François Legault pourrait déclencher un référendum sur l'indépendance s'il est élu, a avancé Jean Charest, mardi matin. Ces déclarations surviennent quelques heures après qu'un organisateur libéral de longue date eut largué le parti au profit de la Coalition avenir Québec (CAQ).

Un journaliste a demandé au chef libéral s'il pense que son rival caquiste pourrait déclencher un référendum sur la souveraineté.

«Il pourrait très bien changer d'idée, comme il est si peu fiable, a répondu M. Charest. Pendant 40 ans de sa vie, il a été le plus pressé des souverainistes - 40 ans de sa vie! Du jour au lendemain, il change.»

Au lendemain d'un débat orageux avec la péquiste Pauline Marois, le chef libéral a laissé entrevoir un duel endiablé avec son adversaire, ce soir. Il a multiplié des attaques contre M. Legault, qu'il accuse de «cacher» le fait qu'il est souverainiste. «Il dit "je vais voter non", mais est-ce qu'il est fédéraliste? Est-ce que vous avez entendu M. Legault dire: "Je suis fédéraliste"?»

Lorsqu'on lui fait remarquer que son ministre des Finances, Raymond Bachand, a lui aussi déjà été favorable à l'indépendance, le premier ministre soutient que c'est bien différent: «M. Bachand est fédéraliste. Il a cheminé, et il est fédéraliste. Est-ce que M. Legault est fédéraliste? Non. Est-ce que M. Legault est souverainiste? Oui.»

Un organisateur déserte

Quelques heures plus tôt, Le Soleil a révélé qu'un organisateur de longue date du PLQ dans la capitale, Jean-Paul Boily, exhorte maintenant les sympathisants libéraux à voter pour la CAQ. Il se dit persuadé que la formation, dans laquelle il milite depuis 30 ans, mordra la poussière le 4 septembre.

Il souhaite que ses partisans votent «stratégiquement» pour la CAQ afin de bloquer l'élection du Parti québécois.

«Je ne veux pas commenter M. Boily, a affirmé Jean Charest, mardi matin. M. Boily a sa personnalité.»

Vote stratégique

Le chef libéral a lancé la semaine dernière un appel au vote stratégique et affirmé qu'«un vote pour la CAQ est un vote pour le PQ». Cet appel est survenu au moment où des sondages laissent entrevoir une percée du parti de François Legault. Le PLQ se retrouve troisième dans les intentions de vote chez les francophones, qui décident du résultat dans la majorité des circonscriptions.

Quelques heures avant un débat qui s'annonce crucial s'il veut inverser cette tendance, M. Charest a dit souhaiter des échanges «paisibles» avec M. Legault. Il a néanmoins repris les attaques que son parti avait lancées contre lui la semaine dernière dans une publicité négative en l'accusant de n'être «pas fiable».

«Je lui demande juste d'avoir la même idée pendant deux jours consécutifs, a-t-il dit. Ce serait déjà mieux que ce qu'il nous a offert pendant les deux dernières semaines.»

M. Charest a arrêté sa caravane dans le quartier Saint-Henri, à quelques rues des locaux de la CAQ.

Aide aux aînés

Le chef libéral a promis deux mesures visant à favoriser le maintien à domicile des personnes âgées. Il s'engage d'abord à doubler le crédit d'impôt remboursable auquel ont droit les proches aidants, c'est-à-dire les travailleurs qui s'occupent de leurs parents. Cette déduction, actuellement de 1100$, passerait à 2100$.

Un gouvernement libéral créerait aussi un programme qui permettrait aux familles qui souhaitent acquérir une maison intergénérationnelle de bénéficier d'un prêt sans intérêt de 10 000$. Le prêt s'appliquerait aussi à ceux qui achètent une maison pour la convertir à cette fin. La somme serait remboursable graduellement après 10 ans.

Charest panique, dit Deltell

En point de presse, l'attaque a semblé décourager Gérard Deltell: «Je trouve dommage que M. Charest prenne encore le même vieux disque qui fait que, depuis 40 ans au Québec, ça tourne en rond. M. Legault a été très clair. S'il y a avait un référendum demain, il voterait Non», a-t-il expliqué.

M. Charest « fait sa carrière depuis 28 ans » sur ce dossier, soutient-il. «Nous, on ne fera pas de référendum. La coalition est née du désir de mettre de côté ce dossier-là», a-t-il rappelé.

L'attaque de Jean Charest trahit sa panique, estime-t-il. «On comprend que les libéraux sont en panique comme c'est pas possible. C'est clair que, encore une fois, ils ressortent de vieux épouvantails pour partir une foire», a-t-il lancé.

«L'ADN pur de la Coalition, c'est de mettre de côté la chicane constitutionnelle», a-t-il insisté.

M. Deltell s'est déjà qualifié de «vieux bleu» (conservateur). Il avait voté Non en 1995 .