Le Québec devrait se doter d'une stratégie industrielle misant sur les transports électriques, les énergies renouvelables et l'amélioration de l'efficacité énergétique des bâtiments afin de réduire progressivement sa dépendance au pétrole et d'en tirer le maximum de profits sur le plan économique.

Dans une plateforme de revendications rendue publique hier, huit groupes environnementalistes parmi les plus connus au Québec demandent au prochain gouvernement de convoquer un sommet sur «l'économie verte» dans les 100 jours suivant son élection.

Les écologistes recommandent, sans surprise, un moratoire «réel» sur les gaz de schiste, la protection de 50% des écosystèmes sur le territoire visés par le Plan Nord avant d'y intensifier les activités industrielles, une hausse importante des budgets alloués aux transports en commun et l'arrêt de l'exploration pétrolière à Anticosti, en Gaspésie et dans le golfe du Saint-Laurent.

Ils recommandent aussi de «sortir le Québec du nucléaire» en fermant définitivement la centrale Gentilly II à la fin de 2012 et en décrétant un moratoire sur les mines d'uranium.

Les écologistes recommandent aussi de «réaffecter les 3 milliards prévus pour la réfection de la centrale à un programme de rénovation résidentielle, institutionnelle et commerciale», afin d'améliorer le rendement énergétique des bâtiments.

«Nous sommes à la croisée des chemins, tant sur le plan de l'exploitation des ressources naturelles que de notre modèle de développement économique, a affirmé Steven Guilbault, d'Équiterre. On ne peut pas faire une chose et son contraire. On ne peut pas continuer à faire tout ce qu'on veut en disant que si c'est durable, c'est correct.»

Filières vertes

Le développement durable, a-t-il ajouté, impique des choix. «Cela peut vouloir dire, par exemple, que même s'il y a peut-être du pétrole à Anticosti ou en Gaspésie, on choisit de ne pas y aller pour aller dans une autre direction», en privilégiant les filières vertes, qui ont plus de retombées économiques au Québec.

Les porte-parole des huit groupes écologistes, dont Greenpeace, Équiterre, Vivre en ville et Nature Québec, affirment avoir été «sidérés» de voir que les questions environnementales ne seront pas abordées dans les débats des chefs des principaux partis politiques, quis eront diffusés à compter de dimanche.

Ils ont refusé de commenter le bilan du gouvernement sortant ou les programmes des partis. «On est ici pour appeler les Québécois à se rendre aux urnes et à voter pour la planète», dit Nicolas Mainville, de Greenpeace, qui souhaite que cette plateforme écologiste «inspire les gens à poser des questions à leurs candidats sur ces enjeux».

L'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique, WWF Québec, le Regroupement des conseils régionaux de l'environnement et la Fondation David Suzuki sont aussi signataires du document, axé principalement sur l'utilisation des ressources naturelles et la dépendance énergétique au pétrole.

Ce que veulent les verts

Forêts

> Hausser la superficie totale des forêts commerciales protégées de 5% à 17%; 

> Assurer la protection de 50% des écosystèmes du territoire visé par le Plan Nord; 

> Investir massivement dans la deuxième et la troisième transformation. 

Mines

> Fermer la centrale nucléaire Gentilly II;

> Déclarer un moratoire sur les mines d'uranium au Québec; 

> Bonifier les redevances minières;

> Réformer la Loi sur les mines pour protéger les droits des citoyens et l'environnement. 

Pétrole et gaz de schiste

> Racheter tous les permis alloués et déclarer un moratoire sur le gaz et le pétrole de schiste; 

> Ne pas permettre l'exploration et l'exploitation du gaz et du pétrole d'Anticosti, du golfe du Saint-Laurent et de la Gaspésie sans l'accord des populations. 

Transports

> Hausser de 18% à 30% la part des transports en commun dans les dépenses annuelles du transport routier; 

> Multiplier par cinq les versements au Fonds vert pour les services de transports en commun; 

> Fixer des cibles ambitieuses d'électrification des transports individuels et collectifs.

Économie verte

> Convoquer dans les 100 jours suivant l'élection un sommet sur l'économie verte pour lancer un grand chantier sur les énergies renouvelables, l'efficacité énergétique et le transport durable.