Pauline Marois s'est retrouvée sur la défensive, jeudi, au sujet de sa volte-face sur le référendum d'initiative populaire (RIP). Elle a invoqué la Constitution canadienne afin d'expliquer pourquoi, selon elle, un gouvernement péquiste ne serait pas obligé de tenir un référendum sur la souveraineté même si 15% des électeurs signent un registre en ce sens. Elle avait une position contraire auparavant.

La chef péquiste a causé une surprise mercredi soir, après son face à face avec François Legault, en disant qu'elle se réserverait un droit de veto sur la tenue d'un référendum d'initiative populaire portant sur la souveraineté. Elle disait exactement le contraire en février dernier, lorsqu'elle promettait de permettre ce type de référendum si elle est élue.

Selon la formule retenue par le Parti québécois plus tôt cette année, un référendum aurait lieu sur un sujet donné - par exemple la souveraineté - si 15% des électeurs (850 000 personnes) signent un registre en ce sens.

Lors d'une conférence de presse en février, Pauline Marois avait clairement dit qu'un RIP serait exécutoire, et qu'un gouvernement péquiste n'aurait pas un droit de veto. Un référendum sur la souveraineté devrait obligatoirement avoir lieu si 15% des électeurs en font la demande, expliquait-elle. «Le résultat oblige le gouvernement à poser un geste. Si le résultat, c'est de demander que se tienne un référendum sur la souveraineté, (...) à ce moment-là, ça engagera tout le processus normal que prévoit une consultation populaire», disait-elle. Un gouvernement péquiste aurait-il un droit de veto pour refuser de tenir le référendum? lui avait-on demandé. «Bien non», avait-elle répondu.

Jeudi, Pauline Marois a pourtant affirmé que Québec aurait «le dernier mot» sur la tenue d'un référendum. «J'ai dit très clairement que c'était au gouvernement et ultimement à l'Assemblée nationale de décider quand se tiendra un référendum portant sur l'avenir national du Québec», a-t-elle martelé. Selon elle, «ce serait même anticonstitutionnel qu'il en soit autrement». Elle a toutefois reconnu qu'une demande de référendum faite par 850 000 électeurs créerait une «certaine pression» sur le gouvernement. «C'est un électeur sur six. Ça forcera le gouvernement à faire une réflexion en profondeur», a-t-elle dit.

La chef péquiste a balayé une question lui demandant s'il y a un risque que les «caribous», les souverainistes plus pressés, «ruent dans les brancards». Selon elle, Bernard Drainville, qui a milité pour le RIP, est «du même avis» qu'elle sur la question. Elle a nié que ce soit pour rassurer les nationalistes modérés qu'elle a fait volte-face. «Je suis retourné aux engagements pris, et ça demeure un référendum consultatif», a-t-elle dit.

Rejetée à maintes reprises dans le passé - et par Pauline Marois elle-même en 2008 -, l'idée du référendum d'initiative populaire a refait surface dans le camp péquiste à la faveur de la crise qui a secoué le parti et menacé le leadership de la chef l'an dernier.

En août, Bernard Drainville a milité pour permettre aux citoyens de déclencher eux-mêmes un référendum sur la souveraineté par la signature d'un registre. Il prenait ainsi le contrepied de la stratégie référendaire de Pauline Marois. Pour garder le contrôle sur l'agenda référendaire, elle a toujours voulu qu'un référendum ait lieu seulement «au moment jugé approprié par le gouvernement».

Le PQ «n'a pas le monopole de la stratégie souverainiste», et le référendum d'initiative populaire «est la meilleure marche à suivre», affirmait M. Drainville. Le référendum d'initiative populaire «remet les Québécois au coeur du processus d'autodétermination nationale», selon lui.

Sa proposition a fait son chemin, tant et si bien que les péquistes l'ont adoptée au conseil national de février dernier. Pauline Marois avait accepté le verdict des militants, reconnaissant toutefois qu'elle avait toujours été «frileuse» au sujet du référendum d'initiative populaire. Notons qu'elle n'était pas dans la salle au moment du vote sur le sujet.

Pauline Marois a fait un passage dans Gouin, jeudi, pour faire des annonces sur la culture, des promesses de 88 millions de dollars. Elle n'a toujours pas dévoilé son cadre financier.