Sujet chaud de la campagne électorale, la hausse des tarifs d'hydroélectricité n'a pas été écartée des débats.

Annoncée par le Parti libéral du Québec dans son plan budgétaire en 2010, cette majoration du prix de l'électricité est prévue à partir de 2014. Le bloc patrimonial d'Hydro-Québec augmenterait en moyenne de 0,2 cent le kilowattheure chaque année, pour une hausse totale de 1 cent en 2018.

Fixé actuellement à 2,79 cents, le prix du kilowattheure atteindra 3,79 cents en 2018. La facture annuelle moyenne de chaque ménage du Québec grimpera alors de 377$.

Le premier ministre Jean Charest y voit une occasion de réduire le fardeau de la dette de 1,6 milliard par année dès 2018.

«La moitié de la hausse est payée par les entreprises et les commerces et l'autre moitié, par les citoyens, explique le ministre des Finances, Raymond Bachand. Les seuls qui sont exemptés, ce sont les industriels. Pour ces entreprises, l'électricité représente un poids très important du coût de fabrication de leur marchandise.»

Professeur à HEC Montréal et spécialiste des questions énergétiques, Pierre-Olivier Pineau a fait ses propres calculs. Il n'arrive pas à la même conclusion. «C'est une augmentation de 53$ par année par abonnement moyen résidentiel, soit 265$ en 2018. On obtient le chiffre de 377$ si on exclut les consommateurs commerciaux de l'équation, et que seulement les clients résidentiels absorbent l'augmentation. Cela n'est pas ce qui a été annoncé au départ.»

Redevances minières

Le Parti québécois, s'il est élu, soutient qu'il ne haussera pas les tarifs d'électricité, mais il se tournera du côté des redevances minières pour combler le déficit. «C'est mieux de demander aux entreprises minières de faire un effort supplémentaire que de siphonner encore les Québécois», soutient Nicolas Marceau, porte-parole en matière de finances et de développement économique.

Cette solution peut engendrer 388 millions de plus par année, selon une étude de la firme SECOR que La Presse a consultée.

Pierre-Olivier Pineau est plus pessimiste. Ce plan est risqué, selon lui, parce que la production minière est très imprévisible: «Les recettes fiscales seront plus incertaines. Nous serons plus dépendants de l'exploitation minière et devrons sans doute l'encourager plus encore que les libéraux ne le veulent.»

La Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault est pour la hausse des tarifs d'électricité. Le chef compte aussi procéder à un ménage draconien à Hydro-Québec. Au programme: diminuer ses dépenses de 600 millions en 5 ans, en abolissant 4000 postes.

La CAQ se fonde sur une étude réalisée en février 2009 par Claude Garcia, de l'Institut économique de Montréal. La Presse a pris connaissance du document, qui conclut que des économies de 1 milliard de dollars sont possibles.

«Hydro-Québec a 166 clients par employé alors que des sociétés comparables en ont 295», démontre Marc-André Amyot, attaché de presse.

Le professeur à HEC Montréal indique qu'une telle approche comporte des risques. Ces coupes, selon lui, pourraient compromettre la fiabilité du service.