier du PQ aurait pu être plus claire, selon Luc Godbout. «Toutes les hypothèses sont là et le cadre tient la route, mais il n'y a pas de tableau synthèse qui permet de voir que la réduction de la croissance des dépenses permet de financer les engagements financiers nets du PQ [992 millions] et le manque à gagner existant du gouvernement [875 millions]», dit le professeur de l'Université de Sherbrooke.